Onze ans après Sanctos, Chadora Lady propulse Scott Brash au sommet du Top 10
Ayant indiscutablement le vent en poupe ces derniers mois en ayant remporté plusieurs victoires significatives en Grands Prix 5* et deux médailles européennes, Scott Brash s’est brillamment imposé dans la finale du Top 10 Rolex IJRC. Grâce à Hello Chadora Lady PS, l’Écossais a revécu l’un des plus grands moments de sa carrière, onze ans après son sacre avec l’inoubliable Sanctos. Parmi les favoris pour le titre, l’Américain Kent Farrington a dû s’incliner sur Toulayna van het Bloesemhof, mais peine encore à avaler la pilule. L’Allemand Richard Vogel était quant à lui sur son nuage grâce au comportement de Cloudio, tandis que le Français Julien Épaillard a bien tenté sa chance sur Donatello d’Auge, mais a dû se contenter d’une nouvelle huitième place.
Scott Brash gravissant le sommet du podium de la finale du Top 10 Rolex IJRC ce soir à Genève: voilà une image qui a ravivé des souvenirs. Il y a onze ans, l’Écossais avait en effet signé la première victoire britannique dans ce sommet hivernal rassemblant les dix meilleurs cavaliers mondiaux du moment. Il était alors associé à son extraterrestre Hello Sanctos van het Gravenhof, qui lui avait offert un doublé remarquable avec une victoire dans le Grand Prix, deux jours plus tard. Si la retraite du bai en 2019 a laissé un grand vide, le double champion olympique par équipes est plus que jamais de retour sur le devant de la scène grâce à trois chevaux d’exception. Cette saison, l’expérience d’Hello Jefferson (ex Jerenmias van het Hulstenhof) associée à la fougue de Hello Folie de Nantuel et de Hello Chadora Lady PS ont en effet propulsé Scott Brash au deuxième rang mondial, au mérite de plusieurs victoires en Grands Prix 5* - dont celui de Calgary - ainsi que de deux médailles d’argent aux Européens Longines de La Corogne, récoltées avec l’alezane née chez Jacques Gouin.
“J’ai monté de façon stupide”, Kent Farrington
Pour mener le tour d’honneur ce soir, Scott Brash a dû déjouer les pièges des chefs de piste Grégory Bodo et Gérard Lachat. Impeccable dans les deux actes, l’Écossais et l’indomptable Chadora Lady ont tout de même joué avec le palpitant du public lors d’un saut acrobatique sur le vertical n°4 de la seconde manche. “Ma jument a vu le double et a pensé qu’il s’agissait de l’obstacle à sauter. J’ai donc dû lui indiquer qu’il fallait tourner un peu brusquement, ce qui a donné un virage un peu brouillon. C’est ma faute, elle a été géniale, même si cela a rendu la suite de la ligne un peu difficile. Je suis en tout cas ravi de son comportement, elle a été super”, a commenté le lauréat, engagé pour la sixième fois dans cette finale.
Dernier prétendant à la victoire, Kent Farrington a pris le départ de l’ultime parcours en sachant qu’il devait réitérer un sans-faute et franchir la ligne d’arrivée en moins de 45’’63. Un peu prudent sur l’avant-dernier effort, un vertical fauché plusieurs fois par les couples précédents, l’Américain a perdu un temps précieux. Avec un ultime tournant plus large que le leader provisoire, le numéro un mondial a finalement dû s’incliner en 45’’79. Comme tout bon champion manquant de peu la victoire, le quadragénaire originaire de Chicago s’est montré agacé de passer si près du but. “J’ai monté de façon stupide”, a-t-il lâché, dans un sourire un brin amer. “Ma stratégie a été mauvaise. Je pensais pouvoir rattraper Scott en comptant sur la rapidité naturelle de ma jument. Je me suis vraiment méfié de l’avant-dernier, ce qui m’a fait faire dix foulées jusqu’au dernier, et non pas neuf, comme les autres”. Ce soir, il se battait pour égaler le record de Steve Guerdat avec trois victoires dans ce rendez-vous.
