Le Club des cavaliers a vécu une assemblée générale très animée à Genève
Au terme d’une longue et belle année olympique, le Club des cavaliers internationaux de saut d’obstacles (IJRC) a tenu son assemblée générale annuelle en marge du CHI de Genève, vendredi dernier en Suisse. En présence de très nombreux champions et autres parties prenantes des sports équestres, les discussions ont été agitées et marquées par un fort élan de conservatisme des cavaliers vis-à-vis des mesures envisagées par la Fédération équestre internationale pour mieux protéger le bien-être des chevaux.
La grande salle de conférence de l’hôtel Marriott de Genève a affiché complet vendredi dernier pour l’assemblée générale annuelle du Club des cavaliers internationaux de saut d’obstacles (IJRC). La participation a été particulièrement importante pour une réunion durant laquelle nombre de sujets épineux ont été abordés. François Mathy Jr et Eleonora Ottaviani, président et directrice de l’IJRC, étaient entourés de la plupart des membres du conseil d’administration: les Allemands Ludger Beerbaum et Richard Vogel, la Canadienne Tiffany Foster, le Français Kevin Staut et le Suisse Steve Guerdat. Parmi le public figuraient nombre de très grands cavaliers de haut niveau, dont le Suédois Henrik von Eckermann, les Allemands Marcus Ehning, Christian Kukuk et Daniel Deusser, les Américains McLain Ward et Karl Cook, le Suisse Martin Fuchs, l’Autrichien Max Kühner, le Britannique Scott Brash et le Belge Grégory Wathelet. Il y avait aussi plusieurs représentants brésiliens, menés par Pedro Veniss, éliminé aux JO de Paris en raison d’une goutte de sang décelée sur le flanc de son cheval lors de la qualificative par équipes, et le président de la Fédération brésilienne, Fernando Sperb. Le bien-être du cheval et les nouvelles mesures prises par la Fédération équestre internationale pour garantir l’acceptabilité sociale de l’équitation sportive, ont été largement abordé par l’ensemble des participants, qui ont trouvé au sein de la délégation de la FEI, composée de Todd Hinde, directeur du service de jumping, Gaspard Dufour, directeur des services techniques et sportifs, et Paule Gerritsen, responsable au sein du service de jumping, de bons interlocuteurs pour dialoguer et faire valoir leurs points de vue.
De la question du serrage des muserolles, qui sera contrôlé via une toise en plastique dès mai prochain, à l’utilisation de la double bride, en passant par la liste – extrêmement longue – des substances jugées dopantes, ou encore ce qui détermine aujourd’hui les cas d’élimination, les sujets abordés ont recueilli nombre de points de vue. Un mot d’ordre général, dans la bouche de nombre de cavaliers: il serait inutile, sinon contre-productif, de mettre en avant des mesures sur des sujets aussi spécifiques et techniques pour communiquer avec le grand public… Selon Todd Hinde, lors d’un test de l’accessoire de mesure de serrage des museroles mené en compétition, six cents mesures ont été prises par un vétérinaire, et seuls trois cas de mauvaise utilisation ont été décelées: “Il est peu probable qu’un vrai cavalier ait besoin d’un appareil pour mesurer si une muserolle est correctement ajustée ou non. Ces problèmes n’existeraient pas si certains officiels étaient plus compétents en matière d’équitation”, a déclaré Eleonora Ottaviani, directrice de l’IURC, soulignant la nécessité d’une formation plus approfondie des officiels. La suggestion de Tiffany Foster de n’utiliser un mesureur qu’en cas de litige a été largement soutenue par l’assistance. “L’IJRC travaille en étroite collaboration avec les entraîneurs de dressage et la FEI, afin de parvenir à un protocole acceptable pour son application en mai”, a souligné le président François Mathy Jr. Joint depuis Riyad où il présidait le jury d’un CSI 5*-W fort peu fréquenté, le juge allemand Stephan Ellenbruch, président du comité technique de saut d’obstacles de la FEI, a partagé en partie les doutes des cavaliers et renvoyé à un débat plus approfondi.
“Pense-t-on vraiment que les chevaux sont exposés, entre les concours, à des comportements préjudiciables à leur bien-être?”, Ludger Beerbaum
Autre sujet sensible, toujours lié au bien-être des chevaux, celui des contrôles antidopage qui devraient bientôt être menés en dehors des concours. François Mathy Jr en a souligné la nécessité, en particulier dans le domaine de l’endurance. “Il faut aborder le problème là où il se pose et ne pas mettre toutes les disciplines dans le même sac. Cela ne servirait qu’à jeter l’opprobre sans discernement”, a déclaré le président de l’IJRC, semblant sûr et certain que le dopage n’a plus cours dans l’univers du saut d’obstacles. “Y a-t-il vraiment matière à discuter? Pense-t-on vraiment que les chevaux sont exposés, entre les concours, à des comportements préjudiciables à leur bien-être? Si nous continuons à avancer dans cette direction, cela donnera l’idée que notre sport a des zones d’ombre qui n’existent pas en réalité”, a appuyé Ludger Beerbaum. Circulez, il n’y a rien à voir, en somme.
“Il y a plus de mille substances actives sur la liste antidopage de la FEI pour les chevaux”, a rappelé Max Kühner. L’Autrichien avait déjà présenté le travail d’un laboratoire britannique indépendant à la FEI en 2020, laquelle fait encore l’objet de discussions. “Sans compter qu’entre utilisation volontaire et contamination, directe ou croisée, les enquêtes de la FEI sont complexes et sont trop souvent médiatisées avant même d’aboutir”, pointe l’IJRC dans son communiqué. Steve Guerdat, dont plusieurs chevaux de tête avaient été contrôlés positifs après une contamination alimentaire en 2015, ce qui lui avait coûté sa participation aux championnats d’Europe d’Aix-la-Chapelle, est intervenu sur ce point, appelant “à une plus grande confidentialité à l’avenir, afin de ne pas ternir une nouvelle fois l’image du sport”.
Klaus Roeser, représentant des cavaliers au sein de la Fédération équestre européenne, ancien vice-président du comité technique de dressage de la FEI et secrétaire général du Club des cavaliers internationaux de dressage (IDRC), a rejoint l’assemblée de l’IJRC en téléconférence. En première ligne du front de défense de l’ordre établi soutenu par nombre de tenants du dressage, l’Allemand a réitéré à plusieurs reprises “la nécessité d’un travail en synergie de toutes les parties prenantes afin de parvenir à des règles partagées et, surtout, utiles pour le sport.” Le règlement de saut d’obstacles de la FEI devant faire l’objet d’une révision complète l’an prochain, l’IJRC a fortement invité tous les cavaliers à lui faire remonter leurs opinions et leurs questions d’ici début février.
Enfin, cette assemblée générale a donné l’occasion aux cavaliers de saluer et distinguer Sylvie Robert, présidente de GL events Equestrian Sport, pour la réussite des éclatante des épreuves équestres des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024.