Michael Pender et HHS Calais réussissent un beau coup de force à Barcelone
Michael Pender est sorti vainqueur du Grand Prix du CSIO 5* de Barcelone, ce soir en Espagne. Juché sur HHS Calais, l’Irlandais, dernier à repartir en seconde manche, a devancé d’un peu plus de trois quarts de seconde le Suédois Rolf-Göran Bengtsson et l’Espagnol Armando Trapote, deux et troisième avec Zuccero HV et Tornado VS. À défaut de podium, la France a réussi un bon tir groupé, Olivier Perreau, Kevin Staut, Olivier Robert et Julien Épaillard terminant neuf, dix, douze et treizième avec Dorai d’Aiguilly*GL events, Dialou Blue PS, Iglesias DV et Donatello d’Auge.
Après Valkenswaard et Riyad, où ils s’étaient imposés en 2022, dans le cadre du Longines Global Champions Tour, Michael Pender et HHS Calais ont ajouté ce soir Barcelone à leur collection de Grands Prix gagnés au niveau 5*. Contrairement aux deux premières, la compétition individuelle à 1,60m qui s’est disputée sur le grand rectangle ensablé du Real Club de Polo, théâtre des épreuves équestres des Jeux olympiques de 1992, était le Grand Prix du CSIO 5* ou Officiel d’Espagne. Au-delà de leur caractère honorifique, et de sommes d’argent plus ou moins généreuses (de 54.582 euros avant taxes et impôts cet été pour le Britannique Donald Whitaker et Millfield Colette à Hickstead, jusqu’à 665.603 euros environ pour le Suisse Martin Fuchs et Leone Jei à Calgary), ces victoires offrent aux couples vainqueurs une autre récompense tout à fait intéressante: un droit d’entrée, qui ne peut être honoré qu’en couple, pour tous les Grands Prix de CSIO, au même titre que les médaillés des grands championnats individuels Seniors, Jeux panaméricains compris, et le duo vainqueur de la finale de la Coupe du monde Longines. À ce jeu, Martin Fuchs est de loin le mieux loti, ayant remporté au moins un Grand Prix de ce type avec ses trois chevaux de tête: Ocala et Spruce Meadows avec Leone Jei, Dublin avec Conner Jei, et Saint-Gall sur Commissar Pezi. En résumé, au mérite de sa superbe cavalcade catalane, Michael Pender pourra gérer ses efforts sans crainte d’être écarté de la course au Grand Prix de tous les CSIO auxquels il participera, pourvu qu’il soit sélectionné par la Fédération irlandaise et qu’il y engage HHS Calais.
Une ambiance bien fraîche…
À cet égard et à bien d’autres encore, l’Officiel d’Espagne est tout sauf un événement au rabais. Pour autant, ce n’est ni véritablement un rendez-vous populaire à l’échelle locale, bien que ses places en tribunes soient proposées à des prix raisonnables, ni une date cochée dans le calendrier des plus fervents passionnés, qui se disputent ardemment les tickets mis en vente ou offerts pour vivre au plus près les épreuves reines des CSIO 5* de La Baule, Rome, Aix-la-Chapelle ou Dublin, par exemple. Quand il fait beau et quand les gradins, de capacité modeste, sont remplis, ce qui devrait être le cas dimanche après-midi pour la finale de la Ligue des nations Longines, dont les deux manches s’enchaîneront à 14h et 17h, l’air ambiant, plutôt léger et festif, le parfum de fin de saison extérieure ainsi que la qualité exceptionnelle des infrastructures du RCPB comblent amplement le déficit de ferveur de ce CSIO 5* historique. Ce soir, il faisait froid – pour la saison à Barcelone – et très humide, ce qui a comme figé le public, pas assez nombreux par ailleurs. Alors que défilaient devant les tribunes et les vastes espaces réceptifs une bonne partie des meilleurs cavaliers du monde, montant bien, et des meilleurs chevaux de la planète, sautant bien, la mayonnaise n’a pas pris. Il faut dire que la sonorisation n’était pas au niveau, et que la musique a fait défaut, ne serait-ce que pour mieux ponctuer les sans-faute. Ayant péché lors d’un premier acte globalement affaibli par une mise en scène plate, les speakers ont repris leur bâton de pèlerin au second acte, ce qui a réveillé les “emmitouflés tribunés” comme les endimanchés attablés. La grande tribune permanente a fait l’objet d’un chantier de rénovation ambitieux en termes fonctionnels et du plus bel effet architectural. Tant mieux. Maintenant, il faut peut-être retravailler la mise en son et en lumière du sport…
Les Français jouent placé
Sportivement parlant, ce Grand Prix en deux manches, couru aux couleurs de la ville de Barcelone, cité-monde à nulle autre pareille, a suivi un scénario classique, mais fort intéressant. L’indémodable Santiago Varela Ullastres a atteint à une unité près son objectif d’obtenir douze sans-faute. La seconde manche a donc opposé onze paires au score vierge à un couple à quatre points, formé par Kevin Staut et Dialou Blue PS, très rapides mais piégés sur la palanque du vertical 8b, placé à la sortie du double. À noter que Julien Épaillard et Donatello d’Auge, dont l’excellent parcours a été entaché par une franche faute sur le 11a ouvrant le triple vertical-vertical-oxer, ont fini treizième. Il sera toujours frustrant pour un cavalier comme le champion normand de repartir sans rien d’une telle épreuve, mais force est de constater que les deux athlètes ont fait montre d’un état de forme au beau fixe à deux petits jours du grand raout par équipes. Quant à Simon Delestre et Dexter Fontenis, ils ont concédé deux fautes sur les 8b et 11c.
