“Notre performance à Oslo n’était pas un simple coup de chance”, Julien Gonin

Dimanche, Julien Gonin s’est illustré lors de la première étape de la Coupe du monde Longines à Oslo, en prenant la troisième place avec Valou du Lys dans le rendez-vous majeur du CSI 5*-W remporté par Grégory Wathelet. Dans cet entretien, le cavalier à l’histoire singulière revient sur sa performance du week-end et se confie sur ses ambitions, concernant aussi bien les concours à venir que l’avenir de son piquet de tête, complété par Caprice de Guinfard et Estrella de la Batia. Le cavalier de la Laiterie de Montaigu vise clairement une qualification pour la finale de la Coupe du monde.



Malgré une barre au sol au barrage, le couple a réussi à monter sur la troisième marche du podium.

Malgré une barre au sol au barrage, le couple a réussi à monter sur la troisième marche du podium.

© Kim C Lundin - FEI

Dimanche à Oslo, vous avez signé votre meilleure performance en Coupe du monde avec Valou du Lys (SF, Calvaro x Galoubet A). Pouvez-vous revenir sur cette troisième place?

Valou a vraiment répondu présente et j’étais très content d’elle. Elle se montre particulièrement à l’aise en indoor, c’est d’ailleurs pour cela que j’ai décidé de tenter ma chance à Oslo. Il est vrai que faire un aller-retour de quatre-mille kilomètres, ce n’est pas rien, d’autant plus que je n’avais que deux chevaux avec moi… Mais je me suis dit : “Allez, je tente le coup”, et ça a payé ! Cependant, ce n’était pas un simple coup de chance : Valou a toujours très bien sauté lors du Saut Hermès, où la piste est à la fois difficile et réduite, tandis qu’à Dublin, je n’ai jamais remporté le Grand Prix, elle m’a même fait faire un plongeon dans la rivière cette année. (Rires)

Quelle a été votre tactique au barrage?

Valou n’est pas très rapide, elle a un mouvement plutôt lent. Au début, lorsque nous disputions des épreuves à 1,45 m, même en allant à fond, nous nous classions toujours autour de la treizième ou quatorzième place. Mais avec le travail et l’expérience, Valou a réussi à améliorer sa vitesse de pointe. Dimanche, il était évident que j’étais le plus lent des trois couples du podium. J’espérais réaliser cinq foulées après le double, mais celui-ci nous a poussés à forcer un peu. À la réception, je n'avais plus assez d’impulsion, et j’ai ravisé pour six foulées un peu tard, d’où la faute.

Vous disiez que Valou du Lys était plus à l’aise en indoor, pourquoi?

Il est vrai que, pour une grande jument, on pourrait penser qu’elle serait plus à l’aise sur des grandes pistes, mais c’est tout l’inverse. Elle n’aime pas trop le bleu des rivières par exemple. Même si elle a gagné à Dinard (une épreuve à 1,45m, le 18 juillet, ndlr), et dans d’autres concours de ce style, c’est toujours un peu plus compliqué. À Calgary, par exemple, Estrella de la Batia (SF, Diamant de Semilly x Lando) et Caprice de Guinfard (SF, Mylord Carthago x Socrate de Chivré) étaient des choix idéaux, car je connais la difficulté de cette piste. C’est un concours qui peut vite devenir très spécial si cela se passe mal. Mais pour le circuit indoor, on ne peut pas rêver mieux que Valou en cheval de tête !

Avec quinze points au classement général de la Ligue d’Europe de l’Ouest Longines, ambitionnez-vous d’orienter votre saison vers la Coupe du monde et une potentielle finale?

Pourquoi pas ! Si cela se passe bien, je continuerai, mais sinon, je ne forcerai pas le destin. Il faut aussi se rappeler qu'il n'y a pas énormément de places pour les cavaliers français. En étant dans le top 10, Simon Delestre et Julien Épaillard sont qualifiés d’office, et il ne reste qu’une seule place. Nous sommes nombreux à vouloir participer à ce circuit. Actuellement, c’est moi qui ai le plus de points, mais une seule épreuve est passée. Ce week-end, il y a Helsinki, avec d’autres cavaliers français, donc nous verrons bien !



“Dans l’immédiat, la Coupe du monde reste l’objectif principal”

Julien Gonin et Caprice de Guinfard à Dinard

Julien Gonin et Caprice de Guinfard à Dinard

© Sportfot

Cette saison, Bâle accueille à la fois une étape et la finale du circuit. C’est inédit, qu’en pensez-vous ?

C’est une excellente chose! C’est un concours magnifique, et plutôt que d’aller dans un lieu inconnu, nous serons dans un endroit que l’on connaîtra déjà.

Si vous parveniez à vous qualifier pour la finale, miseriez-vous uniquement sur Valou du Lys ou envisageriez-vous d'y emmener plusieurs chevaux?

Si je me qualifie, j’emmènerai en effet Valou. Estrella est plus à l’aise sur les grandes pistes, ce qui la rend moins adaptée pour une finale en indoor. Quant à Caprice, c’est aussi une option à envisager. Il avait très bien démarré la saison indoor quand il avait neuf ans, donc je vais le préparer pour cela.

L’année prochaine sera une année de championnats d’Europe sans enjeux de qualification. La porte sera donc probablement plus ouverte à de nouveaux couples, espérez-vous saisir cette opportunité ? Si oui, avec quel cheval?

