[EXTRAITS] “Il faut savoir tourner la page”, Philippe Rozier se confie dans le nouveau magazine GRANDPRIX

À soixante-deux ans, Philippe Rozier dispute cette semaine son dernier CSI 5* au CHI Longines d’Equita Lyon. En couverture du nouveau numéro du magazine GRANDPRIX, en kiosques depuis mardi, le champion olympique par équipes de Rio de Janeiro explique sa décision dans un long entretien, tout en revenant sur les plus grands moments de sa carrière (les plus heureux comme les plus difficiles), ses futurs projets et autres sujets d'actualité. En voici un teaser avec quelques morceaux choisis.



Comment vous sentez-vous? 

Bien! Je suis un peu cramé pour tout dire, parce que ces derniers mois ont été intenses. Pour la première fois, j’ai fait partie d’une équipe de la Global Champions League, les Pirates de Saint-Tropez (aux côtés de Grégory Cottard, entre autres, ndlr), donc j’ai débuté mon année assez vite. C’était une nouvelle expérience que nous voulions vivre avec Christian Baillet (fidèle mécène et propriétaire de la majorité des chevaux de Philippe Rozier depuis plus de trente-cinq ans, ndlr), et nous avions les chevaux pour le faire. J’ai aussi été très impliqué dans les activités du haras de Gassin, qui a accueilli douze semaines de concours internationaux (dont le Francilien est le directeur sportif, ndlr) cette année. Si l’on multiplie ce chiffre par deux, ce qui correspond au temps de préparation qu’ils ont nécessité, j’y ai quand même passé vingt-quatre semaines en tout! Je dois mentionner les championnats d’Europe Jeunes de Riesenbeck (début juillet, ndlr), où j’ai accompagné la délégation monégasque (dont il est le chef d’équipe depuis 2021, ndlr), après l’avoir déjà accompagnée aux CSIO de Compiègne et Gorla Minore. Sans oublier la gestion de nos écuries, au haras des Grands Champs, ici à Bois-le-Roi, et d’autres activités. Bref, les semaines se sont enchaînées non-stop. 

Mi-septembre, vous avez supervisé, en tant que directeur sportif, le tout premier CSIO 5* de Gassin. Quel bilan en tirez-vous? 

Il est très bon. Nous avons même signé avec Longines pour trois éditions supplémentaires. Sans vouloir nous jeter des fleurs, je ne pensais pas que nous parviendrions à faire aussi bien parce que la barre était très haute. Il faut rappeler que c’était notre premier concours de niveau 5*, et une étape de la Ligue des nations Longines (LLN), la série officielle de la Fédération équestre internationale (FEI), qui ne compte que trois autres étapes dans le monde (à Abou Dabi, Ocala et Rotterdam, ndlr) avant la finale de Barcelone. D’ailleurs, je dois dire que j’avais un peu le pied sur le frein quand nous avons commencé à évoquer l’organisation d’un tel événement, parce que je pensais que nous n’étions pas prêts, que tous les travaux ne seraient pas finis, etc. 

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“Je ne veux pas faire le parcours de trop”

Philippe Rozier et Le Coultre de Muze au CSI 5*-W de Lyon en 2024.

Philippe Rozier et Le Coultre de Muze au CSI 5*-W de Lyon en 2024.

© Scoopdyga

Vous vous apprêtez à disputer le dernier CSI 5* de votre carrière au CHI Longines d’Equita Lyon, fin octobre. Est-ce bien exact? 

Oui, et je suis très content de terminer par le CSI 5*-W de Lyon, devant le public français. Je réfléchissais à raccrocher mes bottes depuis un moment – à mon avis, tout cavalier professionnel ayant dépassé les soixante ans se pose la question… En revanche, je ne ferai pas de cérémonie d’adieux ou de grande fête, parce que je suis incapable d’arrêter de monter du jour au lendemain. J’en ai encore besoin et je sais que cela me manquerait trop. Cette décision n’est déjà pas facile à prendre, alors je préfère que les choses se fassent en douceur. Je n’évoluerai plus en 5*, puis je raccrocherai progressivement, comme l’ont fait d’autres cavaliers. Par exemple, Jeroen Dubbeldam (champion olympique en 2000 à Sydney, champion du monde en 2014 à Caen, puis d’Europe en 2015 à Aix-la-Chapelle, ndlr) avait ralenti la cadence ces dernières années, et a décidé en début d’année de tirer un trait sur les gros concours parce qu’il ne se sentait plus assez dans le coup. Désormais, il accompagne surtout son épouse (Annelies Vorsselmans, ndlr), qui a d’ailleurs signé un superbe double sans-faute dans la Ligue des nations de Gassin.

Pourquoi prenez-vous cette décision maintenant? 

Parce qu’à un moment, il faut savoir tourner la page. Si l’on m’avait dit que j’évoluerais encore à haut niveau à soixante ans passés, je n’y aurais jamais cru… J’étais même persuadé que c’en était fini pour moi après la cinquantaine, donc avoir été capable de participer aux JO de Rio avait déjà quelque chose de surprenant. Et puis, quand on a atteint ses objectifs de carrière, la redescente empêche de dormir… [...] En fait, je ne veux pas faire de la résistance, ni le parcours de trop. [...] 

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