“Je rêve de faire partie de l'équipe brésilienne à Tokyo, et de ramener une médaille”, Marlon Módolo Zanotelli

Lauréat de l’épreuve d’ouverture au Longines Masters de Paris hier, Marlon Módolo Zanotelli a décidemment fait parler de lui cette saison. Double médaillé d’or aux Jeux panaméricains de Lima avec Sirène de la Motte l’été passé, le Brésilien compte bien faire partie des trois cavaliers choisis par Philippe Guerdat, le sélectionneur des Auriverdes, pour l’échéance olympique de 2020. Pour cela, il compte sur un système dans lequel il croit, aux côtés de son épouse, la Suédoise Angelica Augustsson Zanotelli. Aujourd’hui dans le Parc des expositions de Paris-Nord Villepinte, GRANDPRIX s’est entretenu avec le dix-septième meilleur cavalier de la hiérarchie mondiale.   



Marlon Módolo Zanotelli et Sweet Tricia hier lors de leur victoire dans l'épreuve d'ouverture du Longines Masters.

Marlon Módolo Zanotelli et Sweet Tricia hier lors de leur victoire dans l'épreuve d'ouverture du Longines Masters.

© Sportfot

Le Longines Masters de Paris a plutôt très bien commencé pour vous avec une victoire dans l’épreuve d’ouverture du CSI 5* sur Sweet Tricia! 
Le concours est formidable, les installations sont très bien pensées pour les chevaux. Hier, j’avais prévu de faire un parcours de travail avec Diesel GP du Bois Madame, afin de le préparer pour le Grand Prix. Il s’agit de mon deuxième concours avec Tricia, et je suis très heureux que notre association démarre si bien! 
 
Vous avez en effet récupéré de nouveaux chevaux récemment. Pouvez-vous nous en parler? 
J’ai donc accueilli Tricia dans mon piquet de chevaux. Elle appartient à Sarah Ryan et était montée par Darragh Kenny auparavant, avec qui elle a énormément gagné. C’est une super jument, j’ai vraiment beaucoup de chance de la monter. J’ai également récupéré Icarus, un cheval que je connais bien car je l’ai monté par le passé jusqu’en Grands Prix CSI 5*. Je suis très heureux de l’avoir retrouvé ! Il a réalisé un super concours la semaine passée à Stockholm (lors du CSI 4*, l’alezan s’est classé dans les trois épreuves qu’il a couru, sur des parcours à 1,40m et 1,50m, ndlr). Il est toujours la propriété de Luciana Diniz, avec qui j’ai une très bonne relation. Je suis très heureux qu’elle pense à moi lorsqu’elle veut confier des chevaux. Enfin, Virtuose d’Éole est une jument qui appartient à Enda Caroll (le propriétaire des écuries Ashford Farm, pour lesquelles Marlon Módolo Zanotelli a travaillé, ndlr). Elle a huit ans et je crois énormément en elle, car elle présente toutes les qualités pour s’illustrer au plus haut niveau. Elle est encore inexpérimentée pour les épreuves les plus importantes, mais a déjà réalisé cent pour cent de sans-faute lors des trois Grands Prix auxquels nous avons pris part (un point de temps dépassé lors du CSI 3* d’Opglabbeek, un sans-faute et quatre points au barrage CSI 2* de Kronenberg et un double zéro couronné par une troisième place lors du CSI 4* de Stockholm, ndlr). Elle est vraiment spéciale, et j’ai hâte de voir ce que 2020 nous réserve! 
 
Bien que vous ayez quitté Ashford Farm depuis plusieurs saisons, vous poursuivez donc votre collaboration avec Enda Caroll…
Absolument oui, Enda a fait énormément pour ma carrière, et nous sommes toujours très proches. Nous sommes propriétaires de quelques chevaux ensemble. J’essaie de m’inspirer de sa réussite, car il connait très bien le milieu. 


“Philippe Guerdat ne fait jamais semblant”

Marlon Módolo Zanotelli aux côtés de son épouse, Angelica.

Marlon Módolo Zanotelli aux côtés de son épouse, Angelica.

© Sportfot

Outre ces nouvelles recrues, jusqu’où espérez-vous aller avec vos meilleurs chevaux Sirène de la Motte et VDL Edgar M? 
Ces deux-là sont en effet mes deux chevaux de tête. Edgar a fait son dernier concours à Prague, et l’an prochain j’espère le préparer en vue des Jeux olympiques de Tokyo, tout comme Sirène. Cette dernière a remporté les Jeux Panaméricains, donc beaucoup de gens placent de grands espoirs en elle. Elle a été consacrée aux transferts d’embryons depuis deux mois et demi, et devrait faire son retour à la compétition lors du Mediterranean Equestrian Tour d’Oliva, en janvier. Je vais bien évidemment la préparer en vue des JO, et nous verrons comment sa montée en puissance se déroule. C’est une jument absolument fantastique, qui a réalisé une saison incroyable. Elle a remporté le Grand Prix de Stockholm l’an passé, et a signé des performances vraiment significatives, notamment lors de la Coupe des nations du CSIO 5* de Geesteren cette saison (avec une seule barre à terre en première manche et un sans-faute dans la seconde, ndlr). À ce jour, Sirène est celle des deux qui a le plus d’expérience, mais nous verrons lequel est le plus en forme avant Tokyo. Quoi qu’il en soit, la décision reviendra au chef d’équipe et à l’entraineur du Brésil.
 
