“J’ai une confiance aveugle en Sursumcord’Or”, Julie Simonet

À vingt-trois ans, Julie Simonet vient de s’offrir son premier succès à l’international en remportant le CCI 4*-S du Pouget le week-end dernier. Associée à Sursumcord’Or, aujourd’hui âgé de dix-huit ans, la Landaise impressionne depuis ses débuts dans la cour des grands. Figure montante du complet tricolore, la cavalière revient sur sa réussite et se confie sur sa complicité avec “Sursum”, son partenaire de toujours. Elle évoque également son quotidien dans les écuries familiales au sein desquelles ses chevaux vivent au pré et en troupeau, et se projette sur l’avenir avec ses jeunes chevaux.



Félicitations pour votre victoire dans le CCI 4*-S du Pouget, votre tout premier succès international individuel avec votre fidèle Sursumcord’Or (AA, Yarland’s Summer Song x Prince Ig'or)! Quel est votre sentiment après cette belle réussite? 

Je suis vraiment ravie. Sursumcord'Or a été fantastique, comme à son habitude. C’est un cheval très régulier, mais nous n’avions jamais eu l’opportunité de décrocher une victoire internationale, à cause d’un dressage en déca ou de temps dépassé sur le cross. Cette épreuve est mon point faible, je n’arrive pas à être rapide. En règle générale, je suis assez stressée avant de m’élancer, car j’ai à cœur de bien faire. J’ai entièrement confiance en “Sursum” (le surnom de Sursumcord'Or, ndlr), il est capable de tout, mais le temps reste notre bête noire. Au Pouget, nous avons été arrêtés en plein parcours (à une minute et trente secondes de la fin, ndlr) pendant quinze minutes à cause de la chute de Morgane Euriatdonc nous avons eu du mal à repartir. Malgré tout, j’ai réussi à reprendre mon rythme rapidement et à rentrer dans le temps imparti. Nous avons tout donné et cela a payé! 

Vous étiez également engagée dans le CCI 2*-L avec Octopus Utopia van de Merelho (Z, Olympic C x Darco), un hongre de six ans que vous montez seulement depuis juillet, et qui a participé à son premier concours complet. Quel est son potentiel? Qu’envisagez-vous avec lui?

Je l’ai acheté pendant l’été. C’est un cheval en lequel je fonde beaucoup d’espoir. Nous avons déjà pris part à quelques concours de saut d’obstacles (en Amateur, Pro 3 et 4 dans des épreuves à 1,15m et 1,20m, ndlr) lors desquels tout s’est bien passé. Je voulais terminer la saison en concours complet, mais je n’étais pas sûre de courir le 1* ou le 2* car il manque encore d’expérience. Ce week-end, il a su montrer son plein potentiel. Nous faisons une dérobade en début de cross par manque de contrôle, autrement, il a déroulé une très bonne reprise en dressage (notée à 70,652%, ndlr) et termine avec un sans-faute aux obstacles. Si nous continuons sur cette lancée, je pense qu’il pourra prendre la relève plus tard. 

Cet hiver, nous allons travailler dans l’objectif de nous qualifier pour l’épreuve des sept ans du Mondial du Lion d’Angers, en 2025. Si j’y arrive tant mieux, sinon ce n’est pas grave. Une chose est sûre, c’est que veux prendre mon temps pour le former au mieux pour le plus haut niveau. 

En début d’année, vous évoquiez votre désir de prendre part à un 5* pour la première fois de votre carrière. C’est désormais chose faite puisque vous avez participé au CCI 5*-L de Luhmühlen, en juin. Comment avez-vous vécu cette expérience, bouclée au dix-huitième rang? 

C’était incroyable! Il me tenait à cœur de participer à un 5* avec Sursum. Je suis très fière de l’avoir fait, qui plus est avec un cheval que nous avons formé avec ma mère (Karine Larrazet, ndlr). Nous avons réussi à l’amener au plus haut niveau et il l’a fait avec une facilité déconcertante.   

Quand aura lieu votre prochaine expérience à ce niveau? 

