Plus confortables et écoresponsables, les couvertures se renouvellent
L’automne est là, l’hiver arrive. Cette période, comme chaque année, annonce l’ouverture du bal des couvertures et, avec elle, son lot de questionnements: poids, épaisseur, matière, etc. L’exigence des propriétaires vis-à-vis de cet équipement ayant grimpé en même temps que la nécessité de préserver le bien-être de leurs montures, c’est tout le secteur qui se mobilise pour innover et proposer des produits performants et en adéquation avec les besoins physiologiques des équidés, tant du point de vue de la technique de fabrication que des matières utilisées. Tour d’horizon d’une industrie en constante évolution.
L’arrivée du froid et de l’humidité met les cavaliers face au casse-tête de bien couvrir leurs chevaux. Si habiller ces derniers d’une couverture permet de les protéger des aléas climatiques, cela nécessite une réflexion et une bonne préparation en amont. “Aujourd’hui, les gens sont de plus en plus éclairés au moment d’acheter une couverture; bien davantage qu’auparavant. Ils accordent beaucoup d’importance à la technicité en s’informant sur les deniers, le tissu utilisé, etc.”, explique Léa Weber, responsable de la formation des produits pour la zone Europe chez Horseware. “Cela signifie également pour nous qu’il faut répondre à des exigences plus élevées qu’avant. L’évolution du marché s’est vraiment opérée selon les besoins des chevaux, avec la volonté de répondre aux problématiques qu’ils pouvaient rencontrer. Leurs conditions de vie ont tellement évolué qu’il a fallu s’adapter. Le constat du marché européen est qu’il y a de plus en plus de chevaux qui vivent dehors. C’est une véritable révolution, qui témoigne de la prise de conscience des propriétaires. De fait, il a également fallu repenser les couvertures en considérant que leur gestion pouvait être contraignante.”
Même constat chez Decathlon: “Tout part d’une étude de terrain indiquant, dans une optique de respect du bien-être animal, que le temps de sortie à l’extérieur des chevaux était de plus en plus important. Notre leitmotiv a été de créer une couverture d’écurie qui puisse aller à l’extérieur. Nous avons alors développé un produit pratique et performant s’adaptant aux nouvelles conditions de vie des chevaux qui passent du box à l’extérieur régulièrement. Faire en sorte que les équidés restent au chaud et au sec, aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur, est une priorité. Nos couvertures d’écurie sont déperlantes et la combinaison de nos deux couvertures crée une couche d’air entre celle d’écurie et la couverture imperméable, offrant une isolation supplémentaire par rapport à une couverture classique”, explique Olivier Laffranchi, chef de produit équitation chez Decathlon.
S’adapter apparaît alors comme l’un des nombreux moteurs de l’innovation, ce que confirme Emmanuelle Renaud-Warin, commerciale en charge de la France chez HKM. “Répondre aux attentes des chevaux est une priorité. Il y a environ trois ans, nous avons lancé le modèle de couverture Innsbruck disposant, au niveau de l’épaule, d’une petite encoche où se trouve une barrette thermique indiquant la température corporelle du cheval. Cela permet de savoir si ce dernier est trop ou pas assez couvert, ce qui est très pratique dans la gestion quotidienne!”
Toujours plus de confort
La thématique du bien-être animal est non seulement au cœur du principe même d’innovation, mais s’inscrit comme son axe de progression principal. “La marque Kentucky a, par exemple, sorti une couverture ergonomique limitant les points de compression sur le garrot”, indique Coraly Hulin de West Cheval. “Innover, c’est aussi chercher à alléger les matières pour éviter l’effet d’entassement. Les accessoires, eux aussi, ne cessent d’être améliorés avec, par exemple, l’apparition de bibs, des coussinets à placer au niveau du garrot ou des attaches avant pour protéger les points de frottement.” Les marques l’ont bien compris, le bien-être passe par une coupe plus ergonomique afin de respecter la liberté de mouvement du cheval et limiter les sources d’inconfort. “Nous avons fait le choix du confort pour la matière intérieure en travaillant avec du coton pour une meilleure respirabilité”, décrit Inès Kern, PDG française de Greenfieldselection. “Le dessin de l’avant de nos couvertures a été repensé pour éviter un trop fort appui au niveau du garrot, car nous savons que c’est une vraie source d’inconfort pour le cheval. Nous avons également travaillé l’arrondi de la coupe au niveau des épaules et avons doublé les attaches.”
