Pauline Basquin mettra-t-elle fin samedi à trente ans sans Marseillaise en Coupe du monde?
Détentrice du record de France du Grand Prix Libre et première Tricolore à s’être qualifiée pour la finale individuelle des Jeux olympiques depuis de nombreuses années, Pauline Basquin pourrait marquer un peu plus l’Histoire du dressage hexagonal cette semaine. En effet, associée à son fidèle Sertorius de Rima*IFCE, elle portera le statut de favorite lors de l’étape de la Coupe du monde de Madrid ce week-end. La beauté du sport réside dans ses incertitudes, et rien n’y est donc jamais acquis, mais si l’écuyère venait à s’imposer dans la capitale espagnole, elle ferait hisser le drapeau bleu-blanc-rouge au-dessus de la première marche du podium dans une étape de la Ligue la plus compétitive de la Coupe du monde pour la première fois depuis trente ans.
Trente ans. Cela fait trente ans, quasiment jour pour jour, que La Marseillaise n’a pas retenti lors de la remise des prix d’une étape de la Ligue d’Europe occidentale de la Coupe du monde de dressage. Selon toute vraisemblance, la dernière victoire tricolore dans une telle épreuve remonte au succès obtenu par Dominique d’Esmé et Arnoldo Thor lors du CDI-W de Stockholm, tenu du 27 au 27 novembre 1994. Associée à ce même complice, la grande championne avait déjà terminé sixième des Libres des Européens de Lipica, en 1993, et des Jeux équestres mondiaux de La Haye, en 1994. Tous deux ont également contribué à la médaille de bronze de l’équipe de France aux championnats d’Europe de Mondorf-les-Bains, en 1995, et terminé sept puis neuvième des finales de la Coupe du monde de Göteborg 1994 et Los Angeles 1995. Notons d’ailleurs que Dominique d’Esmé a pris part à cinq reprises au grand raout de la saison hivernale, où la France s’est imposée à une reprise. C’était en 1989, à Göteborg, et la regrettée Margit Otto-Crépin l’avait emporté avec l’inoubliable Corlandus devant un autre couple mythique: Christine Stückelberger et Gauguin de Lully. Sept ans plus tard, au même endroit, Margit Otto-Crépin avait également terminé deuxième de la finale en compagnie de son Lucky Lord.
Après cette période bénie, le dressage tricolore a connu des années globalement moins fastes, mais il revient incontestablement sur le devant de la scène depuis ses sixièmes places par équipes obtenues au CDIO 5* d’Aix-la-Chapelle ainsi qu’aux Européens de Riesenbeck en 2023. Entre temps, les Bleus n’avaient, bien sûr, pas disparu des plus belles épreuves internationales, ni même de la Coupe du monde. Morgan Barbançon, par exemple, qui défend les couleurs françaises depuis 2018, a disputé la finale du circuit à pas moins de six reprises. Par ailleurs, la cavalière a remporté trois étapes de la Ligue d’Europe centrale de la série en 2023 avec Sir Donnerhall II et Habana Libre A. Pour autant, elle ne s’est jamais imposée dans une manche courue en Europe occidentale, dans la ligue la plus compétitive du circuit donc, comme Pauline Basquin semble être en capacité de le faire ce week-end, à Madrid, avec son fidèle Sertorius de Rima*IFCE (retrouvez son portrait ici).
Détentrice du record de France du Grand Prix Libre, qu’elle a porté à 81,915% au CHI Longines d’Equita Lyon il y a quelques semaines, l’écuyère du Cadre Noir y a terminé troisième de l’étape de la Coupe du monde, comme en 2023. En mars dernier, elle s’était aussi classée quatrième à Bois-le-Duc, pour ne citer que ses performances en indoor. À la Madrid Horse Week, ce week-end, son fidèle fils de Sandro Hit sera, de loin, le meilleur cheval au classement mondial des montures de Grand Tour présent! En effet, grâce notamment à sa seizième place en finale individuelle des Jeux olympiques de Paris 2024, le petit bai foncé pointe au onzième rang de cette hiérarchie. Le second équidé le mieux classé à Madrid sera Tarantino, le partenaire de Carina Scholz, qui est quarante-septième au ranking de novembre. En outre, on notera que selon les données fournies par la Fédération équestre internationale (FEI) à ce jour, douze paires seulement sont engagées dans le CDI-W madrilène. Comme tous les ans depuis que cette manche de la série hivernale existe, le nombre de quinze concurrents admis lors de chaque étape ne sera donc pas atteint…
Parmi ceux attendus, Pauline et Sertorius de Rima*IFCE formeront aussi le duo ayant le meilleur record personnel en Grand Prix Libre, le texte sur lequel sont disputées les étapes de la Coupe du monde. De plus, tous deux ont dépassé les 80% cinq fois lors de leurs dix dernières Reprises Libres en Musique, et le seul autre couple à avoir atteint cette note en compétition internationale est celui formé par Beatriz Ferrer-Salat et Elegance, qui avaient réalisé cette performance en 2021 et ne sont, a priori, plus dans la même forme ces derniers temps. Pauline Basquin semble donc bien en capacité de mettre fin à trente ans sans victoire française dans la ligue la plus compétitive de la Coupe du monde. Pour autant, toutes ces statistiques ne sont que… des statistiques. Et si le dressage n’est pas réputé pour être la plus indécise des disciplines équestres, comme tout sport, ce sont ses incertitudes qui en font sa beauté. Rendez-vous donc sur ClipMyHorse.tv, ce samedi 30 novembre à partir de 14h40, pour voir si le drapeau bleu-blanc-rouge sera hissé au-dessus de la première marche du podium.