La FEI tente de convaincre les acteurs du dressage de se reconnecter “aux fondamentaux de la discipline”

Le 1er octobre, la Fédération équestre internationale (FEI) a réuni les parties prenantes du dressage à Lausanne, dans le but de répondre aux défis actuellement rencontrés par la discipline. Cible de nombreuses critiques portant, pour beaucoup, sur le bien-être des chevaux présentés en compétition, celle-ci n’a pas non plus été épargnée par les scandales durant la dernière année écoulée. Selon les mots de l’instance dirigeante du sport, la réunion de la semaine dernière a permis d’établir “une vision unie pour le futur du dressage”. Désormais, il appartient à tous ses acteurs de lui donner vie.



La Fédération équestre internationale (FEI) a réuni les parties prenantes du dressage le mardi 1er octobre en son siège, à Lausanne. L’objectif annoncé de ce meeting était de “lancer des discussions approfondies pour répondre aux défis qui affectent actuellement la discipline”. En effet, le dressage est la cible, depuis des mois, voire des années, de nombreuses et fortes critiques, notamment concernant des méthodes d’entraînement qui porteraient atteinte au bien-être des chevaux. Les défenseurs du bien-être animal pointent aussi du doigt un manque de réactivité de la FEI et de ses officiels pour faire appliquer certains points du règlement international. Par ailleurs, le dressage n’a pas été épargné par les scandales ces derniers mois, puisque les cavaliers olympiques Andreas Helgstrand, Cesar Parra, Charlotte Dujardin – concernant cette dernière, la décision a été prise à sa demande – et Carina Cassøe Krüth ont, tour à tour, été suspendus pour avoir usé de méthodes attentatoires au bien-être des chevaux.

“Si nombre de membres de notre communauté ont conscience de l’urgence de la situation, il est possible que certains n’aient pas encore complètement saisi que les sports équestres se trouvent à un moment critique de leur histoire”, avait fait savoir Ingmar de Vos, le président de la FEI, dans un communiqué publié le 26 août. “Notre objectif ultime est de faire en sorte que le dressage soit une discipline où l’accent est toujours mis sur le confort du cheval”, avait-il également posé. C’est donc dans ce contexte que se sont réunis des représentants du Club des cavaliers internationaux de dressage (IDRC), mais aussi des Clubs des entraîneurs et des officiels ainsi que de l’association des organisateurs de concours internationaux de dressage. Le président de la Fédération équestre européenne (EEF), celui de la Confédération équestre panaméricaine (PAEC), le premier vice-président de la FEI, sa secrétaire générale, son steward de dressage en chef, ou encore des membres des comités de dressage et para-dressage, du comité vétérinaire et de celui des athlètes ont également pris part aux discussions.



Le dressage “s’est éloigné de son idéal traditionnel”, Sabrina Ibáñez

Selon Raphaël Saleh, président du jury olympique à Versailles cet été et présent à Lausanne, “les acteurs présents se sont accordés quant à l’excellence des Jeux olympiques.” D’ailleurs, Sabrina Ibáñez, secrétaire générale de la FEI, n’a pas manqué de souligner que “les Jeux olympiques et paralympiques de Paris avaient montré le meilleur de ce que notre sport peut offrir en compétition”, selon les termes repris dans le communiqué de l’instance, mais a toutefois ajouté que cet événement planétaire “avait mis en lumière des défis qui nous poussent à réfléchir et réexaminer [nos pratiques] en période post-olympique. [...] Pour beaucoup, la vision de ce que doit incarner le dressage semble aller de soi, mais comme nous l’avons vu durant cette réunion, au fil des années, la discipline s’est éloignée de son idéal traditionnel. Un réalignement avec les principes fondamentaux du dressage est donc requis.”