En seconde manche, sur un parcours long et difficile, à boucler à bon train sous peine d’être pénalisé de points de temps, Kevin Staut a concédé quatre points de plus avec Dialou Blue, partenaire de ses championnats d’Europe manqués l’an passé à Milan, qui a très bien sauté les deux manches malgré une seconde faute sur le vertical 10, qui était constitué de barres de Spa en première manche. Dans la foulée, le Néerlandais Maikel van der Vleuten a signé le premier double sans-faute du soir avec O’Bailey van het Brouwershof, finalement septième derrière le Britannique Tim Gredley, qui est allé plus vite que lui aussitôt après sur Médoc de Toxandria. Un point de temps et une huitième place éclatante pour l’Espagnol Manuel Fernández Saro et Ezilis du Mesnil (Qlassic Bois Margot x Tinka’s Boy), un hongre Selle Français de dix ans qui a amplement réussi sa première expérience dans cette épreuve aussi exigeante.
Son tour venu, Armando Trapote a pris les commandes de ce Grand Prix en effaçant le temps de référence de quatre secondes sur son fidèle et si bien nommé Tornado VS. Impressionnante, cette performance n’a offert au couple “que” la troisième place. Très souvent branchés sur le courant alternatif depuis le début de leur collaboration, Peder Fredricson et l’étalon Selle Français Alcapone des Carmille (Diamant de Semilly x Heartbreaker) ont péché sur l’oxer du triple réduit en double, puis sur l’oxer sur bidet 5, qu’il fallait sauter en sens inverse de la première manche, se classant onzièmes. Le vertical d’entrée du double est tombé au passage d’Olivier Perreau et Dorai d’Aiguilly*GL events, seulement neuvièmes en ayant signé le meilleur chronomètre de cette seconde manche. Cela n’a pas souri à Barcelone, mais ce couple-là a tous les atouts en main pour gagner de beaux Grands Prix. Fort bien entamé, le second tour d’Olivier Robert et Iglesias DV s’est terminé en eau de boudin. Après une franche faute sur le 10, l’étalon de onze ans a poursuivi sa route, mais il a fini par exprimer un sentiment pas simple à qualifier, et à se montrer rétif, d’où un score de vingt-neuf points pour le Bordelais, douzième.
Henrik von Eckermann se rassure avec King Edward, Rolf-Göran Bengtsson régale Barcelone avec Zuccero
Dans le money-time, il ne restait plus que des médaillés. Henrik von Eckermann (HVE) et King Edward Ress, dont on n’énonce plus tout le palmarès tant il est vaste, n’ont commis aucune faute, mais ont fini à cinq centièmes de seconde d’Armando Trapote et Tornado, et à la quatrième place. L’indétrônable numéro un mondial cherchait peut-être, plus que la victoire, à regagner la confiance de son crack après la spectaculaire séparation de corps survenue en finale individuelles des Jeux olympiques, le 6 août à Versailles. À sa suite, Stephan de Freitas Barcha a réussi un double sans-faute très propre, mais pas assez rapide avec sa délicate Chevaux Primavera Imperio Egipcio, médaillée d’or individuelle des Jeux panaméricains de Santiago du Chili fin 2023. Rolf-Göran Bengtsson a fait bien mieux sur Zuccero HV, son partenaire aux JO de Paris sacré champion d’Europe par équipes à Milan. Si bien que le métronome et centaure suédois a coupé la ligne d’arrivée dans un temps quatorze centièmes plus rapide que le couple alors en tête. Dernier rappelé, au mérite de son super chrono au premier acte, Michael Pender a alors parfaitement géré les efforts de HHS Calais et trouvé les bons contrats de foulées en début de tour. Il n’a rien lâché jusqu’au franchissement de la ligne d’arrivée, et les lauriers lui sont revenus.
Ce samedi, les cavaliers du CSIO 5* ont quartier libre une grande partie de la journée, puisque la seule épreuve au menu de la journée sera la Coupe de la Reine, prévue de nouveau à 21h. Espérons que l’ambiance reprendra des couleurs et montera en puissance en vue de la finale de la Ligue des nations Longines.
Les résultats
Le plan des parcours
Revivez la seconde manche gagnante de Michael Pender et HHS Calais