“J’espère retrouver plus régulièrement les 4*”, Guillaume Foutrier

Auteur de trois victoires au CSI 2* de Deauville avec Fruna de Kogis, début octobre, Guillaume Foutrier poursuit en beauté une année 2024 chargée. À quarante-huit ans, le Nordiste installé au haras de Lannay, à Mouchin, à la frontière belge, passe le plus clair de son temps sur la route entre les concours internationaux et les circuits jeunes chevaux. Entre deux compétitions, il revient notamment sur sa performance en Normandie, mais évoque également ses différentes montures, son activité commerciale et ses objectifs à venir.



Fruna de Kogis a remporté trois épreuves dont le Grand Prix au CSI 2* de Deauville début octobre.

Fruna de Kogis a remporté trois épreuves dont le Grand Prix au CSI 2* de Deauville début octobre.

© Pixels Events

Vous avez remporté trois épreuves dont le Grand Prix avec votre jument Fruna de Kogis (SF, Kannan x Papillon Rouge) au CSI 2* de Deauville, du 3 au 6 octobre. Quel est votre sentiment face à ces très bons résultats?

Je suis très satisfait. Les conditions de piste étaient vraiment favorables. Fruna est en règle générale performante en concours, elle est régulièrement classée. À Deauville, c’était la première fois qu’elle gagnait trois jours de suite, donc ce n’est que du positif! Elle est restée sereine et constante malgré la vitesse et la répétition de l’effort. J’ai le sentiment qu’elle a vraiment mûri et franchi un cap. 

Quel bilan faites-vous de ces quatre jours de compétitions? 

Tous mes chevaux ont très bien sauté. En plus de Fruna, j’avais également emmené Marlinka (sept ans, quatre points le jeudi, cinq le vendredi et quatre le samedi, ndlr) pour son premier 1*, mais aussi Top Of The Bill (double sans-faute et septième le jeudi, quatre points le samedi et double sans faute et troisième le dimanche dans le 2*, ndlr) et Corneska (de la Falize, sans-faute le jeudi, deuxième le samedi et quatrième le dimanche dans le 2*, ndlr) qui sautent habituellement plus haut (dans des épreuves à 1,50m et 1,55m, ndlr). Je voulais les garder en condition de concours, même en sautant moins haut. Ce week-end (entretien réalisée le mardi 15 octobre, ndlr) je les emmène à Gassin et je vais notamment participer au Grand Prix 3* avec Corneska.  

À neuf ans, Fruna de Kogis semble se montrer performante jusqu’à 1,45m, n’est-ce pas?

Fruna est une jument très respectueuse et très compétitive. Elle a encore besoin de prendre de l’expérience et la mesure de son niveau, mais il est vrai qu’elle peut se montrer performante sur ces hauteurs. J’ai la chance d’avoir d’autres chevaux performants à ce niveau, ce qui m’a permis d’alterner entre eux dans différentes compétitions. Je cherche toujours à les garder en condition, sans pour autant exagérer. 

Quelles sont vos ambitions avec cette jument?

Nous commençons progressivement à sauter 1,50m et j’aimerais participer à des épreuves au barème A. À cet âge, certains chevaux sautent plus vite et plus haut, mais personnellement, je ne veux pas griller d’étapes. Je ferais en fonction d’elle, donc nous allons avancer petit à petit.



Top Of The Bill 89, neuf ans.

Top Of The Bill 89, neuf ans.

© Scoopdyga

Quel est le potentiel de Top Of The Bill 89 (Z, Tangelo van de Zuuthoeve x Andiamo), également né en 2015 et troisième d’une épreuve à 1,45m à Deauville le week-end?dernier?

“Bill” est très respectueux, mais il a aussi sa part de sensibilité et je dois prendre mon temps avec lui. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle je participe de temps en temps à des épreuves moins importantes. Je peux me permettre d’alterner entre mes chevaux, donc j’en profite.  

Qu’en est-il de Corneska de la Falize (Z, Cornet Obolensky x President), onze ans, que vous montez depuis trois ans maintenant?? Est-elle votre jument de tête?