Cette remise en question, que certains acteurs de la filière et détracteurs de la discipline appellent de leurs vœux depuis longtemps déjà, semble être une priorité pour la FEI, qui a accordé une place importante à la redéfinition des principes fondamentaux du dressage dans son communiqué de synthèse de ces échanges. “Le but du dressage est qu’à travers une éducation équilibrée et systématique, les chevaux soient entraînés, lorsqu’ils sont montés, à se montrer calmes, souples, flexibles, confiants et réactifs, à rechercher une connexion profonde et positive avec leur cavalier”, peut-on y lire. “Le groupe (présent à Lausanne, ndlr) a convenu que ces principes devraient être intégrés aux règles de la FEI et appliqués aussi bien à l’entraînement qu’en compétition. [...] Un aspect crucial est que le dressage soit pratiqué sans tension ni résistance, assurant une harmonie entre le cheval et le cavalier.” Par ailleurs, “les participants (à la réunion lausannoise, ndlr) ont reconnu l’influence de l’élevage dans l’évolution du sport, et ils ont aussi réfléchi à la relation entre jugement, entraînement et manière de monter. Ils ont également mis en avant l’importance de prendre en compte le sport dans sa globalité en faisant intervenir des principes issus des sciences comportementales et des cinq domaines du bien-être animal (un modèle qui permet d’évaluer ce dernier, ndlr), avec l’objectif de se concentrer sur le bien-être physique et mental du cheval.”



“L’importance de la responsabilité collective et de la collaboration”

Afin d’atteindre les objectifs énoncés, “l’une des propositions-clés est la mise en place d’un enregistrement obligatoire pour les entraîneurs et d’une potentielle certification visant à garantir une standardisation au sein de la discipline et le fait que chacun puisse être tenu pour responsable de ses actes. Le groupe s’est aussi engagé à définir quelles méthodes d’entraînement étaient éthiques, en mettant l’accent sur une amélioration de la transparence et la valorisation des bonnes pratiques. Les participants ont également identifié le besoin d’un plan de communication plus complet, dans le but de mieux informer et impliquer le grand public ainsi que les parties prenantes. Celles-ci ont exprimé leur soutien à une approche réfléchie de la révision du règlement, favorisant une évaluation globale et stratégique (des changements nécessaires, ndlr) basée sur les recherches [scientifiques] actuellement disponibles. Les participants soutiennent aussi le programme de la FEI en faveur du bien-être équin. Par ailleurs, les discussions ont mis en évidence l’importance de la responsabilité collective et de la collaboration au sein de la communauté du dressage. Les personnes présentes ont salué l’opportunité de mettre en place un dialogue continu et régulier. Elles ont aussi exprimé leur volonté de participer à des groupes de travail concernant les sujets-clés qui touchent le dressage.” “C’était une réunion intéressante et enrichissante”, a considéré Raphaël Saleh. “Je trouve vraiment bien que tous les acteurs du sport travaillent ensemble, et il y a beaucoup de positif à retirer de ce meeting.”



“Restaurer la confiance du public en ce sport”, Ronan Murphy

“L’établissement d’une vision unie est le premier pas essentiel pour atteindre un objectif commun”, a quant à lui déclaré Ronan Murphy, le directeur du dressage à la FEI, dans le communiqué de cette dernière. “Maintenant que ces bases sont posées, nous pouvons nous atteler à restaurer la confiance du public en ce sport. Notre but est d’être alignés et d’avancer dans la même direction. Nous avons clairement défini ce que nous voulons voir dans notre discipline (sans toutefois que cela n’ait, justement, été encore expliqué de manière plus approfondie que dans les quelques lignes traduites ci-avant, ndlr), et la prochaine étape consiste, pour toutes les parties prenantes, à évaluer comment nous pouvons adapter nos pratiques et nos approches pour nous assurer que les standards établis soient respectés. Cet effort n’est pas de la responsabilité d’un seul groupe, c’est une mission collective pour la communauté du dressage dans sa globalité. Nous avons hâte de nous engager dans la voie que nous avons définie avec l’ensemble de la communauté des sports équestres, particulièrement avec les fédérations nationales.”

La FEI donne désormais rendez-vous lors de son Assemblée générale, et particulièrement lors de la session consacrée à la stratégie de l’instance au sujet du bien-être équin, qui aura lieu le 12 novembre, pour la suite des réflexions concernant le futur du dressage. Elle annonce également des opportunités de discussion lors de son Forum des sports d’avril.