Une première mondiale à Lamotte-Beuvron : la production d’hydrogène turquoise à partir de biométhane
Lamotte-Beuvron a été le théâtre d’une première mondiale! Le 24 octobre dernier, le premier démonstrateur industriel pour la production d’hydrogène turquoise et de carbone solide à partir du biométhane a été dévoilé. Présentation de ce dispositif expérimenté au sein de l’épurateur de biométhane solognot, dont la création a été soutenue par la Fédération française d’équitation.
En présence de Pascal Bioulac, maire de Lamotte-Beuvron, Roberto Fuentes, président de Sologne Agri Méthanisation, Patrick Peters, PDG de Spark Cleantech, et Frédéric Flipo, directeur général délégué d’Evergaz, le tout premier démonstrateur industriel pour la production d’hydrogène turquoise et de carbone solide à partir du biométhane a été présenté il y a deux semaines. Un projet vertueux d’économie circulaire qui s’ancre dans la dynamique régionale et la transition énergétique.
Cette première mondiale est expérimentée au sein de l’épurateur de biométhane de Lamotte-Beuvron, mis en service en 2020 et dont la création a été soutenue par la ville de Lamotte-Beuvron, la Fédération française d’équitation (FFE) et une dizaine d’exploitations agricoles.
“La Fédération française d’équitation est partie prenante au projet de méthaniseur depuis les années 2010 aux côtés de la commune de Lamotte et les agriculteurs locaux”, a déclaré Serge Lecomte, président de la FFE. “Ce projet de territoire, original dans sa conception et par la nature de ses fondateurs, est devenu réalité en 2020. Il permet ainsi une issue valorisante pour le fumier de cheval et les déchets alimentaires produits au Parc équestre fédéral. Avec cette innovation technologique et la production d’hydrogène ‘turquoise’ et de carbone solide, une nouvelle étape est sur le point d’être franchie. La Fédération est particulièrement attentive à toutes ces nouveautés qui peuvent inspirer plus largement le monde du cheval.”
Le processus en quelques mots
“Aujourd’hui, il y a 700 épurateurs de biométhane en France, ce qui en fait le premier pays au monde”, a précisé Frédéric Flipo, directeur général délégué d’Evergaz, opérateur du site Sologne Agri Méthanisation. La FFE, dont le siège et son Parc équestre fédéral sont limitrophes, fournit pour la fabrication de biométhane le fumier et les déchets alimentaires produits tout au long de l’année au rythme des événements équestres.
Début octobre, les premières plasmalyses du méthane - impulsions électriques extrêmement brèves qui cassent la molécule de CH4, séparant l’hydrogène et le carbone - ont été réalisées. Sur les cinq cellules existantes sur le site solognot, trois produisent déjà de l’hydrogène turquoise et du carbone solide, sans émettre de CO2, et les deux restantes seront mises progressivement en service afin de poursuivre l’expérimentation.
Comme l’a détaillé Erwan Pannier, co-fondateur de Spark qui a découvert ce principe à l’université de Stanford, où il était chercheur invité: “La première étape de notre processus va séparer le carbone et l’hydrogène du biométhane, créant donc les premières particules de carbone solide, certains intermédiaires réactionnels étant encore présents à ce stade. Ces intermédiaires sont ensuite convertis et la réaction amorcée par la plasmalyse se termine. La dernière étape est de séparer et de filtrer. Aujourd’hui, cette installation n’est pas une installation de production mais de démonstration. L’hydrogène n’est pas conditionné ; il n’y a pas de stockage sur ce site ni d’utilisation. C’est l’objet par contre de la suite des prochains projets pilotes.”
Un projet qui s’inscrit dans la transition énergétique
Chaque cellule produit 1kg d’hydrogène et 3kg de carbone. Le souhait est de valoriser le carbone noir obtenu, utilisé dans la fabrication de nombreux produits comme les pneus ou l’encre. “Notre souhait est de décarboner l’industrie et la mobilité lourde en apportant une composante nouvelle de décarbonation. Spark mise sur un contrôle de la température grâce à des nanopulsations. Ce processus va optimiser et réduire la consommation d’énergie nécessaire à la production d’hydrogène”, a exprimé Patrick Peters, insistant également sur le côté économique et compétitif de cette production face aux énergies fossiles.
L’utilisation de l’hydrogène en cours de développement dans les milieux de l’agriculture, de l’industrie ou encore des transports. Ce démonstrateur est un premier pas vers une production à grande échelle, Spark Cleantech envisageant une commercialisation d’ici deux ou trois ans de l’hydrogène et du carbone noir produits.
Ce projet, qui à son échelle permet de décarboner l’industrie lourde, de révolutionner les transports et d’in fine “sauver le climat”, illustre le dynamisme de la région et met en lumière la collaboration entre les secteurs publics et privés. “Nous sommes capables de faire des choses intéressantes et qui fonctionnent”, a conclu Pascal Bioulac, qui ambitionne que la région devienne un acteur clé dans la filière hydrogène.