Henrik von Eckermann et King Edward ont été les auteurs du coup de théâtre de l’année à Versailles

Après avoir remporté deux titres aux Mondiaux de Herning en 2022, puis deux finales de la Coupe du monde en 2023 et 2024, Henrik von Eckermann et son crack, King Edward Ress, sont arrivés aux JO de Paris en comptant parmi les grands favoris aux médailles, individuelles comme par équipes. Cependant, après que la Suède a échoué à monter sur le podium collectif pour la première fois depuis 2019, un événement totalement inattendu a mis un coup d’arrêt à la quête de breloque du couple en finale individuelle. En effet, il y a eu séparation de corps entre les deux partenaires, ce qui a provoqué l’élimination du duo et une onde de choc dans le stade équestre éphémère de Versailles. Il s’agit de notre coup de théâtre de l’année.



Depuis leur première association en 2020, à la faveur du congé maternité de Janika Sprunger, épouse du premier et ancienne cavalière du second, Henrik von Eckermann et King Edward Ress n’ont eu de cesse de briller sur les plus grandes scènes internationales. Pourtant, le fils d’Edward – étalon ayant évolué en dressage – et petit-fils de Féo de Lauzelle n’était pas nécessairement destiné à une carrière à haut niveau, puisque la jeune Inès de Vos l’avait acheté lorsqu’il avait cinq ans pour concourir avec lui en épreuves à 1,20m et 1,30m. Finalement, devant l’étendue de son talent, la Belge avait décidé de le vendre à Georg Kähny pour Janika Sprunger. Si c’est évidemment avec Henrik von Eckermann que le petit hongre a écrit les plus belles pages de son palmarès, la Suissesse a réalisé de très belles performances avec lui, jusqu’à signer un double sans-faute dans l’étape de la Coupe du monde Longines de Bâle, en janvier 2020.



Associé à son cavalier actuel, King Edward totalise aujourd’hui une bonne trentaine de podiums en épreuves internationales individuelles, et plus d’une quinzaine de victoires! Parmi leurs plus beaux faits d’arme comptent leurs deux médailles d’or décrochées aux Mondiaux de Herning, en 2022, mais aussi leur double sacre en finale de la Coupe du monde Longines en 2023 et 2024, ou encore leur victoire dans la finale du Top Ten Rolex IJRC à Genève, en décembre 2022, pour ne citer que quelques-uns de leurs exploits. En 2021, déjà, Henrik von Eckermann et son crack étaient passés à côté d’une médaille individuelle aux Jeux olympiques de Tokyo, mais le BWP était devenu le troisième cheval de l’Histoire a achevé l’événement sans commettre la moindre faute!

Un temps, la régularité du couple était si insolente que l’on n’en finissait plus de chercher des qualificatifs pour le caractériser, certains observateurs avisés le qualifiant d’insubmersible, impérial, voire imbattable. Si, depuis le milieu de l’année 2023, le duo se montrait un peu moins insubmersible, rien ne semblait pouvoir prédire le coup de théâtre dont ils ont été les auteurs le 6 août dernier, au sein du stade équestre éphémère de Versailles.



