’’Tout ça a bien failli me tuer !’’, Nick Skelton

En août dernier, Nick Skelton est devenu le plus vieux champion olympique britannique depuis 1908, à cinquante-huit ans et deux cent trente-trois jours, en remportant la médaille d’or individuelle en saut d’obstacles, avec son exceptionnel Big Star. En lice pour le Laureus World Breakthrough of the Year, il revient sur son parcours olympique.



Que représente pour vous le fait d’être nominé aux Laureus World Sports Awards ?
Nick Skelton : J’en suis très heureux, d’autant plus que je suis en lice parmi des légendes du sport (en lice également le nageur américain Michael Phelps, ndlr).
 
Aviez-vous déjà imaginé vous retrouver en competition avec des sportifs comme Michael Phleps ou Martin del Potro pour un même prix ?
N. S. : C’est à la fois très bizarre et très agréable !
 
Pourquoi, selon vous, les Laureus Awards sont-ils si prestigieux ?
N. S. : Se dire qu’on est jugé par des légendes du sport international est très excitant. Sir Booby Charlton (l’un des membres de l’académie Laureus, ndlr) était l’un de mes héros quand j’étais à l’école !
 
Aux Jeux olympiques de Rio, vous avez signé une performance magnifique ! Quel est votre souvenir le plus marquant ?
N. S. : Mon meilleur souvenir est sans aucun doute le moment où je suis monté sur le podium, et que je me suis dit que j’avais enfin réussi après sept Jeux olympiques et quarante-et-un ans en tant que cavalier, alors que tout ça a bien failli me tuer !
 
Avez-vous pensé une fois à la médaille d’or avant d’aller à Rio ?
N. S. : Absolument. Je pensais vraiment que je pouvais gagner. Je savais que j’avais le meilleur cheval et j’ai totalement confiance en Big Star. C’est le meilleur cheval que j’ai jamais monté et il sait quoi faire pendant les grandes occasions. Il se donne à fond, peu importe ce qu’il se passe. Il a une personnalité fantastique et un tempérament brillant, surtout pour un étalon. Depuis huit ans que je le monte, il ne m’a jamais laissé tomber.
 
Pourtant, il y a près de vingt ans, vous avez été victime d’un grave accident à cheval, et vous êtes retrouvé avec le cou brisé…
N. S. : Toutes mes blessures sont dues au cheval ! J’ai eu deux fractures de la clavicule, une main cassée, une jambe cassée, une épaule cassée, deux opérations du genou pour un cartilage déchiré, des problèmes de bras, le cou cassé et une prothèse de hanche. Je souffre également de mal de dos chronique. En septembre 2000, j’ai eu la vertèbre C1 brisée à deux endroits et les chirurgiens m’ont dit que je ne remonterai jamais à cheval et que je ne pourrai pas non plus conduire à nouveau. Mais après deux ans de rééducation, monter à cheval me manquait et je me sentais beaucoup mieux. J’avais un excellent cheval, Arko III, que je voulais emmener aux Jeux olympiques d’Athènes, en 2004. Je me souviens de la première fois où je me suis remis à cheval après deux ans : je suis tombé, me suis relevé, me sentais bien et suis remonté sans jamais revenir sur ce qui m’était arrivé. Aujourd’hui encore, je ne pense jamais à ce qui m'est arrivé. Je crois que si j’y repensais, je ne pourrais pas monter avec la même confiance.
 
Vous aviez cinquante-huit ans à Rio. Vous voyez-vous aux Jeux olympiques de Tokyo, en 2020, ou est-ce la fin de votre carrière olympique ?
N. S. : J’ai maintenant cinquante-neuf ans et je pense que c’est possible d’aller aux JO si vous avez le bon cheval et que vous êtes assez en forme. Mais, en 2020, Big Star aura dix-sept ans et je pense qu’il ne sera plus dans sa meilleure forme et que ce ne serait pas très juste de lui demander d’y retourner. Je pense que ma carrière olympique est terminée.