Ces dernières, tant pour leur emplacement que leur fermeture, ont également constitué un point d’attention particulier. “Nous avons mis l’accent sur l’emplacement des fermetures de poitrail, qui ne sont ni trop hautes ni trop basses”, expose Jade Mills, responsable marketing chez Premier Equine. “La conception innovante de nos bandes élastiques brevetées au niveau des épaules offre une immense liberté de mouvement, s’adaptant continuellement à la foulée du cheval. Le renfort d’épaule élastique permet une flexibilité ultime dans l’ajustement, offrant protection et confort. Parmi les autres innovations, il est possible de citer la profondeur de la couverture, qui s’adapte parfaitement à l’équidé et se fixe à l’aide de sanglons croisés bas. L’emplacement et la mécanique de cette conception permettent de soulager complètement la pression sur la colonne vertébrale.”
Si l’innovation passe par un meilleur confort, elle n’a pas oublié de chercher à rendre pratique le casse-tête de l’enfilage des couvertures! “Nous avons travaillé avec notre modéliste sur la liberté de mouvement du cheval pour ne pas provoquer de gêne”, décrit Emmanuelle Koralewski, ingénieure produit chez Decathlon. “Nous avons intégré, dans les patronages, un soufflet d’aisance partant du garrot jusqu’en bas pour libérer l’épaule. Nous avons développé un système de sangles et de courroies de cuisses amovibles sur les couvertures d’écurie afin de ne pas faire double emploi avec celles de la couverte imperméable qui peut se positionner par-dessus. Notre concept innovant est d’avoir juste à poser la couverture imperméable sur la couverture d’écurie. Des systèmes d’attaches par scratch sur les côtés permettent aux deux couvertures de n’en former plus qu’une, même si elles peuvent aussi être utilisées de façon indépendante (modèle Combo). La respirabilité est également au cœur de nos préoccupations et nous avons utilisé des composants intérieurs et extérieurs respirants.”
Une respirabilité renforcée
Pour maintenir son cheval au sec, le tissu doit effectivement permettre une bonne respirabilité afin de limiter la condensation de la vapeur d’eau à l’intérieur de la couverture. Les travaux de recherche et développement concernant les tissus sont donc primordiaux. “L’imperméabilité et la respirabilité sont au premier plan de l’innovation, ce qui permet de créer une couverture à double usage. L’an dernier, nous avons présenté les couvertures d’écurie Hydra, fabriquées avec un revêtement en Téflon pour sa résistance aux taches et sa protection contre l’humidité”, valorise Jade Mills, responsable marketing chez Premier Equine. “Placée juste en-dessous du tissu extérieur, la membrane respirante et imperméable contient des millions de trous microscopiques de taille précise, permettant une circulation efficace de l’air, tout en repoussant efficacement les gouttelettes d’eau. Parallèlement, une seconde membrane hydrophile, située plus profondément dans la construction de la couverture, aspire et disperse l’humidité du pelage du cheval, qui reste au sec. L’idée de cette couverture s’inspire des difficultés que rencontrent de nombreux cavaliers, notamment en hiver.”
L’humidité est propice à l’apparition de diverses affections chez les chevaux et, dans des cas précis, la couverture peut s’avérer être un allié utile en absorbant et en évacuant le surplus. “L’un de nos produits phares est la chemise thermorégulatrice deux en un”, indique Inès Kern de Greenfield. “Ses microperforations tout le long du tissu permettent une utilisation à la fois comme chemise séchante pour ses propriétés respirantes et absorbantes, mais aussi comme sous-couverture pour ses propriétés régulatrices qui conservent la chaleur au niveau du dos. La chemise est composée de laine et d’acrylique, et d’une couche isolante en polypropylène.” Le poids des couvertures a également été repensé afin de ne pas surcharger inutilement les chevaux et permettre une plus grande adaptabilité du produit en fonction de la météo. “À l’automne, nous sortons une couverture thermorégulatrice permettant au cheval de supporter de -10 à +20 degrés (ThermaPro et KombiPro)”, précise Emmanuelle Renaud-Warin, de chez HKM. “C’est une couverture quatre en un, livrée avec trois liners de 50, 150 et 300 grammes. La respirabilité, la solidité et la coupe sont des qualités primordiales pour un textile. Il est important de ne pas sur-couvrir les chevaux et de bien s’adapter à leurs besoins. Nous cherchons sans cesse à nous perfectionner et faisons en sorte de progresser du point de vue de la technicité.”
