L’élimination de Simon Delestre hier à Prague crée des remous

Auteur d’un sans-faute hier en quart de finale des play-offs de la Global Champions League aux rênes de Cayman Jolly Jumper, Simon Delestre a eu la mauvaise surprise de se voir attribuer trente-deux points de pénalité par le jury quelques heures plus tard. La jugulaire de son casque s’est détachée dans la dernière ligne du parcours, ce qui contreviendrait au règlement international de saut d’obstacles. Cette sanction a rétrogradé à la dernière place son équipe, les Guerriers d’Istanbul, privée de la demi-finale et de la finale, proposant une dotation cumulée de 8,5 millions d’euros… Une décision que le Lorrain et ses coéquipiers estiment injuste.



Après avoir signé un parcours sans faute aux rênes de Cayman Jolly Jumper hier soir à Prague, lui permettant de qualifier son équipe des Guerriers d’Istanbul pour la demi-finale des play-offs de la Global Champions League, dotées de 2 millions d’euros, Simon Delestre a déchanté. Le Lorrain était même en train de savourer sa performance autour d’un verre avec son entourage quand, aux alentours de minuit, il a reçu un appel du jury du CSI 5* de Prague l’avertissant que son score avait été alourdi de trente-deux points. Cette décision a rétrogradé à la douzième et dernière place l’équipe qu’il forme notamment avec le Suédois Henrik von Eckermann et le Belge Abdel Saïd, qui avaient quitté la piste avec quatre points chacun. De ce fait, les Guerriers d’Istanbul ont été éliminés de ces play-offs

En piste, la jugulaire du casque de Simon Delestre s’est détachée dans la toute dernière ligne de son parcours, ce qui contreviendrait au règlement de la Fédération équestre internationale (FEI), vis-à-vis de la sécurité des cavaliers. Une décision jugée inacceptable par le Lorrain, qui en a remis en cause le bien-fondé et l’interprétation. Dans les faits, le règlement stipule qu’il est “obligatoire pour toute personne de porter un casque de protection correctement attaché à tout moment lorsqu’elle est en selle. […] Un athlète qui perd son casque ou dont la lanière de retenue se détache au cours de son parcours doit le récupérer et le remettre en place, ou la rattacher si elle se détache. Dans ce cas, l’athlète ne sera pas pénalisé pour s’être arrêté afin de récupérer son casque et/ou de rattacher la lanière de retenue, mais le chronomètre ne sera pas arrêté. Un athlète qui saute ou tente de sauter un obstacle avec une lanière de retenue mal attachée ou non attachée sera éliminé”, explicite l’article 256, précisant toutefois: “Sauf si les circonstances rendent dangereux pour l’athlète de s’arrêter immédiatement afin de rattacher la lanière (par exemple, si elle se détache au milieu d’une combinaison ou à une ou deux foulées d’un obstacle).” 

“Je ne me suis pas rendu compte que ma jugulaire s’était détachée, parce que mon casque n’a pas du tout bougé, et que le jury ne m’a pas signifié que c’était le cas”, a expliqué le Lorrain, qui n’a effectivement pas été sonné par le jury. Rappelons également qu’il était juché sur Cayman Jolly Jumper, un cheval extrêmement sensible et délicat à monter…

L'équipe des Guerriers d'Istanbul ne pourra pas disputer la demi-finale de Prague, qui a lieu ce soir.

L'équipe des Guerriers d'Istanbul ne pourra pas disputer la demi-finale de Prague, qui a lieu ce soir.

© Sportfot



Global Champions se désolidarise du jury

Dans un communiqué publié cet après-midi, Global Champions s’est nettement désolidarisée de cette décision du jury présidé par Stephen Ellenbruch, également président du comité technique de jumping de la FEI depuis 2017 et jusqu’à 2029. “En tant qu’organisateurs, notre priorité est toujours de veiller à ce que les meilleures décisions possibles soient prises pour le sport et la sécurité de toutes les personnes impliquées. Nous sommes pleinement conscients de la situation en question; cependant, selon notre évaluation, il s’agit d’un problème extrêmement mineur. Même les juges désignés n’ont pas identifié le problème pendant l’épreuve. C’est pourquoi nous estimons que cela ne devrait pas influencer le résultat du cavalier ni avoir de répercussion sur le résultat de son équipe lors du quart de finale de la GCL Super Cup. Nous ne sommes ni la FEI ni les juges officiels chargés de faire respecter les règles, ce que nous respectons, mais nous nous devons d’exprimer notre déception face à ces décisions qui ont également un impact significatif sur l’ensemble de l’événement. Les décisions de cette nature affectent non seulement l’équité et l’intégrité du sport, mais aussi le travail acharné et l’engagement des athlètes et de toute notre organisation.”



Deux poids, deux mesures?

Remontés contre cette décision, qui les prive de demi-finale et d’une potentielle finale, soit deux épreuves à la dotation cumulée de 8,5 millions d’euros, les Guerriers d’Istanbul se sont exprimés à plusieurs reprises sur les réseaux sociaux pour dénoncer cette situation et un “deux poids, deux mesures”. “Le casque de notre cavalier s’est détaché malencontreusement et sans action volontaire, mais cela a été considéré comme un motif d’élimination. En revanche, lors du concours de Monte-Carlo, une cavalière de l’équipe Iron Dames (Katrin Eckermann, ndlr) a terminé presque toute l’épreuve avec son casque visiblement détaché, sans qu’aucune élimination n’ait été décidée. Cette incohérence flagrante a un impact direct sur l’équité et l’intégrité de notre sport”, ont-ils d’abord publié sur Instagram.

Quelques heures plus tard, un second communiqué est paru, mettant clairement en cause l’une des membres du jury, l’Italienne Frances Hesketh-Jones Triulzi, qui avait présidé le jury du CSI 5* de Monte-Carlo et qui a été nommée juge étrangère à Prague. “Nous avons appris, avec une profonde déception, que la même juge qui n’avait émis aucun avertissement ni pris aucune mesure disciplinaire pour une situation identique à Monte-Carlo a joué un rôle décisif dans la décision d’élimination rendue à notre encontre hier. Il n’est clairement ni juste ni approprié que le même juge, au sein de la même organisation, rende deux décisions totalement différentes dans des circonstances identiques. Une telle incohérence soulève de sérieuses préoccupations quant à l’impartialité et à la justice.” Pour l’heure, Stephen Ellenbruch, le président du jury, n’a pas donné suite aux sollicitations de GRANDPRIX.



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