Dalma Rushdi Malhas a réalisé son rêve romain
Hier après-midi à Rome, huit cavalières ont pris part au Grand Prix d’Italie, l’une des plus prestigieuses épreuves au monde. Huit, dont une qui débutait à ce niveau, avec l’objectif de bien figurer et de parachever son merveilleux rêve romain. Cette jeune championne n’est autre que Dalma Rushdi Malhas, l’une des très rares femmes à représenter l’Arabie saoudite dans l’univers du sport international. Une femme dont on n’a sûrement pas fini d’entendre parler.
La charmante amazone de vingt-cinq ans s’est donc qualifiée à la régulière pour disputer ce Grand Prix. Créditée de quatre sans-faute aux obstacles (deux fois zéro et deux fois un point) en six épreuves avec ses Selle Français Toscanini Malpic et Oural de la Roque ainsi que son KWPN Dalphons V, elle s’est montrée amplement à la hauteur de… son tout premier CSI 5*. «Tout s’est passé pour le mieux. Je n’ai rien raté hormis le Petit Grand Prix de samedi après-midi. Lors de chaque épreuve, j’ai essayé de faire de mon mieux et surtout de prendre de l’expérience en montant aux côtés des meilleurs cavaliers du monde», avoue-t-elle humblement.
Médaillée en 2010 aux JO de la Jeunesse
Pour les aficionados de sport, le nom de cette cavalière est loin de sortir de nulle part. En 2010 à Singapour, elle avait crevé l’écran en terminant troisième des Jeux olympiques de la Jeunesse, associée à Flash Top Hat. Dès lors, les projecteurs du monde entier s’étaient braqués sur ses performances et sur les décisions du Comité olympique saoudien, les défenseurs des droits de l’homme – et de la femme – nourrissant le secret espoir qu’elle fût la première athlète féminine à représenter son royaume aux Jeux olympiques deux ans plus tard à Londres. Hélas, ce rêve si hautement symbolique n’avait pu se concrétiser en raison d’une blessure de Caramell KS, le cheval qu’elle préparait pour cette échéance.Pour autant, Dalma Rushdi Malhas n’a pas baissé les bras, s’attachant à parfaire son équitation dans les écuries de Fursan à Gouvieux, près de Chantilly, où tant de grands noms sont passés avant elle, de Janou Lefèvre à Marie Courrèges en passant par Nelson Pessoa, Manuel Malta da Costa et Gilles Bertran de Balanda. Loin de sa famille, elle a poursuivi sa route avec différents chevaux jusqu’à tomber sur ceux qu’elle monte actuellement. L’an passé, elle avait disputé son tout premier CSIO 3*-W à Rabat au Maroc. Cette année, les choses se sont accélérées au cours d’une belle préparation qui a mené Dalma à Mijas en Espagne, puis à Arezzo et San Giovanni in Marignano en Italie, où sa cinquième place dans un Grand Prix CSI 4* – le premier de sa carrière – avec Toscanini a vraisemblablement convaincu sa Fédération nationale de la sélectionner pour cet Officiel d’Italie. Entretemps, elle a découvert le magnifique stade François-André de La Baule en prenant part au CSI U25 disputé en marge de l’Officiel de France.
En terrain connu dans les jardins de la Villa Borghèse, une piste qu’elle avait déjà foulée en tant que Junior dans des épreuves nationales, Dalma a concrétisé l’un de ses rêves d’enfant ce week-end. «J’ai vécu à Rome pendant cinq ans. Ma grand-mère est romaine. Même si mes parents sont établis en Arabie saoudite, cette ville est un vrai point d’ancrage pour notre famille. J’étais déjà venue plusieurs fois à Piazza di Siena en tant que spectatrice et une fois à cheval. Avoir l’opportunité de monter dans le CSIO 5* était un rêve que je me sens très chanceuse d’avoir concrétisé. J’essaie d’en profiter pleinement et de continuer à apprendre au contact des meilleurs.»
Rendez-vous en 2020 à Tokyo ?
Avant de s’élancer dans le difficile Grand Prix d’Italie, Dalma Rushdi Malhas a reconnu précautionneusement le parcours en compagnie de Roger-Yves Bost, qui l’entraîne et la coache avec succès depuis décembre 2016. «J’écoute tous ses conseils. Bosty est une personne exceptionnelle et un excellent coach, très précis et à l’écoute. Son style n’est peut-être pas le plus académique, mais il travaille de manière très méthodique, et ses chevaux sont très bien dressés. C’est une équitation très simple, moderne et rapide. J’ai beaucoup à apprendre de lui. Il vient m’entraîner à la maison une fois par semaine. Parfois, c’est moi qui me rends chez lui à Barbizon. Pour les concours, c’est plus compliqué car nos programmes ne sont pas toujours compatibles, mais nous faisons de notre mieux. En tout cas, ça fonctionne très bien. Je suis vraiment ravie.»La jeune cavalière participera-t-elle aux prochains Jeux mondiaux ou olympiques ? «C’est évidemment le rêve de tout cavalier, mais pour l’instant, j’avance étape par étape, saut après saut». Elle ambitionne plus humblement une sélection aux Jeux asiatiques de 2018, qui se dérouleront à Djakarta en Indonésie. «Je ressens un vrai soutien de ma Fédération, qui s’est d’ailleurs traduit par ma sélection individuelle ici.» Pour autant, compte tenu de ce qu’elle a montré à Rome, son chemin pourrait bien la mener à Tokyo, aux JO de 2020. Même si quatre athlètes saoudiennes avaient pris part à ceux de Rio l’an passé, en matière d’égalité des sexes, il reste encore du chemin à faire, dans ce pays comme dans bien d’autres à travers le monde.
Revivez le parcours de Dalma et Toscanini dans le Grand Prix CSIO 5* de Rome