Honnêtement je ne sais pas (rires). Je dois d’abord retrouver un cheval pour concourir en 5*. J’avais prévu d’aller à Pau cette année (organisé du 24 au 27 octobre dernier, ndlr), mais je ne voulais pas à nouveau lancer Sursum dans une préparation de ce niveau, surtout à son âge?(dix-huit ans, ndlr)! C’est difficile de prédire quand j’aurais à nouveau un cheval pour courir à ce niveau. Seul l’avenir nous le dira! 

Quels souvenirs vous laissera votre année 2024? 

C’est somme toute une très bonne année, qui termine en apothéose avec cette victoire dans le CCI 4*-S du Pouget! Cette saison, j’ai décidé de concourir à plus haut niveau car je nous en sentais prêts. Dans l’ensemble, je suis très satisfaite de l’évolution de mes chevaux.  


Julie Simonet et Sursumcord’Or ont décroché leur première victoire internationale au CCI 4*S du Pouget, le week-end dernier.

Julie Simonet et Sursumcord’Or ont décroché leur première victoire internationale au CCI 4*S du Pouget, le week-end dernier.

© PSV/FFE



“Je n’établis plus de programme à l’avance pour Sursum, je fais en fonction de lui”

Comment avez-vous fait la connaissance de Sursumcord’Or, qui vous accompagne en concours depuis plus de dix ans? 

Ma mère l’a acheté à Marie-Christine Duroy (multimédaillée aux championnats de France, d’Europe et du monde de concours complet entre 1985 et 1999, notamment grâce à Yarlands Summer Song, le père deSursumcord’Or) et Renaud de Laurière (naisseurs –  en autres – de Sursumcord’Or et Alertamalib’Or, champion du monde des sept ans avec Astier Nicolas, ndlr) à ses cinq ans. Il avait déjà participé à quelques épreuves de Cycles Classiques en complet et en saut d’obstacles (sous la selle de Vincent Pryen et Alvaro Perez de Los Rios, ndlr), mais restait très délicat sur le plat. 

Nos débuts n’ont pas été des plus simples. Il a énormément d’énergie, et j’étais très jeune à cette époque (dix ans, ndlr), donc je n’avais pas les capacités nécessaires pour le monter. À vrai dire, tout ne s’est pas passé comme prévu donc ma mère a pris le relais. Elle l’a formé jusqu’en 3* et je l’ai récupéré trois ans plus tard. Nous nous sommes tout de suite très bien entendus et il m’a emmenée au plus haut niveau. J’ai été réserviste de mes premiers championnats d’Europe à seulement quatorze ans, puis s’en sont suivies plusieurs saisons consécutives en Juniors et Jeunes Cavaliers (de 2016 à 2019, le couple a décroché une médaille d’or, une d’argent et deux de bronze par équipes aux Européens Juniors de Fontainebleau, Montelibretti, Millstreet et Maarsbergen ainsi qu’une troisième place par équipes en Jeunes Cavaliers à Segersjo, en Suède, en 2021, ndlr) pour en arriver au 4* et 5* aujourd’hui. Nous nous connaissons par cœur et j’ai une confiance aveugle en lui, dans toutes les disciplines. Sursum est le cheval d’une vie. 

Poursuivra-t-il sa carrière en 2025?

Pour l’heure, rien n’est décidé. J’attends de voir comment va se passer l’hiver. Il a besoin d’être maintenu en forme au travers de séances de plat, de longes ou de sorties extérieures, sinon il perd en état, donc je ferai en fonction de lui. Je n’établis plus de programme à l’avance. Si tout se passe bien, j’envisagerai de prendre part à quelques Grands Nationaux, car ce sont des concours qui lui conviennent bien. En attendant, nous allons participer aux cross indoor du CHI de Genève (du 11 au 15 décembre, ndlr) et de Bordeaux (du 6 au 9 février 2025, ndlr). 

En ce qui concerne votre relève, vous avez récemment récupéré Dr House Mons, âgé de onze ans, qui se montre performant en saut d’obstacles jusqu’à 1,35m. Où en êtes-vous avec lui? 

