Les chiffres à retenir de la première édition de la Ligue des nations et de sa finale de Barcelone
Le CSIO 5* de Barcelone s’est achevé sur le triomphe de l’Allemagne en finale de l’édition inaugurale de la Ligue des nations Longines (LNL) de saut d’obstacles, dimanche soir en Espagne. Voici quelques chiffres permettant d’analyser les performances et de mesure l’impact de ce grand rendez-vous sportif relifté cette année. Ce fut aussi le dernier de la saison extérieure concernant l’élite européenne du jumping.
2,0252 millions. Telle était, en euros, le montant global de la dotation du CSIO 5* de Barcelone, événement de saut d’obstacles majeur de la fin de la saison extérieure, qui s’est déroulé de jeudi à dimanche dernier en Espagne. C’est environ un tiers de moins que ce qu’offrent les CSIO 5* d’Aix-la-Chapelle (3,12275 millions) et de Calgary (3 millions environ, selon le taux de change en vigueur entre le dollar et l’euro). Le CSIO 5* d’Espagne est donc le troisième plus généreusement doté au monde.
1,6 million. Telle était, en euros, la dotation de l’épreuve majeure du concours, la finale de la Ligue des nations (LNL). Dans le détail, les neuf équipes au départ se sont partagé 1,4 million, tandis que 200.000 étaient alloués aux couples crédités d’un double sans-faute. De fait, cette finale est l’épreuve par équipes la mieux dotée au monde, devant la Coupe des nations d’Aix-la-Chapelle (1 million), et les étapes qualificatives de la LNL, organisées cette année à Abou Dabi, Ocala et Rotterdam, dotées chacune de 700.000 euros. Si Global Champions se vante de distribuer pas moins de 10 millions d’euros aux écuries privées finalistes de sa Ligue, à l’occasion de sa Super Coupe, programmée en novembre dans le cadre du CSI 5* de Riyad, il convient de rappeler que chaque écurie doit débourser l’équivalent de 2,5 millions par an pour pouvoir disputer cette série et que la répartition des “gains” entre les propriétaires de franchises d’un côté et les cavaliers et propriétaires de chevaux de l’autre, est organisée dans la plus grande opacité, ce qui ne permet aucune comparaison. Les épreuves d’Ocala, Rotterdam, Aix-la-Chapelle et Barcelone ont opposé bon nombre des meilleurs chevaux et cavaliers du monde, ce qui constitue un bon indice de leur attractivité, y compris financière…
490.000. Telle est, en euros, la somme que se sont partagé les quatre couples allemands vainqueurs de la finale de la LNL: André Thieme et DSP Chakaria, sacrés champions d’Europe en 2021 à Riesenbeck, Christian Kukuk et Checker 47, couronnés champions olympique il y a deux mois à Versailles, Richard Vogel et United Touch S, vainqueurs du Gand Prix Rolex du CSI 5* de Genève l’an passé et d’un Grand Prix 5* moins relevé en février à Wellington, ainsi que Jana Wargers et Dorette, lauréates des Coupes des nations de Rome et Calgary. C’est 73.000 de plus que la somme distribuée l’an passé à Barcelone à l’équipe victorieuse de la dernière finale mondiale de l’ancienne série FEI des Coupes des nations: l’Allemagne.
Un grand événement sur le plan sportif, mais...
40.000. Tel est le nombre de spectateurs revendiqué par les organisateurs du CSIO 5* de Barcelone dans un communiqué publié hier. Cela semble beaucoup. Il y avait du monde samedi et dimanche sur le site, mais essentiellement sur le grand terrain de polo du Real Club, transformé en un vaste espace commercial, gastronomique et festif. En revanche, la journée de vendredi fut des plus calmes malgré la programmation d’un beau et très relevé Grand Prix à 21h, un horaire adapté au mode de vie méditerranéen, même s’il faisait froid et humide. D’une manière générale, autour de la piste, les espaces de réception sont devenus démesurés. Désormais, ils occupent toute la grande tribune permanente, rénovée avec goût ces deux dernières années er élargie au détriment de l’ancienne main courante, ainsi que la moitié de la tribune en dur séparant la piste olympique des Jeux de Barcelone 1992 de son paddock, l’autre moitié étant dédiée aux cavaliers, propriétaires et autres accrédités. En comparaison, les tribunes temporaires édifiées pour accueillir le public avaient bien l’air riquiqui. La place manque sur l’autre longueur de la piste, bordée par d’anciennes écuries et des terrains de paddle-tennis, et la dernière largeur n’offre pas des possibilités gigantesques. Pour autant, les organisateurs vont devoir continuer à plancher pour faire de leur CSIO un rendez-vous de premier ordre à la fois sportif et populaire.
190. Les organisateurs ont également annoncé avoir accueilli cent quatre-vingt-dix journalistes, ce qui inclut les photographes, vidéastes, techniciens et assistants de production audiovisuelle. Ce fut probablement un record dans l’histoire du concours, qui bénéficie toujours d’une belle couverture médiatique. Sa programmation en fin de saison, dans une ville ô combien séduisante, et l’attrait de la nouvelle Ligue des nations ne sont sans doute pas étrangers à ce succès.
112. Le CSIO de Barcelone a fêté sa cent douzième édition en 2024, ce qui en fait l’un des quelques plus vieux concours hippiques au monde.