Elle est fantastique. Depuis que la monte (le couple a participé à son premier concours en février 2021 au CSI 2* de Gorla Minore, en Italie, ndlr) elle a beaucoup progressé. Elle s’est malheureusement blessée l’année dernière (la jument était absente des terrains de février à août 2023, ndlr) donc nous avons dû ralentir, mais elle est pleine de talent. Il nous a fallu un peu de temps avant qu’elle ne retrouve son niveau et une condition physique optimale. Je n’ai pas doute la concernant, car c’est une jument qui a, je pense, toutes les qualités et l’expérience pour sauter plus haut.  

Quid de Fun des Cèdres Verts (SF, Cornet Obolensky x Diamant de Semilly) avec laquelle vous avez signé huit podiums cette année, dont trois victoires?

C’est une jument qui a un profil un peu similaire à celui de Fruna. Sa grande qualité est qu’elle peut se montrer très performante durant les trois jours de compétition. Depuis le début de l’année, elle a enchainé de très belles performances comme à Hardelot (où elle a terminé troisième le premier jour et a gagné les deux jours suivants, ndlr), au Touquet (se classant deuxième, première puis troisième dans la Pro 1 Grand Prix) ou à Compiègne (terminant sans faute dans la Pro Élite Grand Prix à 1,50m, ndlr). Elle aussi est très respectueuse, mais elle a besoin de prendre de l’expérience et de murir à ce niveau-là, même si elle nous a montré, notamment dans le Grand National de Compiègne, qu’elle était capable de sauter plus haut. C’est vraiment agréable d’avoir des chevaux de son style qui peuvent se montrer compétitif pendant trois jours sans se dégrader dans la qualité. 

Vous avez participé à quelques CSI 4* depuis le mois d’avril. Pensez-vous avoir trouvé les chevaux pour?retrouver le plus haut niveau?

Totalement! Avant la blessure de Corneska, j’ai pu participer à quelques Coupes des nations (sa dernière participation date du CSIO 3* de Vejer de la Frontera, en octobre 2022, ndlr) et d’autres compétitions 4*. Elle a tout à fait le potentiel pour sauter ce genre d’épreuves. J’espère pouvoir retrouver plus régulièrement ce niveau avec elle. Pomerol van’t Roosakker, (neuf ans, BWP, Echo van’t Spieveld x Spartacus TN, ndlr) est aussi un cheval d’avenir. Je suis certain que les autres vont suivre également. Mon piquet de chevaux est bien fourni et j’espère pouvoir participer plus régulièrement à des 4*. Plus le niveau augmente, plus nous avons besoin de bons chevaux.



“Cette année a été une année de construction pour préparer la prochaine”, Guillaume Foutrier

Guillaume Foutrier peut également compter sur Fun des Cèdres Verts, neuf ans en 2*.

Guillaume Foutrier peut également compter sur Fun des Cèdres Verts, neuf ans en 2*.

© Sportfot

Vous êtes également très présents sur le circuit du Cycle Classique. Avez-vous des jeunes chevaux prometteurs?

Oui, j’ai un étalon de six ans, Santos van de Berghoeve (BWP, Comme Il Faut x Chambertin) avec lequel j’ai déjà participé à des épreuves à 1,20m et 1,25m. Nous l’avons acheté aux ventes Fences cette année. C’est un cheval très prometteur, qui saute bien. Il a d’ailleurs remporté le Grand Prix à 1,30m du CSI YH-1* de Royan fin juin. Nous n’avons pas participé à beaucoup de concours encore (trois depuis le mois de février, dont quatorze épreuves, ndlr), il en fera plus à ses sept ans. J’ai aussi Isidore de Chalusse (six ans, SF, Clarimo x Vigo d’Arsouilles, ndlr), qui est très facile et tout aussi performant (sur neuf parcours, il a terminé sept fois sans faute, ndlr), avec lequel je pense prendre à part à quelques concours indoor cet hiver.  