Dr House est uniquement dédié au saut d’obstacles. À l’origine, nous l’avions acheté pour qu’il soit monté par les cavaliers de notre centre équestre. Seulement, c’est un cheval qui est aussi délicat que qualiteux donc j’ai décidé de le récupérer. Actuellement, nous évoluons dans des épreuves à 1,35m et j’espère que nous pourrons monter en grade s’il est toujours dans mes écuries l’an prochain. Il sera épaulé par Grand Soir (huit ans, SF, Quintus d’09 x Calvaro, formé par Benjamin Massié en Cycles Classiques cinq et six ans, propriété de Julie Simonet depuis 2023, ndlr) qui revient de blessure. J’apprécie particulièrement le fait de compter aussi sur des chevaux de saut d’obstacles!  

Je n’ai pas d’objectif particulier avec lui. Je vais choisir les concours un par un et faire en fonction de lui. À ce propos, nous participerons à une 1,35m ce week-end, à Barbaste (dans le Lot-et-Garonne, ndlr). 

Qu’en est-il de Jupiter d’Orchis et Just Un Cap Koadig (SF, Ilvien des Mielles x Mighty Magic), tous deux nés en 2018?

Just Un Cap a été vendu il y a deux semaines. En ce qui concerne Jupiter, il continue sa formation tranquillement. Ce dernier regorge de qualités, mais a encore beaucoup à apprendre. À l’image d’Octopus, il sera idéal pour le haut niveau.  

Pensez-vous avoir trouvé votre prochain cheval de tête? 

Non, pas encore. Je crois beaucoup en Octopus et en Jupiter donc j’espère qu’ils pourront prendre la relève. De là à dire que l’un prendra la place de Sursum, je ne sais pas. Nous verrons ce que l’avenir nous réserve. Les chevaux ont besoin de temps.  

Avez-vous d’autres chevaux prometteurs en formation? 

Outre mes quatre chevaux (Sursumcord'Or, Octopus Utopia van de Merelho, Dr House Mons et Jupiter d’Orchis, ndlr), je n’ai pour l’instant pas d’autres jeunes chevaux en formation et je suis en recherche active pour l’année prochaine. C’est intéressant d’en former de nouveaux et de les voir évoluer vers le plus haut niveau.

Lors de sa dernière apparition aux couleurs des Bleus, le couple a contribué à la victoire de la France dans la Coupe des nations du CCIO4*-NC-S de Jardy, en juillet 2023.

Lors de sa dernière apparition aux couleurs des Bleus, le couple a contribué à la victoire de la France dans la Coupe des nations du CCIO4*-NC-S de Jardy, en juillet 2023.

© Libby Law Photography/FEI



“Chez nous, il est hors de question que les chevaux passent plus d’une nuit au box”

Comment se passe le commerce au sein de vos écuries?  

Ce n’est pas mon activité principale, donc je n’ai pas l’obligation de vendre des chevaux. Si j’en trouve un qui me plaît et avec lequel je m’entends bien, je ne vais pas m’imposer de le vendre dans l’année. J’essaye tout de même de faire un roulement car lorsqu’ils sont jeunes, il est compliqué de prévoir ce qu’ils vaudront à haut niveau. Nous avons un centre équestre donc le commerce n’est pas ma priorité.  

À plus long terme, les Mondiaux d’Aix-la-Chapelle 2026 et les Jeux olympiques de Los Angeles en 2028 font-ils partie de vos objectifs? 

Bien sûr, c’est un rêve! En tant que cavaliers, on rêve forcément de grandes échéances, de championnats d’Europe, de Mondiaux et de JO. La route est longue pour en arriver là et il est difficile d’avoir un cheval performant à l’année. Les chevaux fonctionnent selon des pics de forme donc il faut tomber sur le bon moment. En ce qui me concerne, mon plus vieux cheval après Sursum est Octopus, qui a six ans, donc pour 2026 cela semble déjà compromis. En revanche, pour Los Angeles, je verrais bien au fil du temps, car je n’ai pas envie de le brusquer. 

Envisagez-vous de concourir davantage en saut d’obstacles?  

