Toutes les modifications réglementaires approuvées à l’assemblée générale de la FEI, dont une immense majorité à la quasi-unanimité
Aujourd’hui à Hong-Kong, les modifications réglementaires proposées par la Fédération équestre internationale (FEI) dans le cadre de la révision quadriennale de son règlement de jumping ont été approuvées à la quasi-unanimité dans le cadre de l’assemblée générale de l’organisation faîtière des sports équestres. Sujet de moults débats ces derniers temps, la modification des règles sanctionnant les saignements détectés sur un cheval en compétition a fait l’objet d’un vote séparé, mais a tout de même été validée.
En saut d’obstacles, l’année 2025 était celle de la révision quadriennale du règlement international. Aujourd’hui, les représentants des fédérations nationales réunis à Hong-Kong pour l’assemblée générale de la Fédération équestre internationale (FEI) devaient donc se prononcer sur les modifications réglementaires proposées. Finalement, la nouvelle mouture du règlement de la discipline reine des sports équestres - en nombre de concurrents à tout le moins - a été adoptée à 96%. En amont du vote, l’Australien Todd Hinde, directeur du département de jumping de la FEI, s’est exprimé quant au processus de modification des règles, visant à “s’assurer que celles-ci soient robustes, adaptées aux acteurs du sport, claires et cohérentes”, selon le communiqué de l’instance.
Sujet de moults débats ces derniers temps, la modification de l’article 259 du règlement, concernant les sanctions prononcées lorsqu’un saignement est détecté sur un cheval en compétition, a fait l’objet d’un vote spécifique. Encore en vigueur jusqu’au 31 décembre, l’article 251 dudit règlement prévoit que la découverte d’un saignement dans la bouche d’un cheval ou d’une trace de flanc sur ses flancs entraîne l’élimination du couple de la compétition où il était engagé. Toutefois, dans les “cas mineurs, par exemple lorsqu’il semble qu’un cheval se soit mordu la langue ou les lèvres, les officiels peuvent autoriser son entourage à rincer ou essuyer la zone à une seule reprise, après quoi l’athlète peut reprendre là où il en était. En revanche, si une nouvelle trace de sang apparaît, l’élimination est obligatoire”. Au printemps dernier, déjà, lors de son Forum des sports, la FEI avait semblé plutôt encline à amender cette règle, comme le demandait notamment le Club des cavaliers internationaux de saut d’obstacles (IJRC), qui avait fait de la modification de ce point de règlement l’un de ses chevaux de bataille depuis longtemps, et encore plus depuis l’élimination de Pedro Veniss aux JO de Paris. Soutenue notamment par les fédérations irlandaise et étasunienne, la FEI a proposé l’introduction d’un nouveau système d'avertissement officiels pour gérer les cas de saignements en piste.
Que dit exactement la nouvelle mouture du règlement?
Voici donc ce que dispose l’article 259 du règlement de saut d’obstacles dans sa nouvelle monture, qui entrera en vigueur au 1er janvier:
“Toute trace de sang causée sur un cheval par un équipement ou un cavalier et détecté durant une compétition (de l’échauffement jusqu’à la fin de tous les contrôles post-compétition) engendrera l’attribution d’un avertissement officiel à la personne responsable du cheval (qui est toujours le cavalier au sens du règlement FEI, ndlr), la première fois que cela arrive comme la seconde. Si une personne responsable reçoit deux avertissements officiels ou plus dans un délai de douze mois, elle recevra une amende de 1.000 francs suisse et sera automatiquement suspendue pour un mois.[...]
Dans les autres cas où du sang est détecté sur le cheval lors d’une compétition, par exemple si celui-ci semble s’être mordu la langue ou la lèvre ou s’il saigne du nez, les officiels peuvent autoriser son entourage à rincer ou essuyer le sang et le couple à continuer la compétition, à condition que le cheval soit déclaré apte à concourir (voir ci-après). L’athlète ne reçoit alors pas d’avertissement officiel.
Dans tous les cas où du sang est trouvé sur un cheval, celui-ci ne peut continuer la compétition ou prendre part à une autre épreuve du même événement que si le jury de terrain, ayant consulté le délégué vétérinaire, le juge apte à concourir.”
