Philippe Rozier participera à son dernier CSI 5* la semaine prochaine à Equita Lyon
Philippe Rozier va progressivement lever le pied. Le CHI Longines d’Equita Lyon, prévu la semaine prochaine à Eurexpo, sera le dernier CSI 5* de sa carrière. Après plus de quatre décennies dédiées à la haute compétition, le cavalier de Bois-le-Roi aborde une nouvelle phase de sa vie d’homme de cheval. Il se confie longuement dans un très bel entretien à découvrir dans le prochain numéro du magazine GRANDPRIX, en kiosques ce mercredi 29 octobre.
Philippe Rozier et Rahotep de Toscane avaient grandement contribué à la conquête de l’or olympique par la France en 2016 à Rio.
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Philippe Rozier s’apprête à dire au revoir au très grand sport. Sans tambour ni trompette, refusant de marquer ce franchissement de cap par une cérémonie trop pompeuse, le cavalier de Bois-le-Roi vivra l’ultime CSI 5* de sa longue carrière la semaine prochaine à l’occasion du CHI Longines d’Equita Lyon. En parfaite santé et encore performant, à en juger par sa victoire dans la dernière étape de la Global Champions League, vendredi dernier à Rabat en duo avec le jeune Belge Thibault Philippaerts, l’éternel jeune homme de soixante-deux ans entend sortir par la grande porte, sans faire le concours ni sauter le Grand Prix de trop.
Philippe Rozier compte parmi les monuments de l’équitation française avec cinq expériences olympiques à son actif, dont trois en tant que titulaire. Sixième par équipes en 1984 à Los Angeles avec l’exceptionnel Anglo-Arabe Jiva, puis quatrième en 2000 à Sydney avec l’atypique Barbarian au terme d’un barrage perdu face au Brésil, le flamboyant Francilien avait grandement contribué à la conquête de la médaille d’or par les Bleus en 2016 à Rio de Janeiro avec l’excellent Rahotep de Toscane. Parti en tant que remplaçant, puis entré en lice à l’avant-dernière minute en raison du forfait de Simon Delestre lié à la blessure d’Hermès Ryan des Hayettes, il avait convaincu ses coéquipiers et Philippe Guerdat, génial sélectionneur national avec lequel il entretenait des relations pour le moins singulières, de le désigner ouvreur. Le couteau entre les dents, porté par une force admirable et comme béni des dieux, le couple avait été plus qu’à la hauteur de l’enjeu, signant un sans-faute dans la première qualificative individuelle, puis un tour à quatre points et enfin un parcours à un point en ce 17 août 2016 de rêve où la France conquit ce fameux Graal. Quarante ans après son père, Marcel Rozier, et son oncle, Hubert Parot, Philippe fit alors les gros titres, partageant ses émotions plus encore que ses trois autres coéquipiers: Roger-Yves Bost, Kevin Staut et Pénélope Leprevost. Neuf ans et deux mois plus tard, il sera donc le premier des quatre champions olympique de Rio à tirer sa révérence.
Philippe est devenu champion olympique quarante ans après son père, Marcel Rozier, et son oncle, Hubert Parort.
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Plus de sept cents victoires depuis 1998
On aurait tort de résumer la carrière de Philippe Rozier à cette semaine de grâce au pays de la samba, de la lambada et du forró. Finaliste de la Coupe du monde à cinq reprises, il termina deuxième avec Jiva en 1987 au Palais omnisports de Paris-Bercy, l’un des lieux au monde où il préférait se produire, où il gagna aussi le Grand Prix en 1985 et où les spectateurs lui rendaient si bien son affection sincère pour le public. Né dans cette filière où il a grandi, tout vu et appris, connu tout le monde et lié bien plus d’amitiés que nourri d’inimitiés, Philippe, sacré champion d’Europe Juniors par équipes en 1980 à Cork avec Fétiche d’Armor, avait aussi contribué à la médaille d’argent de l’équipe de France aux Jeux équestres mondiaux de La Haye en 1994 avec Rocco V, à l’or du Coq aux Jeux méditerranéens de Bari en 1997 avec Flyer, ainsi qu’à deux médailles d’argent collectives aux championnats d’Europe Seniors, en 1987 à Saint-Gall sur Jiva et 1989 à Rotterdam sur Oscar Minotière, son plus grand crack, vainqueur des Grands Prix Coupe du monde de Toronto en 1990, Genève en 1991 et Helsinki en 1992, mais aussi du Grand Prix des États-Unis en 1990 au CSIO de Washington.
Comme Patrice Delaveau, Éric Navet, Roger-Yves Bost et tant d’autres compagnons d’épopées, Philippe Rozier a aussi connu des périodes moins fastes, sans pourtant jamais s’éloigner durablement de ces grands concours qu’il aime tant. Gagneur et showman dans l’âme, il compte plus de sept cents victoires sur FFECompet, base de données fédérale qui enregistre tous les résultats nationaux et internationaux des cavaliers français depuis 1998, dont quarante avec Jadis de Toscane, propre frère de Rahotep, et soixante et une avec Idéal de Roy, deux des nombreux champions avec lesquels il a si souvent fait retentir la Marseillaise, grâce au soutien de propriétaires fidèles, dont Christian Baillet. Que ses supporters se rassurent, Philippe ne va pas raccrocher ses bottes du jour au lendemain. Si ce dernier CSI 5* va marquer un vrai cap dans sa vie de cavalier, il entend continuer à se faire plaisir en CSI 3*, voire 4*, sans pression.
Pour le reste, il va se consacrer encore davantage à son job de directeur sportif des concours disputés au haras de Gassin, dans le Var, au nombre de douze cette année, mais aussi à ses missions de coaching, à commencer par l’encadrement des cavaliers monégasques. On imagine sa joie d’avoir vu Anastasia Nielsen remporter son premier Grand Prix 5* à seulement dix-neuf ans dimanche dernier lors du Longines Global Champions Tour de Rabat. En attendant peut-être d’endosser un jour la veste de sélectionneur national, que son père a portée de 1977 à 1985, puis de 1999 à 2000, Philippe Rozier restera tout à la fois une figure de l’équitation, une voix passionnée qui porte, ainsi qu’un sourire et un humour qui rassemblent. Nul doute que le public d’Equita Lyon, dans les tribunes comme dans les allées d’Eurexpo, saura lui témoigner sa gratitude et son affection.
Philippe Rozier se confie longuement dans un très bel entretien à découvrir dans le prochain numéro du magazine GRANDPRIX, en kiosques ce mercredi 29 octobre.

