Patrick Collard, ancien cavalier, éleveur et juge de dressage, s’est éteint

Patrick Collard est décédé mardi à l’âge de quatre-vingts ans. Ancien cavalier, éleveur et juge de dressage, il laisse un souvenir indélébile à des générations de femmes et hommes de cheval qui a ont croisé sa route et son regard. Alban Tissot, Alain Francqueville et Hubert Perring lui rendent de précieux et sincères hommages.



“Homme passionné et passionnant”, selon son ami Alban Tissot, juge et cavalier, le Dr Patrick Collard s’est éteint ce 1eroctobre à quatre-vingts ans. Infatigable, il avait mené toute sa vie sa carrière de vétérinaire rural sans jamais s’accorder de vacances, sauf lorsqu’il partait juger des épreuves de dressage. Il y avait atteint le niveau international 4* et officiait en CDI, mais il était aussi très concerné par le jugement des foals et les concours Jeunes Chevaux. D’ailleurs, il avait officié plusieurs fois aux championnats du monde des jeunes chevaux. Cette passion se conjuguait avec celle de l’élevage, qu’il assouvissait sous l’affixe Rocio, tant en jumping qu’en dressage, ayant notamment produit les Selle Français Quevedo Rocio (ISO 140, Wolkenstein II x Le Fokker du Lac, AAC) et Haendel Rocio (IDR 154, Anduc, Trak x Flirt I). Tout cela l’avait amené à être reconnu et très demandé Outre-Rhin. Très fidèle à sa famille, il était resté toute sa vie avec ses parents, et notamment auprès d’une maman aussi active que lui.  

Personnage truculent, Patrick Collard a marqué les esprits de tous ceux qu’il a rencontrés. Alban Tissot, qui le connaissait depuis plus de trente ans, se souvient de lui comme d’un “passionné de tout, d’arts au sens large du terme, puisqu’il s’intéressait vivement à la musique, à la littérature, à la peinture et à la nature. C’était un travailleur insatiable qui se contentait facilement de quatre heures de sommeil par nuit. Passionné de dressage, mais aussi de chevaux en général, il était un éternel curieux, et maîtrisait sept langues – dont le russe – pour pouvoir communiquer plus facilement. En dépit d’un caractère pouvant parfois paraître rugueux et d’un physique colossal (il mesurait plus d’1,95m, ndlr), il témoignait d’une grande sensibilité et se distinguait par un ensemble de connaissances paraissant sans limites. Sa finesse dans l’analyse de la locomotion des chevaux faisait de lui un expert rare qui s’est progressivement effacé, dans la discrétion, du paysage du jugement voilà dix ans, lorsque que l’heure de la retraite internationale avait sonné.”



“Il aimait voir des chevaux dans l’impulsion et présentés dans une belle équitation”, Hubert Perring

Autre illustre juge international, Alain Francqueville dépeint un Patrick Collard “très respecté, qui a aussi participé activement aux jurys du Grand National et des championnats de France. C’était un homme très droit, n’hésitant pas à se faire entendre, ce que tout le monde savait! Lui-même avait monté jusqu’au niveau Saint-Georges et pouvait donc parler de sensations! En élevage, il avait une vision novatrice qui l’a opposé à l’administration des Haras nationaux quant aux apports de sang étranger, notamment allemand et néerlandais. Véritable précurseur, il a été l’un des premiers à soutenir l’arrivée de l’élevage ibérique en dressage. En France, à une période où cela paraissait inconcevable, il a d’ailleurs été l’un des premiers à comprendre qu’il fallait adopter une sélection particulière et avait orienté sa propre production en ce sens. Plus généralement, il fut un pilier des compétitions Jeunes Chevaux. Très direct, très honnête, Patrick était apprécié de tous pour sa pertinence et sa compétence”.       

Cavalier ayant concouru jusqu’au plus haut niveau, Hubert Perring se rappelle un juge emblématique: “Il avait des idées bien affirmées, qu’il défendait bien, aimant voir des chevaux dans l’impulsion et présentés dans une belle équitation. Lorsqu’il notait, il osait élargir sa palette, n’hésitant pas à attribuer un 8, voire un 9, mais aussi un 2. Pour autant, il s’efforçait de toujours rester positif et de contribuer à la progression. Dans le privé, chez lui, c’était un homme très différent. Il aimait partager son goût pour la musique et montrait alors sa grande sensibilité. Chez lui, il y avait son élevage, très axée alors – ce qui faisait de lui un précurseur – sur le sang allemand, puis sur le sang ibérique. C’était un personnage sympathique, atypique, qui aimait se cultiver une certaine image, sans jamais se départir d’une grande gentillesse.”

Le Dr Patrick Collard sera inhumé ce vendredi 4 octobre à 14h30 en l’église de Montigny-le-Roi, en Haute-Marne.

GRANDPRIX présente toutes ses condoléances à sa famille et à ses proches.



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