Récemment, cet article de règlement a fait couler beaucoup d’encre, une pétition lancée en Allemagne pour tenter de faire pression sur la FEI en amont de son assemblée générale ayant récolté plus de cinquante mille signatures. Les fédérations britannique et allemande (FN) se sont fendues de communiqués pour officialiser leur désaccord avec la FEI, le président de l’instance germanique, Martin Richenhagen, soixante-treize ans, ayant notamment déclaré qu’il considérait cette modification réglementaire comme “une erreur claire”. Avant de soumettre cet article au vote, où 73,68% des suffrages exprimés l’ont été en faveur de son adoption, Todd Hinde a tenu à rappeler que “sur 340.000 parcours enregistrés cette année, 101 se sont conclus par une élimination liée à la détection de sang, et quatre cavaliers seulement ont été éliminés deux fois pour cette raison.” Aussi, la FEI considère que la nouvelle mouture du règlement “ne réduit pas le niveau de protection des chevaux, mais l'améliore au contraire.”
Désormais, “dès que du sang est observé sur un cheval, celui-ci ne peut être autorisé à continuer la compétition ou prendre part à une autre épreuve du même concours que si le jury, en accord avec le délégué vétérinaire, le considère apte à concourir”, rappelle-t-elle, alors qu’auparavant, un cheval éliminé en raison d’un saignement lors d’une compétition pouvait prendre part à la suivante sans avoir à passer devant un vétérinaire. “Si du sang est détecté à l’échauffement ou n’importe quel autre moment avant que le cheval ne saute son parcours, là encore, il ne peut concourir que si le jury de terrain, ayant consulté le délégué vétérinaire, le juge apte à le faire. En outre, le jury conserve le droit d’éliminer un couple durant un parcours si son président considère que cette décision est dans le meilleur intérêt du bien-être ou de la sécurité de l’un de ses membres.” L’organisation rappelle aussi que le jury reste tenu de prononcer la disqualification d’un couple s’il observe “des marques indiquant un usage excessif des éperons ou de la cravache sur n’importe quelle partie du corps du cheval. [Dans un tel cas,] la FEI peut également lancer une procédure disciplinaire pour maltraitance du cheval [...].” “Nous avons pris connaissance du fait qu’un certain nombre de fédérations ont voté contre notre proposition”, a déclaré la secrétaire générale de la FEI, Sabrina Ibañez. “Les raisons pour lesquelles ils l’ont fait peuvent être différentes, mais nous prenons cela au sérieux et allons procéder à un examen méticuleux pour mieux comprendre leurs préoccupations et y répondre. [...] Nous avons aussi pris note de la requête de plusieurs fédérations souhaitant une approche harmonisée des questions liées au saignement entre toutes les disciplines.”
Un protocole mis à jour en cas de chute
Si cette modification réglementaire a beaucoup attiré l’attention, sans doute au vu du risque qu’elle présente de fragiliser la licence sociale des sports équestres, elle n’est pas la seule à avoir été approuvée, loin s’en faut. Par exemple, une proposition de l’IJRC, de la Confédération équestre panaméricaine (PAEC) ainsi que des fédérations suisse et brésiliennes a conduit à l’ajout d’un alinéa mentionnant que lors de tout Grand Prix tenu en deux manches, l’ensemble des couples ayant signé un sans-faute au premier acte devront désormais obligatoirement être repris au second, quel que soit leur nombre. En outre, les fédérations étasunienne, brésilienne et suisse, appuyées par la PAEC et le Club des organisateurs de jumping internationaux (IJOC), ont obtenu une modification du protocole à suivre en cas de chute. Désormais, un cavalier ne pourra plus remonter à cheval du tout - c’est-à-dire pas non plus sur la piste d’échauffement - avant d’avoir été examiné par le service médical du concours ou un autre médecin. Les fédérations étasunienne et brésilienne, là encore soutenues par la PAEC, ont également vu valider leur requête de cerner les obstacles sans chandeliers, tels que les murs, de fanions se situant au moins 60 centimètres plus haut que le dessus de l’obstacle, ce afin d’éviter tout doute sur le franchissement de ces difficultés. Enfin, on notera que désormais, lorsqu’une Coupe des nations est désignée comme épreuve qualificative pour un Grand Prix, seule sa première manche peut en fait être qualification pour l’événement individuel roi du week-end, dans l’idée de ne pas pénaliser des athlètes qui auraient réalisé une bonne performance mais dont l’équipe ne se serait pas qualifiée pour le second acte.