Dans les sept ans, j’ai Royco vd Bisschop (ancienne monture de la Belge Pascale Haep, BWP Di Cantero van Ter Hulst Z x Bamako de Muze, ndlr) que je monte depuis le mois de juin seulement et qui s’est montré très régulier, notamment à Kronenberg (début septembre, il a remporté l’épreuve des chevaux de sept et huit ans puis a réitéré sa performance en terminant deuxième puis deux fois premiers la semaine suivante, ndlr). Je forme également Haston de Lannay (SF, Cornet Obolensky x Diamant de Semilly), le cheval d’un élève. Nous avons aussi acheté quelques jeunes chevaux qui sont encore inexpérimentés et avec lesquels je vais m’entraîner un peu en Belgique. J’alternerais les circuits Cycle Classique et les CSI dans un second temps, en fonction de leur maturité. Nous avons aussi quelques chevaux d’élevage, donc nous avons du réservoir.  

Qu’envisagez-vous avec eux?

Je verrais bien en fonction de leurs évolutions. L’objectif est de les emmener à leur meilleur niveau, dans un but de commercialisation. Avec les jeunes chevaux, il faut prendre son temps. Globalement, ils sont destinés au sport, mais tout dépend des opportunités qui se présentent à nous.  

La formation des jeunes chevaux est une chose primordiale pour vous? 

J’aime beaucoup former les jeunes chevaux. Je dirais que c’est important qu’ils soient travaillés jeunes. Alors attention, ça ne veut pas dire qu’ils doivent participer régulièrement à des concours, loin de là, mais je pense qu’il est primordial de bien les former pour qu’ils acquièrent les gammes et s’endurcissent physiquement. Il faut aussi savoir s’adapter en fonction de leur croissance et de leur évolution.  

Comment gérez-vous cette alternance entre les circuits jeunes et le haut niveau?

Il y a des concours toute l’année maintenant, donc c’est assez simple de trouver notre bonheur (rires)! Nous nous adaptons en fonction du programme. Quand j’ai des objectifs précis avec mes chevaux d’âge, je sais que je vais participer aux tournées de concours en début d’année, puis les laisser tranquilles, et reprendre en fin d’année vers la période du Sunshine Tour à Vejer de la Frontera ou du Autumn Tour à Oliva, fin septembre ou début octobre. Certains concours 2* et 3* en Belgique ou aux Pays-Bas notamment, organisent des épreuves jeunes chevaux en même temps que les épreuves internationales, donc dans ce cas-là, nous pouvons en emmener pas mal. Avec tout cela à disposition, nous avons de quoi faire! 

Comment s’est passée votre saison de commerce cette année?  

En ce qui me concerne, cette année était plus destinée à la formation. Notre activité s’est plus tournée sur la valorisation des jeunes chevaux, que sur la vente. Nous voulons qu’ils soient bien dans le travail, en étant autant à l’aise en dressage qu’en saut. Une fois cela atteint, nous participons à quelques concours l’hiver en indoor pour les remettre en forme. Cela peut changer en fonction des chevaux et de leur évolution. Ce sont eux qui nous dictent quoi faire. 

Quel bilan tirez-vous de votre saison?extérieure? 

C’est une saison somme toute correcte. Je n’ai pas pris part à beaucoup de grosses épreuves. Je dirais même que cette année, a plus été une année de construction pour préparer celle qui arrive. 

Comptez-vous concourir en indoor?

Je pense que cet hiver va être plutôt calme. J’ai pour intention de participer au CSI 4* de Rouen (du 21 au 24 novembre, ndlr) puis au 3* de Lille (du 12 au 15 décembre, ndlr). Les concours indoor sont bien pour garder les chevaux dans le bain, continuer à les faire progresser et à leur donner confiance. Nous redémarrons àl’extérieur vers le mois de février.  

Quels sont vos objectifs pour l’année 2025?

Je n’ai pas d’objectif en particulier, ils viennent un peu au fur et à mesure et en fonction de l’évolution de mes chevaux. L’important est de saisir les opportunités qui peuvent se présenter. Pour l’instant, je n’ai pas de plan défini. Tout est fonction des chevaux et des résultats obtenus. Le plus souvent, ce sont eux qui ont le dernier mot (rires)



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