Piégé sur le vertical n°10 lors de l’acte un, le numéro cinq mondial Richard Vogel a signé un superbe parcours face au chronomètre avec l’aérien Cloudio. De quoi permettre au champion d’Europe de La Corogne de monter sur la troisième marche du podium. “Je suis plus que fier de Cloudio, qui n’aurait pas pu mieux sauter pour sa première participation au CHI de Genève”, s’est réjoui l’Allemand, qui montera le génie United Touch S dans le Grand Prix de dimanche, deux ans après leur inoubliable victoire.
“Il fallait tenter sa chance !”, Julien Épaillard
Bien parti pour figurer sur le podium de sa toute première finale avec un premier sans-faute, Gilles Thomas a finalement amarré au quatrième rang avec la très réactive Qalista DN, piégée sur le si délicat avant-dernier vertical. Vainqueur du Grand Prix l’an passé après avoir joué les Poulidor à de nombreuses reprises, Harrie Smolders s’est classé cinquième avec Monaco, juste devant le champion olympique Christian Kukuk et la géniale Just Be Gentle.
Unique Tricolore au départ, Julien Épaillard a joué le jeu de la vitesse lors de son deuxième passage, malgré une barre à terre en première manche. Avec son produit maison Donatello d’Auge, vainqueur de la finale de la Coupe du monde de Bâle, le Normand a alourdi son score en faisant lui aussi tomber le vertical aux couleurs du Club international des cavaliers de saut d’obstacles (IJRC). “Nous étions là pour nous amuser, il fallait tenter sa chance! Face au vertical, la distance était osée, ça n’est donc pas passé. Il s’agit quoi qu’il en soit d’une superbe épreuve, qui est aussi une belle récompense après une bonne saison”, a déclaré le médaillé olympique au micro d’Alban Poudret.
“Qu’importe ma décision, il y a de grandes chances pour que je finisse par la regretter !”, Scott Brash
Avec un premier sans-faute, Steve Guerdat a fait espérer son public, mais son fidèle Venard de Cerisy et lui ont finalement emporté les n°4 et n°6, ce qui les a relégués au septième rang. Il s’est toutefois dit conscient du privilège qu’il avait de prendre part à cette épreuve malgré deux périodes de convalescence consécutives à des opérations pour des hernies discales cette saison. “Face au chronomètre, nous manquons encore de repères et de condition, particulièrement face aux meilleurs du monde. […] La motivation est quant à elle au beau fixe !”
Ben Maher, lui, a connu une soirée difficile, marquée par une chute. Face au vertical n°6 de la seconde manche, abordé en tournant à l’intérieur d’un autre obstacle, sa championne olympique par équipes Dallas Vegas Batilly a refusé, désarçonnant le multimédaillé. “Dallas est très délicate et il se trouve qu’elle était encore plus sensible aujourd’hui que d’habitude au niveau de la bouche. Je ne l’explique pas, ce n’était tout simplement pas notre soirée !”, a-t-il commenté.
Conscient d’être dans une situation “exceptionnellement favorable” avec trois chevaux de premier rang, Scott Brash n’a pas encore dévoilé son choix pour le Grand Prix dominical, dans lequel il tentera de poursuivre le Grand Chelem - qu’il est le seul à avoir réussi il y a dix ans - après sa victoire à Calgary. “C’est une décision difficile à prendre. Jusqu’à ce soir, j’hésitais car Hello Folie a beau être exceptionnelle, elle a moins d’expérience que Hello Jefferson, que je connais sur le bout des doigts. Qu’importe ma décision, il y a de grandes chances pour que je finisse par la regretter(Rires)”. Bien qu’Écossais, Scott Brash, qui veut conserver le suspense, a réussi une belle réponse de Normand lors de la conférence de presse!
Les résultats
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