L’été passé aux Jeux panaméricains de Lima, vous avez décroché l’or par équipes et en individuel avec Sirène de la Motte. Quel souvenir gardez-vous de ce championnat, où le Brésil a également obtenu sa qualification pour les JO? 
C’était une semaine formidable! Philippe Guerdat et Pedro Paulo Lacerda ont réalisé un excellent boulot. Le résultat est le fruit d’un travail d’équipe, et cela ne concerne pas seulement les cinq cavaliers qui étaient au Pérou, mais un groupe encore plus large. La médaille a été possible grâce à toute celle émulation. Le concours était incroyable, nous avions trois très belles pistes, avec de beaux obstacles et des parcours très bien imaginés. L’ambiance au sein de l’équipe brésilienne était par ailleurs très bonne, étant donné que nous sommes de bons amis et que nous nous connaissons depuis de longues années. C’est un facteur non négligeable dans un championnat! 
 
Rodrigo Pessoa n’a pas caché son ambition de porter à nouveau la veste du Brésil à Tokyo, pour ses derniers JO. Que cela vous inspire-t-il? 
Je trouve que pour nous, il est très important d’avoir un cavalier comme Rodrigo dans une équipe. Il a énormément d’expérience et c’est un cavalier fantastique, personne ne peut le nier. J’espère qu’il aura un cheval suffisamment bon et prêt pour cette échéance. J’ai hâte de le voir revenir, car tant individuellement que par équipes, nos chances de médailles s’accroissent en sa présence. 
 
Que pensez-vous du travail réalisé par votre sélectionneur Philippe Guerdat (qui fait d'ailleurs l'objet d'un long Focus dans le nouveau numéro de GRANDPRIX heroes, distribué au Salon du cheval de Paris cette semaine), nommé à ce poste en février après six saisons à la tête de l’équipe de France? 
Il a été formidable jusqu’à maintenant. Il est très honnête et ouvert. C’est très simple d’échanger avec lui, et il ne fait jamais semblant, ce qui m’a beaucoup aidé. Souvent, on ne nous parle que des bons côtés de notre équitation, mais lui n’hésite pas à dire ce qui va pas et ce que nous devons améliorer. Il a établi un plan dès le début de la saison, et c’est en partie pour cela que nous avons réussi à Lima je pense. En ce qui me concerne, il est parvenu à convaincre Christophe Legué, le propriétaire de Sirène, de lui faire faire le voyage jusqu’à Lima. C’est une décision difficile à prendre en tant que propriétaire, car il s’agit voyage long et difficile. 
 
Depuis environ trois ans, vous êtes installé aux côtés de votre compagne, la Suédoise Angelica Augustsson, en Belgique. Comment fonctionnez-vous ensemble? 
Angelica m’aide énormément, notamment car elle monte beaucoup mes chevaux. Pour moi, elle est l’une des meilleures cavalières au monde. Elle est très complète et peut très bien préparer les jeunes chevaux sur le plat, en entrainer de plus âgés pour le plus haut niveau… C’est très important pour moi de l’avoir à mes côtés. Notre écurie est une affaire de famille. Mes parents prennent soin des écuries et s’occupent de toute la partie administrative, l’un de mes frères est chef d’écurie… C’est l’une des clés de notre fonctionnement, car nous pouvons vraiment avoir confiance dans les gens avec lesquels nous collaborons. Cela m’aide à me concentrer uniquement sur le sport. Ma groom Andrea travaille pour moi depuis sept ans, et nous nous connaissons par cœur. Elle est sur la route et en concours presque tout le temps, et fait partie de nos succès à part entière. 
Pour ce qui est du partage des chevaux, nous faisons en fonction de ceux qui nous correspondent le mieux. Nous avons eu un deuxième enfant, Max, il y a moins d’un an. Angelica n’a pas mis beaucoup de temps à revenir en CSI 5* avec des chevaux prêts. Je pense que c’est pourtant très difficile de reprendre le rythme, particulièrement car le corps change après une grossesse. Nous avons hâte de concourir tous deux à ce niveau la saison prochaine! 
 
Pour l’an prochain, que peut-on vous souhaiter? 
Tout d’abord, je rêve de faire partie de l’équipe pour les Jeux olympiques, et de ramener une médaille. J’aimerais continuer à développer notre écurie, avec toujours en tête l’envie de faire au mieux pour les chevaux. J’aimerais aussi trouver davantage de bons chevaux, afin de les faire progresser et qu’ils révèlent leur potentiel.