Pour l’instant, je n’en ai aucune idée. Dans l’immédiat, la Coupe du monde reste l’objectif principal, si tout continue à bien se passer. Nous verrons ensuite !

Valou du Lys aura seize ans en 2025. Est-elle encore en pleine forme ou montre-t-elle des signes de lassitude?

Pour l’instant, Valou ne fait que progresser ! En piste, elle est plus facile que jamais. C’était une jument assez compliquée à ses débuts, mais après cinq ou six ans ensemble, elle continue de s’améliorer. Elle est extrêmement dure physiquement. Au début, il fallait la forcer pour entrer en piste, elle ne faisait que reculer. Maintenant, même si elle démarre toujours les parcours à sa manière, c’est de plus en plus simple. Il y a deux ans, elle a eu une forte piroplasmose, et je m’étais dit qu’une fois remise sur pieds, elle ne serait plus qu’une jument de second plan, mais elle n’a pas voulu céder sa place ! (Rires). Quand je vois qu’à dix-neuf ans, Rokfeller de Pléville vient de remporter l’étape du Longines Global Champions Tour à Rabat avec Eduardo Álvarez Aznar, je me dis que Valou a encore de belles années devant elle. Par la suite, je prévois qu’elle fasse des poulains : comme je fais pas mal d’élevage, je pense qu’une mère par Calvaro et Galoubet, ce sera plutôt intéressant !

Caprice de Guinfard a pris part à sa première Coupe des nations 5* à Calgary, conclue avec six et douze points le 7 septembre. Qu’avez-vous pensé de son comportement lors de ce rendez-vous ? Quelles sont vos ambitions avec lui?

Avant cela, Caprice s’était bien comporté dans le Grand Prix de Dinard, donc nous avons décidé de l’emmener à Dublin. Malheureusement, il a eu une fièvre de transport et n’a pas pu sauter là-bas. Ce n’est pas quelque chose de grave et ça se soigne bien, donc nous l’avons ramené à la maison. Après l’avoir remis sur pieds, nous sommes partis à Calgary début septembre avec un cheval qui n’avait pas sauté en compétition depuis juillet. Face au niveau de la compétition, j’étais inquiet, mais il a parfaitement répondu. Cependant, il s’est légèrement tordu un membre lors de la deuxième manche. Nous avons effectué tous les examens nécessaires en rentrant, et heureusement, tout est normal. Il n’a même pas boité. Il a eu un peu de repos, et nous venons de reprendre.

 



“Les seuls transferts dans mon écurie sont des transferts d’embryons !”

Estrella de la Batia survolant l'obstacle "bistrot" des Jeux olympiques de Paris 2024 récupéré par Calgary.

Estrella de la Batia survolant l'obstacle "bistrot" des Jeux olympiques de Paris 2024 récupéré par Calgary.

© Sportfot

L’année dernière, vous terminiez deuxième de l’Equita Masters, à Lyon, avec Estrella de la Batia. Vous n’avez plus sauté d’épreuve à 1,60 m avec cette jument depuis. Comment évolue-t-elle?

Estrella a beaucoup de sang, et je fais de mon mieux pour l’amener à son meilleur niveau. Elle n’a que dix ans ! De temps en temps, je l’engage dans une grosse épreuve, et que ça se passe bien ou mal, je travaille. À Calgary, elle a immédiatement sauté dans l’épreuve à 1,50m et l’a remportée. Depuis notre retour du Canada, nous avons uniquement sauté à Gassin (où ils ont remporté une épreuve à 1,45m dans le CSI 4*, ndlr). Cependant, pour Lyon cette année, c’est sans doute Caprice qui épaulera Valou.

Y a-t-il eu des transferts dans vos écuries récemment?

Les seuls transferts dans mon écurie sont des transferts d’embryons ! (Rires) Je plaisante, mais je n’ai pas de nouveaux chevaux pour l’instant, ni de changements majeurs à partager. Toutefois, je fais beaucoup d’élevage, je fais naitre une quinzaine de poulains par ans, et nous préparons certains pour l’avenir.

Qu’avez-vous pensé des JO de Paris 2024 ? Les avez-vous suivis, si oui, où?

Oui, j’y étais. C’était vraiment incroyable, un niveau de compétition exceptionnel et une organisation impeccable. J’ai assisté aux deux manches de l’épreuve d’obstacles par équipes. Notre médaille de bronze était magique, mais elle ne tenait qu’à un fil. C’était extrêmement serré, surtout quand on regarde notre troisième place qui s’est joués à quelques centièmes de seconde... Les chefs de piste (Grégory Bodo et Santiago Varela, ndlr) ont réalisé un travail exceptionnel… En individuel, ils ont réussi à pousser à la faute tous les couples sauf les trois qui se sont affrontés pour les médailles au barrage, on ne pouvait pas rêver mieux pour une finale olympique!

Outre les épreuves équestres, quels sports vous ont particulièrement captivé?

J’ai suivi d’autres sports, mais je n’ai pas pu m’y rendre sur place. J’aurais adoré aller voir l’escrime au Grand Palais. J’ai eu la chance d’y participer plusieurs fois avec les chevaux dans le cadre du Saut Hermès, et voir un autre sport dans ce lieu d’exception aurait été une super expérience.

 



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