C’est une discipline que je prends beaucoup de plaisir à pratiquer. Quand on a l’opportunité de pouvoir concourir dans des épreuves à 1,30m et 1,35m, c’est tout de suite plus intéressant. D’autant plus que cela me permet de progresser en concours complet. Allier les deux est bénéfique. Je suis depuis peu encadrée par Florent Cazalé. C’est très formateur d’avoir la vision d’un cavalier de saut d’obstacles pour progresser, car jusqu’à présent je montais avec mes parents.  

Au sein de vos écuries, gérées par vos parents, Luc Simonet et Karine Larrazet, vos chevaux vivent toute l’année au pré. Comment cela se passe-t-il au quotidien? 

En ce moment, Sursum et Octopus rentrent en box la nuit, mais le reste du temps, ils sont au maximum dehors. Les chevaux sont faits pour vivre à l’extérieur, en troupeau. Dans nos écuries, il est hors de question qu’ils passent plus d’une nuit au box. Lorsque je les récupère pour les monter, ils sont tout de suite plus disponibles, souples et surtout mieux dans leur tête! J’ai grandi avec ce système, donc je ne conçois pas comment ils peuvent vivre autrement. Ce mode de vie résulte d’une volonté familiale, mais également de praticité, car nous n’avons pas à nettoyer des boxes à longueur de journée! (Rires) Cela à ses avantages et ses inconvénients. En concours par exemple, la séparation est très compliquée à gérer, mais c’est un peu le problème de tous les chevaux qui vivent avec d’autres congénères. Aux écuries, nous avons la chance d’avoir des terrains garnis d’herbe et de sable donc même lorsque le temps n’est pas au beau fixe, nous n’avons pas de boue! Quand il pleut, c’est légèrement humide, mais comme nos prés sont en pente, tout s’évacue facilement.  

Certains cavaliers vous inspirent-ils particulièrement? 

J’ai beaucoup d’admiration pour la famille Price (Tim et Jonelle, cavaliers néo-zélandais de concours complet. Le premier est numéro deux mondial et médaillé de bronze par équipes et en individuel aux Mondiaux de Pratoni del Vivaro, en Italie, en 2022, tandis que la seconde est médaillée de bronze par équipes aux Jeux olympiques de Londres en 2012 et aux championnats du monde de 2022, ndlr) de par leur équitation et la gestion de leurs écuries. Ils ont réussi à amener beaucoup de chevaux jusqu’à dix-sept ou dix-huit ans jusqu’en 5* et en grande forme.



“Aux Jeux, nous avons vécu des moments à jamais gravés”

Comment arrivez-vous à concilier votre vie de cavalière et d’étudiante en école de commerce? 

Je suis en dernière année de Bachelor à l’ESG (École supérieure de gestion, ndlr),?intégralement en distanciel. Je termine dans les mois à venir. C’est ce qui me convient le mieux. Je partage donc mes journées entre mes études et mes chevaux. Je suis plus libre et je peux organiser mon quotidien comme je souhaite!  

Désirez-vous devenir cavalière professionnelle à plein temps ou vous orienter vers une autre carrière? 

Pour l’heure, je ne sais pas trop ce que je veux faire. Les études m’apportent beaucoup dans mon quotidien de cavalière et je sais qu’en cas de besoin, j’aurais une autre issue que le cheval. 

Comment avez-vous vécu les Jeux olympiques de Paris 2024?   

C’était magique! Étant la compagne de Stéphane (Landois, vice-champion olympique par équipes avec Chaman Dumontceau*Ride for Thaïs, aux côtés de Karim Laghouag et Nicolas Touzaint, ndlr), j’ai eu l’opportunité d’assister aux épreuves de concours complet avec une amie et les siens. Nous avons pu profiter au maximum et assister à du beau sport. Nous avons vécu des moments à jamais gravés et les émotions étaient évidemment au rendez-vous avec cette médaille. C’est une belle réussite!  

 



Retrouvez JULIE SIMONET en vidéos sur
Retrouvez SURSUMCORD'OR en vidéos sur