La performante et prolifique Klaire d’Honvault s’en est allée
Klaire d’Honvault nous a quittés lundi à vingt-sept ans, au haras des Princes, dans le Pas-de-Calais. Brillante sous la selle de Guillaume Foutrier, dont elle avait lancé la carrière à haut niveau, elle s’était aussi révélée en excellente mère, donnant notamment l’étalon Todt un Prince, vingt-deuxième des championnats d’Europe Longines de Rotterdam en 2019 avec le Danois Søren Møller Rohde, mais aussi Appy Days une Prince et Hileklaire Un Prince, classé en Grand Prix CSI 2* cet été avec Pénélope Leprevost.
Klaire d’Honvault
© Collection privée
Klaire d’Honvault s’en est allée lundi à l’âge de vingt-sept ans au haras des Princes, situé aux Attaques, dans le Pas-de-Calais. “Depuis quelques années, elle vivait au pré, y compris l’hiver parce qu’elle s’y sentait bien mieux qu’au box. Elle partageait une grande parcelle avec deux autres retraités”, raconte Marius Huchin, qui a constaté sa mort lundi. “Quand je suis allé la voir jeudi dernier, je l’ai trouvée différente de d’habitude – je me suis même fait la réflexion, mais elle était encore alerte pour son âge.” Si cette belle alezane avait marqué les esprits des connaisseurs avertis et du grand public avec son atypique lancer d’antérieurs, elle avait surtout brillé par sa régularité exemplaire en concours de saut d’obstacles.
Née le 10 mai 1998 dans les Hauts-de-France, l’ancienne complice de Guillaume Foutrier a obtenu durant trois années consécutives un ISO 170. Si l’on se réfère à l’affixe de Klaire, celui d’Honvault, on situe en premier lieu l’élevage d’Henri-Pierre Delplace sur la côte d’Opale, à cheval entre les communes de Wimereux et de Boulogne-sur Mer. Cet ancien agriculteur, également cavalier et enseignant aujourd’hui disparu, avait transmis sa passion à son fils Arthur, qui a concouru à bon niveau en As Poneys avec Tralala des Salines (IPO 163, PFS, Linaro x Lusty, Co).
Klaire d’Honvault était une fille de Clair de B’Neville (ISO 138, SF, Gaverdi, AAC x Muguet du Manoir), étalon valorisé en concours jusqu’à sept ans et dont la seule autre réussite fut Kalif d’l’Herbage (ISO 153, SF, mère par Jalisco B). L’alezane provient de la précieuse souche de L’Impératrice (SF, Danseur II x Barigoule, AA), sa troisième mère, à qui l’on doit Ugo de l’Anglaie (ISO 172, SF, Tcherco, AA), sacré champion de France Pro 1 avec le regretté Stéphane Delaveau, ainsi que Sweet de l’Anglaie (ISO 137, SF, Jeton de Thurin). Seule fille de L’Impératrice, Venus de l’Anglaie (SF, Grand d’Escla) a produit plusieurs chevaux indicés en compétition dont Kicka d’Honvault (ISO 140, SF, Quick Star), elle-même mère de Trinity de Favi (ISO 136, SF, Mr. Blue) et Vengeur de Favi (ISO 137, SF, Diamant de Semilly). Gitane d’Honvault (SF, Quam de la Lande), la mère de Klaire, n’a que très peu concouru, mais a engendré quatorze produits dont Réplique d’Honvault (ISO 130, SF, Luccianno), Magie d’Honvault (ISO 134, SF, Cook du Midour, AA) et Oasis d’Honvault (ISO 138, SF, Heartbreaker), elle-même mère de Cyndrom un Prince (ISO 143, SF, Guépard de Brekka).
Cette souche maternelle est assez marquée par le sang de Barigoule (1962, Florealys x Lord Bob, Ps), un étalon Anglo-Arabe à l’origine d’une lignée de galopeurs qui fut longtemps stationné au haras de Compiègne. Barigoule a laissé plus de trois cents produits. Nombre d’entre eux se sont distingués sportivement, comme Lama II (ISO 174, SF, mère par Ascot), Îlot A (ISO 162, SF, mère par Tiros, Ps), Fucus du Major (ISO 157, SF, mère par Pré Catelan II, Ps) et Pompée (ISO 156, SF, mère par Diableur) en saut d’obstacles, Gavroche P (ICC 173, CS, mère par Monceaux, Ps) et Istamboul A, (ICC 161, CS, mère par Joram, AA) en concours complet ou encore Œnologue (IDR 149) et Émir de Belle (AA, mère par Licteur, AA) en dressage. Ses qualités intrinsèques ont nourri le stud-book AA mais aussi le SF. On le retrouve ainsi en arrière-grand-père maternel de Kellémoi de Pepita (ISO 183, SF, Voltaire x Jalmé des Mesnuls), médaillée d’argent par équipes aux championnats d’Europe de Madrid, en 2011.
