La mobilisation reste de mise face à l’épizootie d’artérite virale équine

Il y a quelques semaines, les débuts d’une épizootie d’artérite virale équine se sont déclarés dans un centre de reproduction en Normandie. Le Réseau d’épidémiosurveillance en pathologie équine (RESPE) a livré son analyse et ses recommandations pour endiguer au mieux la propagation du virus. Concernée au premier chef, l’Association syndicale des étalonniers privés (ASEP) suit également la situation de près.



“Le 17 octobre, un foyer d’artérite virale équine a été détecté dans un centre de reproduction en Normandie, lors d’un contrôle de routine”, a annoncé le Réseau d’épidémiosurveillance en pathologie équine dans un communiqué de presse paru le 19 novembre dernier. “Cinq examens sérologiques effectués sur des étalons se sont révélés positifs, alors que tous les chevaux concernés étaient négatifs à leur entrée dans le centre et lors des précédents contrôles. Des tests complémentaires - sanguin, rhino-pharyngé et au niveau du sperme - ont été réalisés dès connaissance des résultats positifs et ont révélé que la plupart des chevaux avaient déjà éliminé le virus au niveau respiratoire. Sur les neuf étalons concernés, sept à huit ont cependant continué à être testés positifs dans le sperme. Après analyse de l’ensemble des étalons présents, dix-neuf étalons sont positifs, affectant les filières sport et course de plat en pur-sang arabe. Les pistes de contamination seraient probablement une contamination initiale respiratoire mais aussi possiblement indirecte via le matériel, le personnel ou mannequin de collecte de la semence”.

“Les symptômes classiquement décrits sont fièvre, jetage, larmoiement (signes cliniques assez semblables à ceux de la grippe et de la rhinopneumonie), engorgement des membres, œdème du fourreau et du scrotum, œdème de la face et avortement”, peut-on encore lire dans le communiqué, qui précise toutefois que “l’avortement est une des conséquences cliniques de ce mode de contamination et reste peu fréquent. […] La maladie peut aussi passer inaperçue avec un simple pic d’hyperthermie, voire être asymptomatique.” Quant aux modes de contamination, l’artérite virale équine “se transmet par voie directe, principalement par voie respiratoire. [...] Le second mode de contamination est la voie vénérienne par des étalons ayant contracté la maladie et restant porteurs du virus dans le sperme (environ 40% des étalons)”. En effet, “certains étalons deviennent porteurs chroniques pendant plusieurs années: ils n’ont plus aucun symptôme, ne sont plus contagieux par voie respiratoire, mais excrètent le virus dans le sperme, ce qui compromet leur carrière de reproducteur. Ce statut de porteur dépend de la testostérone et disparaît donc après castration ou suppression hormonale (ou castration chimique, ndlr). Chez les femelles, une fois le passage viral terminé, elles ne restent pas porteuses du virus même si elles restent séropositives”. À noter également que les juments ne transmettent pas le virus à leur poulain via le placenta.



“La direction du centre (de reproduction où ont été détectés les cas positifs à l’artérite virale équine, ndlr) a averti l’ensemble des détenteurs et propriétaires de chevaux ayant stationné sur le site durant la période incriminée”, reprend le communiqué du RESPE. “Tous les propriétaires et détenteurs concernés sont fortement incités à mettre en place un suivi de température pour détecter au plus tôt les équidés malades, mais aussi à effectuer des dépistages sur écouvillon nasopharyngé pour dépister les chevaux infectés mais sans symptôme, dans l’objectif de limiter plus avant la circulation du virus et la propagation de la maladie. En cas de résultat positif, la cellule rappelle l’importance pour les détenteurs et/ou leur vétérinaire de déclarer ces résultats au RESPE, en plus de leur DDPP. [...] Les membres de la cellule de crise incitent à la vigilance et à la mise en place de mesures de précaution pour les élevages et les rassemblements d’élevage et de sport des prochaines semaines, en particulier pour les étalons. Une recherche du virus par PCR sur un écouvillon nasopharyngé (ENP) réalisé dans les 72 heures avant l’arrivée de l’équidé sur site reste recommandée. Concernant les chevaux entiers, ils ne doivent pas présenter d’hyperthermie dans ces mêmes 72 heures et une recherche du virus AVE par PCR doit également être réalisée sur un prélèvement de sang (en plus d’un ENP).” Pour son rendez-vous des prodiges, qui se profile du 11 au 13 décembre au pôle hippique de Saint-Lô, où les étalons de trois ans prendront même part à leur testage dès le 3 décembre, le stud-book Selle Français demande à ce que tous les participants présentent un test PCR nasopharyngé négatif à l’artérite virale équine datant de moins de sept jours pour accéder aux infrastructures manchoises. 

“Dans un monde idéal, il faudrait que tous les étalons soient vaccinés, mais le protocole de vaccination pour l’artérite est relativement lourd et assez coûteux, avec des rappels tous les six mois. Surtout, le laboratoire qui les fabrique n’est absolument pas prêt à en fournir suffisamment pour une telle campagne de vaccination. Aucune nouvelle phase de production n’est prévue dans l’immédiat, et il semblerait opportun que tous les acteurs de la filière se réunissent pour faire part au laboratoire producteur de leurs besoins, déclare quant à elle Élise Mégret, co-présidente de l’Association syndicale des étalonniers privés (ASEP) avec Claire Bresson. “À partir du moment où l’on se rend en compétition, que l’on prend part à des rassemblements et que l’on laisse du public approcher nos chevaux, on se met forcément en risqueajoutent les deux étalonnières. Dans le monde des courses de galop, l’artérite est plus facile à contrôler, parce que les étalons Pur-sang ne courent pas en parallèle de leur carrière de reproducteurs, contrairement à beaucoup de nos mâles. Nous ne pouvons que recommander à tous les acteurs de notre milieu de suivre les recommandations du RESPE, et de bien informer leurs vétérinaires quant à l’épizootie en cours. Dans la mesure du possible, le bon sens dicte aussi d’isoler quelques jours un cheval qui reviendrait d’un rassemblement où il a été en contact avec des congénères. Enfin, lors desdits rassemblements, chacun doit se responsabiliser pour éviter au maximum les contacts avec les équidés qui ne proviennent pas de sa propre structure.”