Chute à Versailles

Arrivé aux Jeux olympiques en pilier d’une équipe de Suède que beaucoup voyaient comme favorite à une médaille après ses sacres olympique, mondial et européen obtenus en 2021, 2022 et 2023, Henrik von Eckermann a connu une première désillusion lorsque sa nation ne s’est classée que sixième de la finale collective. Lui-même y a concédé quatre points avec son crack, tout comme ses compatriotes Peder Fredricson et Rolf-Göran Bengtsson sur Catch Me Not S et Zuccero HV. Cependant, après un sans-faute dans l’épreuve qualificative individuelle, l’ancien disciple de Ludger Beerbaum et son crack comptaient toujours parmi les grands prétendants à une médaille individuelle qui leur avait échappé de très peu trois ans plus tôt. Dès le début de leur parcours en finale, la tension était palpable. Le numéro un mondial, d’ordinaire si serein, semblait porter une pression immense sur ses épaules, et son petit alezan, pourtant irréprochable d’habitude, affichait quelques signes de nervosité. Tout au long de la ligne formée par la rivière en numéro six, puis un vertical et un oxer, le cavalier a bataillé avec son hongre pour ajuster ses foulées de manière totalement inhabituelle. Et puis, le coup de théâtre s’est produit. Dans un moment qui restera gravé dans les annales des sports équestres, Henrik von Eckermann et King Edward ne se sont pas compris du tout, le cavalier partant à droite, et son partenaire, à gauche. Une image saisissante, presque irréelle: le Suédois à terre, et l’alezan s’éloignant calmement, nez au vent, laissant le public médusé et son cavalier, visiblement bouleversé, sortir de piste à pied, un mouchoir à la main et les yeux humides, laissant supposer des larmes discrètes.



Une remise en confiance nécessaire

Après un mois et demi de pause, King Edward a repris le chemin des concours lors d’un CSI 2*, avant de prendre part au CSIO 5* de Barcelone, début octobre. Là, un double sans-faute l’a mené à la quatrième place du Grand Prix, et sa prestation pénalisée de quatre points seulement au total des deux manches de la finale de la Ligue des nations Longines a donné l’impression que tout était rentré dans l’ordre pour le couple, ensuite auteur d’un parcours à quatre points dans la dernière étape du Longines Global Champions Tour à Rabat. Cependant, le début de saison indoor du duo ne s’est pas passé comme prévu, loin s’en faut. Engagé dans l’étape de la Coupe du monde Longines de La Corogne, il y a signé un sans-faute lors de la manche initiale, mais le petit hongre a commis une dérobade au barrage…Situation qui s’est reproduite dans la deuxième manche de la finale du Top Ten Rolex IJRC et dans le Grand Prix Rolex au CSI 5* de Genève, la semaine suivante.

Dans un communiqué publié par la Fédération suédoise des sports équestres il y a quelques jours, Henrik von Eckermann a expliqué penser que son “erreur à La Corogne, où [il] a pris trop de risques à l’abord du dernier obstacle, a créé un doute chez [son] cheval”. “Je regrette beaucoup qu’après avoir déjà subi deux dérobades, je n’aie pas monté en visant la troisième place (plutôt que de chercher absolument à gagner, ndlr) dans le Grand Prix de Genève”, a-t-il ajouté. Il a donc pris la décision radicale de renoncer à la saison indoor avec King Edward, qui reprendra la compétition en extérieur, au Winter Equestrian Festival de Wellington. “Cela nous donnera l’occasion de repartir sur de bonnes bases et de regagner sa confiance”, pense le Suédois, précisant qu’il n’a pas fixé d’objectifs pour 2025. “Mon but sera de regagner sa confiance, concours après concours.” En raison de son choix, le fils d’Edward ne pourra pas tenter d’égaler le record de trois victoires en finale de la Coupe du monde établi par Baloubet du Rouet avec Rodrigo Pessoa voilà vingt-quatre ans. “J’aurais vraiment aimé, pour la beauté du sport, voir King Edward tenter de rééditer l’exploit accompli par Baloubet du Rouet”, a notamment déclaré le Brésilien à GRANDPRIX. “Ce qui s’est passé à La Corogne et Genève laisse penser qu’un petit quelque chose s’est déréglé au sein de ce couple d’exception. En cela, on peut comprendre la décision d’Henrik de renoncer à la saison indoor avec King Edward Ress. Cependant, je suis surpris qu’il l’ait prise si tôt vis-à-vis de l’échéance de la finale de la Coupe du monde (prévue début avril à Bâle, en Suisse, ndlr). Il doit ressentir le besoin d’effectuer un pas en arrière pour mieux repartir de l’avant.”



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