“Je trouve aussi gratifiant de vendre un cheval que l’on a bien formé que de remporter un Grand Prix”, Dylan Levallois (1/2)

Âgé de vingt-trois ans à peine, Dylan Levallois a remporté fin octobre sa toute première épreuve internationale 4* à 1,50m lors du CSI 4* de Saint-Lô, tout près du haras de Semilly qui l’a vu grandir. Rencontré lors du concours d’Equi Seine, à Rouen, le 22 novembre, le discret Manchois a dressé un premier bilan de sa saison, où il a notamment pu compter sur le puissant Funky Music Semilly et la pétillante Brasilia de l’Abbaye. Il a évoqué le système sportif qu’il construit actuellement avec l’aide de ses parents, ainsi que les autres montures sur lesquelles il pourra compter en 2026.



La saison 2025 touchera bientôt à son terme. Quel bilan en dressez-vous pour l’heure?

J’ai connu un début de saison satisfaisant, marqué par de bons championnats de France Pro Élite avec Funky Music Semilly (tous deux se sont classés huitièmes, fin avril, au Printemps des sports équestres de Fontainebleau, ndlr). Après cela, nous avons participé à plusieurs concours internationaux organisés par GRANDPRIX Events, à savoir le CSI 3* du Touquet Classic, le CSI 4* de Cabourg Classic puis le CSIO 3* Sotheby’s International Realty de Deauville. En tant que jeunes cavaliers, ces concours nous permettent d’apprendre beaucoup, car les parcours sont techniques et la concurrence est là. En milieu de saison, j’ai connu un petit creux car Funky s’est blessé, mais Brasilia (de l’Abbaye, ndlr) l’a assez bien relayé au poste de cheval de tête, si bien que nous avons connu une belle fin de saison. Je monte cette jument depuis l’automne 2022. Avant cela, elle avait déjà concouru à 1,50m sous les selles d’Alexis Gourdin et Arthur Le Vot. Pour ma part, j’ai eu besoin de temps pour former un vrai couple avec elle, mais elle est hyper généreuse, extrêmement respectueuse et très rapide en piste. Durant nos premières années de compétition en commun, nous avons surtout réussi de belles performances à 1,35m et 1,40m. Cette saison, la blessure de Funky l’a propulsée dans une nouvelle position et cela lui a plutôt réussi. En outre, récemment, j’ai la sensation qu’elle a franchi un palier dans son dressage. Comme j’ai plus de contrôle, je peux me permettre de l’engager dans des épreuves un peu plus hautes, ce qui nous a notamment amenés à décrocher notre première victoire à 1,50m lors du CSI 4* de Saint-Lô, fin octobre. 

Remporter votre première épreuve de ce niveau dans le cadre d’un concours de tradition disputé à deux pas de chez vous a-t-il donné un goût particulier à ce succès?

Oui, sans l’ombre d’un doute! Je suis ravi d’avoir gagné ma première épreuve à 1,50m à Saint-Lô, devant tous mes proches. Dans le public, il y avait des personnes qui m’ont connu lorsque je disputais les épreuves Club et Amateurs organisées au Pôle hippique. Brasilia aussi connaît le hall de Saint-Lô par cœur, puisqu’elle y a même participé à un concours de saut en liberté à trois ans! 

Vous venez d’obtenir votre ticket pour le CSI réservé aux moins de vingt-cinq ans tenu la semaine prochaine dans le cadre du CHI de Genève. Quel sentiment cette sélection vous procure-t-elle?

J’ai appris ma sélection vendredi dernier, avec beaucoup d’enthousiasme. Pouvoir concourir sur la piste mythique du CHI de Genève est une grande chance. Cela me permettra notamment de voir les coulisses du Top Ten Rolex IJRC et d’un Grand Prix de ce niveau! Quand je ne serai pas à cheval, je vais sûrement passer du temps au paddock pour regarder les cavaliers du CSI 5* travailler sur le plat et échauffer leurs montures, parce que je pense que c’est un bon moyen d’apprendre et de découvrir d’autres façons de faire.

Dylan Levallois a remporté sa première épreuve internationale à 1,50m avec Brasilia de l’Abbaye lors du CSI 4* de Saint-Lô, fin octobre

Dylan Levallois a remporté sa première épreuve internationale à 1,50m avec Brasilia de l’Abbaye lors du CSI 4* de Saint-Lô, fin octobre

© Pixels Events



“Mettre toutes les chances de notre côté pour que Funky Music retrouve de belles épreuves”

En raison de sa blessure, Funky Music Semilly n’a plus concouru depuis le CSIO 3* Sotheby’s International Realty de Deauville, fin juin. Savez-vous quand il pourra reprendre la compétition?