De nouvelles technologies novatrices et responsables
Innover c’est aussi s’inspirer d’innovations venues d’autres industries pour les appliquer au secteur des couvertures équestres, comme l’indique Jacqueline Lechner Monaco, cheffe de groupe chez Kerbl: “Kerbl est une entreprise qui puise ses racines dans l’élevage; c’est la compétence au service de l’animal. Nous essayons toujours de nous servir des technologies utilisées dans d’autres domaines pour voir s’il est possible de les adapter à l’ensemble des animaux. Pour l’élevage porcin ou de poules, par exemple, nous proposons des systèmes de réchauffement par infrarouges, qui permettent une récupération optimale de l’individu. Nous nous sommes interrogés sur un moyen d’améliorer celle des chevaux de manière simple et efficace, en reprenant une technologie déjà présente sur le marché. Cette année, nous avons travaillé sur un nouveau type de textile, dont la matière intègre de la céramique (Covalliero Term). Cela revêt un double effet thérapeutique: renvoyer la chaleur de l’équidé vers son corps, et absorber les infrarouges du soleil pour les restituer à travers la couverture. La chaleur permet ainsi d’obtenir une meilleure récupération musculaire. L’objectif était également de développer un produit qui ne fasse pas transpirer les chevaux – la transpiration est donc évacuée afin d’éviter le stress thermique de l’animal. Le réchauffement par infrarouges est une technologie intense qui demande d’être utilisée par étapes. Ce n’est pas une couverture qui a pour vocation de rester sur le cheval quand il est au repos, et il faut l’utiliser avec parcimonie.”
Les ponts entre les différentes branches de l’industrie textile sont nombreux, et il n’est pas non plus rare que des technologies employées pour l’habillement des cavaliers soient réemployées pour les équidés. “Notre philosophie est d’amener une technologie utile et confortable pour le cheval. À l’été 2025, nous présenterons deux innovations : une couverture de transport dans laquelle sera intégré du Tanatex (hydrofuge et insectifuge), technologie déjà employée pour l’une de nos gammes de pantalons, et une couverture rafraîchissante composée à 50% de feel cool et 50% de polyester”, expose Raphaël Koné, responsable France, Belgique et Luxembourg chez Kingsland. “Le feel cool est une technologie composée de cristaux rafraîchissants qui sont activés par l’humidité, donc plus il y a d’humidité ou de sueur, plus il rafraîchit. Le tissu absorbe très bien la transpiration et l’évacue vers l’extérieur, ce qui permet au cheval de rester au frais et au sec!”
Enfin, innover, c’est aussi apprendre à produire et consommer de façon plus durable. Alors que les premiers effets du dérèglement climatique commencent à être de plus en plus visibles en Europe de l’Ouest – qui aura échappé aux périodes de canicule intense cet été encore? –, lutter contre les impacts environnementaux de l’industrie du textile est un cheval de bataille pour de nombreuses marques, y compris dans l’univers équestre. “À Spoga Horse, une foire commerciale annuelle organisée à Cologne et qui permet de faire un point sur le marché équestre et ses innovations, nous avons présenté deux couvertures en matières recyclées. Au regard du nombre de couvertures que nous produisons chaque année, il nous est apparu important qu’une partie soit produite de cette manière. Quatre de nos modèles, sous le nom AmECO, sont issus de bouteilles en plastique recyclées. Il y a une réelle considération environnementale, avec une volonté de mieux consommer”, s’enthousiasme Léa Weber, représentante de Horseware. Même bilan chez Aloga. “En réalité, pour qu’une couverture pour chevaux soit efficace au quotidien, les trois critères de base doivent être respectés: une bonne coupe, une excellente qualité des matériaux et une rigueur dans la fabrication. En tant que marque, si vous n’avez pas un contrôle total sur ces aspects, les innovations ne sont pas pertinentes. Celles que nous étudions le plus sont celles qui nous permettent de produire des couvertures de qualité supérieure en réduisant les déchets et en diminuant notre impact sur l’environnement à chaque étape de la fabrication et de l’approvisionnement”, conclut Grace Allen, représentante d’Aloga Equestrian.