Les Britanniques, Benjamin Massié, Lea Siegl et l’Irlande ont fait les petites histoires des championnats d’Europe de Blenheim
De la désillusion collective des britanniques au triomphe des Allemands, qui ont brillé en championnats tout l’été, en passant par la première médaille européenne de l’Irlande depuis trente ans et un oubli qui aurait pu fortement handicaper Benjamin Massié, voici six faits remarquables, six “petites histoires” qui éclairent autrement les championnats d’Europe de Blenheim, tenus mi-septembre.
Laura Collett et Tom McEwen sauvent l’honneur britannique
Grandissime favorite pour le titre collectif, qui plus est à domicile, la Grande-Bretagne, double championne olympique et d’Europe en titre, a vu ses espoirs de médaille par équipes annihi- lés dès le début du cross. En effet, ses deux premières équipières, Yasmin Ingham et Piggy March, ont toutes deux chuté – sans gravité – de Rehy DJ et Halo. Les deux cavalières individuelles britanniques, Caroline Harris et Bubby Upton, sont également tombées de D.Day et It’s Cooley, la seconde dans le même gué que Piggy March. Seuls représentants de l’Union Jack à avoir terminé la compétition, Laura Collett et Tom McEwen ont sauvé l’honneur britannique en se parant d’or et de bronze. Pour son sixième championnat avec l’extraordinaire London 52, Laura Collett (lire page 32) a enfin obtenu une consécration individuelle. “J’ai du mal à trouver les mots pour décrire cette victoire”, a déclaré la championne d’Europe. “Cette victoire est pour London, comme tout ce que je fais.” Elle a conclu son championnat avec 27 points, contre 28,3 pour l’Allemand Michael Jung et Chipmunk*Fischer, en or aux JO de Paris 2024. Tom McEwen a complété le podium avec 33 points sur JL Dublin.
Aucun championnat n’échappe à l’Allemagne
Déjà dominatrice aux JO de Paris, où elle avait décroché quatre des six titres mis en jeu, l’Allemagne a remis cela cet été, obtenant une médaille d’or lors des championnats d’Europe des trois disciplines olympiques. Après le sacre de Richard Vogel et United Touch S en saut d’obstacles à La Corogne, puis le titre collectif de ses dresseurs à Crozet, l’équipe d'Allemagne a décroché la timbale à Blenheim. Emmené par Michael Jung, le quatuor germanique a également pu compter sur les scores de Jérôme Robiné et Malin Hansen-Hotopp, huitième et onzième avec Black Ice (48 points) et Carlitos Quidditch K (48,6). Les 71,5 points de Libussa Lübbeke et Caramia, vingt-sixièmes, n’ont pas compté.
Le trèfle, trente ans après
Le collectif irlandais a décroché sa première médaille européenne en trente ans
© Benjamin Clark / FEI
Grâce aux performances de Padraig McCarthy, Ian Cassells et Robbie Kearns, respectivement douzième, quatorzième et dix-huitième avec Pomp N Circumstance (52 points), Millridge Atlantis (53) et Chance Encounter (56,9), l’Irlande a décroché l’argent par équipes. Elle a totalisé 161,9 points, contre 124,9 pour l’Allemagne et 167,5 pour la France, battue en raison d’une très litigieuse décision défavorable à Astier Nicolas et Alertamalib’Or, seizièmes (55,6). Le Trèfle n’était plus monté sur le podium par équipes aux championnats d’Europe depuis 1995, année où il s’était paré de bronze à Pratoni del Vivaro, notamment grâce à Lucy Thompson et Welton Romance, également sacrés en individuel. Entre temps, l’île d’Émeraude s’était brillamment illustrée en 2018 aux Jeux équestres mondiaux de Tryon, où elle avait décroché l’argent par équipes, tout comme son leader, Padraig McCarthy, l’avait fait en individuel sur Mr Chunky.
Pas l’ombre d’un “maxi”
Le cross de ces championnats d’Europe fut le tout dernier dessiné par Mark Philips dans une compétition internationale. Éminent chef de piste, l’ex-époux de la princesse royale Anne d’Angleterre avait prévenu qu’il serait très difficile de rentrer dans le temps imparti lors de ce test de fond. Finalement, aucun concurrent n’a réalisé le “maxi”, la meilleure performance ayant été l’œuvre de l’Allemand Calvin Böckmann et The Phantom of the Opera, qui ont conclu l’exercice en 10’15’’, soit avec 14’’ de temps dépassé. Auteur d’un sans-faute sur les barres le lendemain, le couple a conclu son premier championnat à la quatrième place. Ce temps impossible à atteindre a suscité des réactions contrastées parmi les cavaliers.
Lea Siegl sur les traces de son père
Lea Siegl a terminé à une très belle cinquième place avec Van Helsing P
© Sharon Vandeput / Hippo Foto
Vingt ans avant que Lea Siegl ne se classe cinquième de ces championnats d’Europe avec Val Helsing P, son père, Harald, avait pris part aux précédents Européens organisés à Blenheim, en 2005. Il avait alors terminé quarante-septième sur Nebelwerfer. La filiation entre les deux Autrichiens n’est pas sans rappeler celle existant entre la princesse royale Anne d’Angleterre, sacrée championne d’Europe à Burghley en 1971 avec Doublet, et sa fille Zara Tindall (née Philips), qui avait décroché l’or à Blenheim en 2005 sur Toytown.
Benjamin Massié avait oublié ses crampons
Neuvième et deuxième meilleur Français à Blenheim avec Figaro Fonroy (48 points), Benjamin Massié a connu une frayeur lors du test de saut d’obstacles, le dimanche après-midi. Au paddock, le Girondin s’est rendu compte qu’il avait oublié de cramponner son hongre. “Heureusement, Alexis Goury avait des crampons sur ses fers de rechange, que j’ai pu récupérer. Cela a ajouté un peu de piment à cette dernière journée”, a souri le cavalier, qui a mal vécu de n’être sélectionné qu’en individuel.