Nous n’en sommes pas encore tout à fait certains. Pour l’heure, il travaille sur le plat, mais il va pouvoir reprendre le saut d’obstacles en décembre. Nous voulons vraiment prendre notre temps avec lui, car nous croyons beaucoup en son potentiel. S’il est prêt à concourir en début d’année, tant mieux, mais sinon, ce ne sera pas grave. Notre priorité est de mettre toutes les chances de notre côté pour qu’il retrouve de belles épreuves.

Outre Brasilia, et Funky lorsqu’il sera de retour, sur quels chevaux pourrez-vous compter pour disputer des épreuves à 1,45m et plus en 2026?

Tout d’abord, j’ai Good Pleasure Semilly, un étalon que j’aime particulièrement et qui s’est déjà classé dans un Grand Prix à 1,50m (à l’occasion de l’étape du Grand National FFE / AC Print de Deauville, ndlr) cette saison. En 2026, mon objectif sera qu’il puisse vraiment soutenir mes chevaux de tête en CSI 3* et 4*, mais nous voulons surtout prendre le temps de le former pour l’avenir. Fils de For Pleasure, il nous semble très intéressant pour notre catalogue d’étalons, et il est donc plutôt destiné à rester sous ma selle à long terme. Arriver à lui faire franchir le cap des Grands Prix 3* et 4* serait bénéfique pour sa carrière de reproducteur. Je peux aussi compter sur Genesis Semilly, un grand cheval doté de beaucoup de force et montrant un très bon potentiel. J’ai encore Ekano DKS, un étalon gris qui a énormément de qualités. Il a été sacré champion de France à cinq ans (en 2019, ndlr), puis il a souffert d’une seime. Il a eu besoin de temps pour se remettre parfaitement et ensuite, nous n’avons jamais voulu le presser car il est très sensible. Nous espérons pouvoir l’engager lui aussi dans des Grands Prix à 1,50m en 2026. Hawaii Semilly, qui a huit ans, est une jument qui a beaucoup d’énergie, elle est également très généreuse et respectueuse. Elle s’est notamment classée 2ème du Grand Prix Pro 1 à 1,45m à Saint-Lô mi-novembre. C’est pour moi une jument exceptionnelle, a encore besoin de travail pour réussir à canaliser toute son énergie.



“Former des chevaux jusqu’à leur permettre d’être compétitifs”

Votre piquet est notamment constitué d’étalons du catalogue du haras de Semilly, dirigé par vos parents, Anne-Sophie et Richard Levallois, mais pas seulement. Quel type de système souhaitez-vous bâtir? Est-il prévu que le commerce y joue un rôle?

Oui. Bien sûr, certains étalons tels qu’Ekano et Good Pleasure sont destinés à rester chez nous et à être valorisés. Autrement, tous mes chevaux sont potentiellement à vendre, y compris certains mâles, d’ailleurs. En accord avec mes parents, mon but est de former des chevaux jusqu’à leur permettre d’être compétitifs dans de belles épreuves, puis d’envisager de les vendre. C’est indispensable pour qu’une entreprise comme Semilly soit viable financièrement, et pour ma part, je trouve aussi gratifiant de vendre un cheval que l’on a bien formé jusqu’à un bon niveau que de remporter un Grand Prix.

Comment votre piquet s’articule-t-il entre jeunes montures et chevaux d’âge? 

Globalement, j’ai un peu plus de chevaux d’âge, mon objectif étant d’en monter huit ou dix l’année prochaine. Il est difficile d’en avoir plus, car lorsque l’on dispute des concours internationaux, on ne peut en engager que trois ou quatre, au maximum. En parallèle, cette saison, j’entraînais quatre montures de cinq ans et deux de sept ans. Je garderai les premiers en 2026, et je crois beaucoup en eux, donc nous allons essayer de faire les choses vraiment bien. Il n’est pas toujours facile de se partager entre les concours réservés aux jeunes chevaux, qui ont lieu la semaine, et ceux qui sont organisés le week-end. De fait, en accord avec mes parents, j’ai fait le choix de me concentrer sur une seule génération de jeunes chaque année. Comme beaucoup de compétitions appartenant au Cycle classique de la Société hippique française (SHF) ont lieu près de chez nous, cela me permet d’aller en concours avec mes jeunes chevaux une demi-journée par semaine seulement.

La seconde partie de cet entretien sera disponible demain sur GRANDPRIX.info



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