“J’ai toujours su que Shadow Man pourrait remporter une médaille olympique”, Ben Hobday

Médaillé d’argent individuel aux Jeux olympiques de Paris 2024 avec l’Australien Christopher Burton, Shadow Man (BWP, Fidjy of Colors x Winningmood) a retrouvé – comme prévu – Ben Hobday, son cavalier et propriétaire depuis 2016. Le Britannique a choisi le CCI 4*-S de Lignières pour son retour en concours complet avec son cheval vedette. À l’issue de la compétition, il s’est confié sur son lien avec Shadow Man et les perspectives qui s’offrent à eux.



Après une performance brillante et remarquée dans les jardins de Versailles, où il a attaché à son encolure une médaille d’argent individuelle avec l’Australien Christopher Burton, l’excellent Shadow Man (BWP, Fidjy of Colors x Winningmood) a finalement retrouvé son box au sein des écuries de Ben Hobday, son propriétaire et cavalier de toujours. Évoluant ensemble depuis 2016, le couple a connu de nombreux classements notables, même s’ils n’ont enregistré qu’une victoire à leurs débuts, dans un CCI 1*, à Ballindenisk, en Irlande. 

Après plusieurs mois, le Britannique a choisi Lignières pour faire son retour en concours, accompagné de son bel alezan de quatorze ans, qu’il n’avait plus monté en compétition internationale depuis son élimination au CCI 5*-L de Badminton, en 2022. L’un des rendez-vous les plus prestigieux du calendrier, qui occupe d’ailleurs une place particulière pour Ben Hobday, puisqu’il y avait fait son retour en 5* en 2016, quelques mois seulement après avoir terminé une chimiothérapie. 

Au CCI 4*-S de Lignières, Ben Hobday et son alezan ont terminé à la dixième position, s’offrant ainsi une place dans le classement à l’issue d’un cross compliqué pour de nombreux chevaux. 



Une rentrée particulière pour les deux athlètes

Shadow Man encore en main, quelques minutes après avoir bouclé le parcours de cross et mis pied à terre, Ben Hobday a livré son ressenti sur ce test qui n’avait pourtant pas si bien commencé: “C'était une excellente idée d'intervertir le cross et l’hippique, compte-tenu de l’état boueux du terrain. Ça n’a malheureusement pas empêché Shadow Man de déferrer en début de parcours… Après ça, il est vrai qu’il glissait un petit peu partout. Je me devais d’être prudent et de le protéger, donc je l’ai monté en étant un peu plus sur le frein. Mais quel cheval phénoménal! Il sait exactement ce qu’il fait, quand et où il doit le faire. Il en était presque un peu trop enthousiaste et m’emmenait vraiment sur les obstacles. Je suis aussi ravi de son état physique, il a terminé en pleine forme, ce qui est génial.”

Fin septembre, il s’agissait de la rentrée sportive du crack après sa performance remarquable aux Jeux olympiques, pour lesquels Christopher Burton l’avait loué quelques mois, ce qui lui a ainsi permis d’intégrer l’équipe australienne. Ben Hobday y faisait lui aussi son come-back au concours-complet. “C’était ma première sortie sur un parcours de cross avec Shadow Man depuis Badminton, et mon premier complet en six mois”, explique le Britannique. Entre temps, Ben Hobday avait enchaîné les apparitions en CSI, qu’il continuait de fréquenter. “Il est vrai que j’ai principalement évolué en saut d’obstacles depuis, et certains pensaient que j’aurais peut-être dû courir une épreuve en Grande-Bretagne avant, mais je ne le souhaitais pas. Je suis donc venu ici en me disant: ‘Je connais la qualité de ce cheval et je ne veux pas le surmener’. Avant tout, je voulais voir comment il se sentait.” Il renchérit: “J’ai un peu perdu l’envie pour le concours complet, ce n’est un secret pour personne. Mais quand je suis en selle sur Shadow Man, je ressens de nouveau cette passion.” 



Une médaille olympique par procuration

Shadow Man a permis à Christopher Burton de se parer d'argent à Versailles

Shadow Man a permis à Christopher Burton de se parer d'argent à Versailles

© Benjamin Clark - FEI

Bien conscient de la richesse du vivier britannique, médaillé d’or par équipes à Versailles, Ben Hobday ne voyait pas d’opportunité de s’élancer dans les jardins du château de Versailles, aux Jeux olympiques de Paris 2024 avec son partenaire de longue date. “Avec la force de l’équipe britannique, et le fait que mon cheval avait eu une légère blessure l’année précédente, il aurait été très difficile pour moi et Shadow Man, même avec de bons résultats, d’intégrer l’équipe”, affirme-t-il. Mais Ben Hobday a toujours cru au potentiel olympique de celui qu’il surnomme affectivement Fidgy, du nom de son pèreEt s’il est monnaie courante de commercialiser un cheval à fort potentiel, la réponse de Ben Hobday a été ferme quand Christopher Burton l’a approché: “Chris s’est rapproché de nous pour essayer de l’acheter, mais nous ne voulions pas le vendre.” Les deux cavaliers, qui naviguent tous deux entre complet et jumping, ont finalement trouvé un terrain d’entente: “Ce n’est pas vraiment quelque chose que nous avions prévu, et la proposition n’est pas venue de notre côté. Quand Chris est venu l’essayer, nous avons conclu un accord qui permettrait au cheval d’aller aux Jeux olympiques et de lui donner sa chance de briller, tout en offrant à Chris l’opportunité de monter un si bon cheval.” Shadow Man a finalement été loué par l’Australien quelques mois, afin d’assurer sa sélection en vue des Jeux. Un pari gagnant à en juger par les excellents résultats obtenus, non seulement aux JO mais aussi avec la victoire dans le CCIO 4*-S de Millstreet, une mise en confiance optimale avant l’échéance reine. “Chris Burton a signé une performance fantastique avec lui, à Versailles. Nous n’aurions pas pu choisir un meilleur cavalier pour Shadow Man, car il est à la fois précis et efficace. Mais parfois, être un bon cavalier ne suffit pas, il faut une certaine alchimie entre les deux athlètes. Leur duo a bien fonctionné, et c’est pourquoi ils ont obtenu de si bons résultats.”  En caressant l’encolure de son cheval vice-champion olympique, Ben Hobday confie: “J’ai toujours su que Shadow Man avait le potentiel pour remporter une médaille olympique!”

Depuis qu’il a récupéré son partenaire, Ben Hobday ambitionne de continuer à concourir avec lui, aussi longtemps que possible. “Le cheval a exactement fait ce que je savais qu’il pouvait faire ces derniers mois, et aujourd’hui, après la compétition, il est en pleine forme. Ce serait un gâchis de ne rien faire avec lui, donc je suis ici pour m’amuser avec lui avant tout, et je crois qu’il va continuer à m’offrir cela.” Le bel alezan a probablement fait l’objet de plus d’une proposition d’achat à la hauteur de son talent et de sa nouvelle cote olympique, mais pour Ben, pas question de se séparer de son protégé. “C’est un peu mon bébé, et il est très difficile de se détacher de ses enfants!” s’exclame-t-il dans un rire. “Avec lui, tout devient évident. Shadow Man est un animal magnifique à tous les égards et j’ai beaucoup de chance de l’avoir dans ma vie.”