“Mes cavaliers colombiens m'ont enchanté !”, Hervé Godignon

Hervé Godignon est un chef d'équipe comblé ! Aujourd'hui à Barcelone, ses cavaliers colombiens Carlos Enrique et René Lizarazo Lopez, Nicolas Toro et Juan Manuel Gallego se sont en effet qualifiés pour l'épreuve reine de la finale des Coupes des nations Longines. Une performance pour la nation sud-Américaine, que peu attendaient si haut ! Dimanche, les vestes bleues au col jaune seront donc en lice pour tenter de décrocher un ultime ticket pour les Jeux olympiques de Tokyo 2020, face à l'Irlande et l'Italie. À l'issue de ce premier rendez-vous, le Français s'est confié à GRANDPRIX. 



Vos cavaliers colombiens sont qualifiés pour la finale de dimanche sont donc encore en lice pour décrocher pour les Jeux olympiques de Tokyo. Qu’avez-vous pensé de leur prestation aujourd’hui ? 
Je suis plus que satisfait ! À mon avis, sur le papier, peu de gens nous auraient imaginés en finale et encore moins dans le haut du classement provisoire. Les cavaliers m’ont enchanté. Ils ont tous monté comme des champions ! 
 
Comment avez-vous composé votre équipe avant de venir ?
J’ai un peu pris les survivants, car nous avons eu une succession de problèmes. Par exemple, Nicolas Toro était prévu comme cinquième de l’équipe. Le quatrième devait être Dayro Arroyave. En seulement un mois et demi, il venait de former un couple performant avec Jimcy du Lys, que son propriétaire Sadri Fegaier a bien voulu lui prêter. Ils se sont entendus immédiatement. Lors de leur dernier concours à Saint-Tropez (du 19 au 22 septembre, ndlr), tous deux ont réalisé un sans-faute dans le Grand Prix CSI 4*, mais en sortant de piste nous avons vu que le cheval n’était pas totalement carré. Après des examens, nous avons constaté une blessure au niveau d’un tendon suspenseur. Nicolas Toro, qui manque vraiment d’expérience à ce niveau, est donc rentré dans le quatuor et il a plus que joué son rôle ce qui est très satisfaisant. J’ai des cavaliers fantastiques. Le problème, c’est que notre fédération n’est absolument pas dirigée vers le sport. Depuis des années, les cavaliers ont donc pris l’habitude de s’organiser tous seuls, de se trouver des sponsors et de faire des concours individuellement, sur des circuits comme le Longines Global Champions Tour par exemple. Ils ont perdu l’habitude de travailler en équipe. Je pense qu’aujourd’hui, ils sont tous partis en se disant que c’était quand même fantastique. Pour moi, il n’y a rien de plus beau que les épreuves par équipes.
 
Votre rôle a donc été de recomposer un groupe…
Absolument. J’ai un gros effectif installé aux États-Unis, avec Juan Manuel Gallego (auteur d’un parcours pénalisé de cinq points aujourd’hui avec Fée des Sequoias Z, ndlr) par exemple. Lui a joué le jeu toute l’année. Il a été aux Jeux panaméricains, ce qui n’a pas été le cas des autres. Avec une équipe similaire à celle d’aujourd’hui, nous aurions pu décrocher notre ticket pour Tokyo à ces Jeux de manière beaucoup plus confortable. 


“Il faut encore aller se coltiner les Irlandais et les Italiens, ce qui n’est pas rien”

Pourquoi les cavaliers qui sont ici n’ont pas joué le jeu pour les Jeux Panaméricains ?
Il y a eu pleins de raisons. René s’est cassé les cotes juste avant, et c’était trop tard pour trouver quelqu’un d’autre car les engagements définitifs étaient faits. Concernant Carlos, je ne sais pas exactement ce qu’il s’est passé. Mais bon, comme je dis toujours, on ne va pas regarder dans le rétroviseur, on va regarder dans la longue vue. 
 
Vous attendiez-vous à ce que Juan Manuel Gallego réalise une telle performance aujourd’hui ? 
Je m’attendais à ce qu’il fasse ce score au maximum. Je comptais plus sur un sans-faute, mais c’est le sport. Sa jument a beaucoup de force, et elle est dans la fleur de l’âge. Il s’agit vraiment un couple d’avenir et c’est un cavalier qui peut être un véritable leader pour l’équipe. Pour moi, un leader n’est pas seulement le meilleur cavalier du monde, c’est aussi celui qui motive les autres, qui joue le jeu de l’équipe et qui montre l’exemple. 
 
Savez-vous pourquoi Carlos Lopez a monté le Grand Prix du CSI 4* de Saint Tropez à une seule main le 22 septembre ? 
Il faudrait lui poser la question (rires) ! C’est son petit truc en ce moment. Il a découvert ça et il sent que sa jument saute bien ainsi. Il m’arrivait à l’entrainement de monter à une main pour travailler mon indépendance des aides. Mais de là à monter le Grand Prix de cette façon… c’est peut-être un petit peu trop ! Je lui ai suggéré aujourd’hui de prendre ses rêves avec deux mains aujourd’hui (rires) !
 
Quels vont être le programme et les consignes d’ici dimanche ? 
Nous allons essayer de rester un peu dans une bulle et de pas nous enflammer. Il ne faut pas bouder son plaisir, mais il ne faut pas s’enflammer non plus, nous n’avons passé que la première étape. Maintenant, il faut encore aller se coltiner les Irlandais et les Italiens, ce qui n’est pas rien. En ce qui concerne mes cavaliers, je ne suis pas craintif. Après, c’est le sport… Les choses peuvent tourner à notre avantage aujourd’hui et peuvent tourner au leur dimanche.