Ici aux championnats d’Europe Longines de Rotterdam en 2019 avec le Danois Søren Møller Rohde, l’étalon Todt un Prince, meilleur fils de Klaire, dégage beaucoup de puissance.
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Une carrière sportive sagement menée et de beaux résultats à l’élevage
Initiée au saut d’obstacles par Henri-Pierre Delplace, son naisseur, Klaire d’Honvault avait participé à la Grande Semaine de Fontainebleau à quatre puis à cinq ans, sans défrayer la chronique. La saison suivante, elle avait commencé à attirer les regards, en particulier celui de Guillaume Foutrier. “Je l’ai repérée à six ans lors du concours de Béthune et j’ai demandé à Henri-Pierre Delplace s’il pouvait me la confier”, s’était souvenu le cavalier nordiste dans un article paru sur GRANDPRIX.info. Un accord avait été conclu l’année suivante, puis le haras des Princes et la famille Huchin avaient acquis la jument après la finale de Fontainebleau. “Klaire était douée d’un respect rare et se montrait très compétitive, mais elle pouvait aussi être rigide. C’est pourquoi nous avons pris le temps de l’amener progressivement vers de belles épreuves.” Guillaume et Klaire avaient réussi un joli doublé à Fontainebleau en remportant successivement le Critérium Pro 2 en 2006 puis le championnat en 2007. Les années suivantes, les victoires et accessits s’étaient enchaînés en Grands Prix CSI 2*, 3* et 4*. “Une année, nous en avions gagné trois de suite (en 2009 à Wisbecq, Verquigneul et Marnes-la-Coquette, de niveau 2*, ndlr). Klaire m’a aussi permis d’honorer ma première sélection en Coupe des nations lors du CSIO 4* de Linz, en Autriche”, avait ajouté Guillaume Foutrier. “Sans oublier notre premier CSI 4* à Arezzo en Italie, où nous avions réussi un double sans-faute dans le Grand Prix et terminé quatrièmes. Klaire était extrêmement régulière et compétitive, elle avait un gros mental.”
Klaire d’Honvault avait mené de front sport et élevage. Ainsi, Ohappie et Oklaire d’Honvault, ses deux premières filles, issues de Happy Villers et obtenues par transferts d’embryon, avaient vu le jour dès 2002. Mariée à Number One d’Iso, Oklaire avait donné le tout bon Uno de Thunes (ISO 146) en 2008. L’année précédente, Klaire avait produit deux embryons, cette fois pour le compte du haras des Princes: Todt un Prince (ISO 159, SF Baloubet du Rouet) et Tarantino Un Prince (L’Arc de Triomphe). À ses débuts, le premier a évolué sous la selle de Véra Benchimol-Brot avant d’être acquis par Ask, l’écurie danoise collaborant avec le cavalier suédois Rolf-Göran Bengtsson, qui l’a monté en 2015 et 2016, en alternance avec le Suisse Andreas Erni. L’étalon approuvé s’est ensuite hissé jusqu’au meilleur niveau international avec le Danois Søren Møller Rohde, terminant septième du Grand Prix CSIO 5* de Falsterbo puis vingt-deuxième des championnats d’Europe Longines de Rotterdam en 2019. En 2010, Klaire avait engendré Appy Days une Prince (ISO 142, SF, Dollar de la Pierre), classée en Grands Prix CSI 2* avec Juliette Faligot.
En 2012, pour le haras de Wisbecq, est née Galantina by Wisbecq (sBs, Belitys de la Demi Lune), aujourd’hui poulinière à Eden Farm, l’élevage de Gaëtan Decroix. De 2014 à 2022, sept autres produits de Klaire et Number One d’Iso, l’étalon maison, sont nés au haras des Princes, dont Hileklaire Un Prince, classé en Grand Prix CSI 2* cet été avec Pénélope Leprevost. Au haras des Princes, Elaiklaire ou Free Days ont pris le relais avec la mission de faire perdurer cette très belle souche. La première a notamment donné Jet Deklair un Prince (SF, Eldorado van de Zeshoek), finaliste du Cycle classique des six ans cet été à Fontainebleau. “Ses autres petits-fils et petites-filles sont encore jeunes, et j’espère qu’ils perpétueront son héritage”, conclut Marius Huchin.