Quand Santiago Varela sévit, ça fait mal!
62. Telle est, en pourcentage, la proportion de fautes concédées sur les trois obstacles rehaussés par Santiago Varela Ullastres entre les deux manches, soit les deux verticaux du double placé en 7, et celui, très étroit, placé en 11. Dans le détail, en vingt-sept parcours, onze fautes ont été commises sur le 7b (soit presque 41% de couples fautifs sur ce seul élément), ainsi que sept sur le 7a et cinq sur le 11. Déjà fautif au premier acte (lire ci-dessous), le vertical 9 est encore tombé sept fois.
31. Telle est, en pourcentage, la proportion de couples (11/36) ayant fauté sur la délicate palanque du vertical 9 de la finale, placé en bout de ligne, en première manche de la finale. Ce seul obstacle, juge de paix, a causé un tiers (11/33) du total des fautes commises dans cette manche.
13. Tel est le nombre de CSIO 5* qui ont eu lieu en 2024: Abou Dabi, Ocala, Rome, Saint-Gall, La Baule, Rotterdam, Aix-la-Chapelle, Falsterbo, Hickstead, Dublin, Bruxelles, Calgary et Barcelone. À noter que le programme de l’Officiel de Suisse a été tronqué de la plupart ses épreuves, y compris son étape de la LNL, en raison des intempéries qui se sont abattues en juin sur la région de Saint-Gall.
5. Tel est le nombre d’épreuves par équipes remportées cette année par l’Allemagne, victorieuse à Abou Dabi, Rome, La Baule, Calgary et donc Barcelone. L’Irlande compte deux succès, conquis à Ocala et Aix. La Grande-Bretagne, sacrée championne olympique à Paris, n’a gagné que chez elle, à Hickstead. De même, les États-Unis et la France, en argent et en bronze à Versailles, n’ont fait entonner leur hymne qu’une fois, respectivement à Dublin et Rotterdam. L’an dernier, c’est la Suisse qui avait dominé ces épreuves, avant de trébucher aux championnats d’Europe de Milan, terminant sixième, loin de la Suède. Cette année, les Helvètes ont dû se contenter d’une victoire à Bruxelles. On se rappelle aussi la domination presque sans partage de la même Suède en 2021, qui avait confirmé en décrochant l’or olympique à Tokyo. En 2024, les Scandinaves, en fin de cycle, n’ont triomphé qu’à domicile, à Falsterbo.
4. Tel est le nombre de couples ayant réussi un double sans-faute dimanche sur le parcours de Santiago Varela. Il s’agit de l’Allemand Richard Vogel et United Touch S, auteurs de prestations stratosphériques qui ont estompé l’impression déceptive laissée à Versailles, du Néerlandais Maikel van der Vleuten et Beauville, médaillés de bronze individuels aux JO de Tokyo et Paris et aux Mondiaux de Herning, qui ont livré deux déconcertantes leçons d’équitation, de l’Irlandais Daniel Coyle et Legacy, jument performante sur tous les terrains et quelles que soient les conditions, et de l’Espagnol Armando Trapote sur son impétueux et génial Tornado VS, dans un style bien moins académique mais tout aussi efficace. L’Andalou, qui défendait les couleurs du Mexique jusqu’en 2008, a d’ailleurs été le meilleur cavalier de ce CSIO 5*, se classant troisième du Grand Prix vendredi avec Tornado et septième de la Coupe de la reine samedi avec Diabla PS. Impliqué dans les luttes intestines qui affaiblissent la Fédération royale espagnole des sports équestres depuis le printemps, celui qui œuvre à l’organisation du Sunshine Tour de Vejer de la Frontera avec Teresa Blázquez Abascal, sélectionnée individuellement à Barcelone, s’est affiché en homme fort de cette fin de saison extérieure.
La constance, ça paie pour les Allemands!
3. Tel est le nombre de couples allemands sélectionnés cette année et ayant déjà participé à la campagne victorieuse de 2023: Christian Kukuk/Checker 47, Richard Vogel/United Touch S et Jana Wargers/Dorette. L’an passé Hans-Dieter Dreher avait complété le quatuor avec Elysium. Si l’Allemagne, comme on l’a souvent dit au printemps et en début d’été, disposait d’assez de couples pour composer au moins trois quatuors olympiques, Otto Becker, l’inamovible chef d’équipe allemand, a persisté et signé dans ses choix puisque ce trio primé à deux reprises à Barcelone a aussi été envoyé aux Jeux olympiques. À Versailles, Jana et Dorette y ont toutefois été désignées remplaçantes au profit de Philipp Weishaupt et Zineday, médaillés d’argent individuels aux championnats d’Europe de Milan l’an passé, et tout récemment séparés par la vente du crack à l’Américaine Eve Jobs – pour le Britannique Harry Charles, qu’elle épousera prochainement?
Notre analyse
“Notre performance doit beaucoup au travail de ma groom”, Richard Vogel
Christian Kukuk : “Je n’ai pas assez bien monté ma seconde manche”
André Thieme : “Mes quatre points étaient finalement un bon résultat”
“Je tire un grand coup de chapeau à mes cavaliers, à nos chevaux et à nos grooms”, Otto Becker
“Trois centimètres, cela n’a l’air de rien, mais cela change beaucoup de choses”, Santiago Varela