Vers une révision de la notation en dressage ?

En novembre 2018, un groupe de travail sur le jugement en dressage, mis en place par la Fédération équestre internationale (FEI), a proposé dix-neuf recommandations pour obtenir une notation plus transparente et plus juste. Mais le Club de cavaliers de dressage internationaux (IDRC) craint que certaines de ces décisions soient mises de côtés par la FEI et propose aux dresseurs de répondre à une enquête afin d'être entendu par l'instance internationale.



Le 8 novembre dernier, le groupe de travail sur le jugement en dressage (DJWG) a rendu son verdict. Dix-neuf mesures ont été conseillées pour permettre à la fois une meilleure lisibilité mais aussi une plus grande transparence des notes de dressage, que ce soit au niveau professionnel ou amateur. Toutefois, Kyra Kyrklund, présidente du Club international de cavaliers de dressage internationaux (IDRC) craint que la FEI ne donne pas suite à ces suggestions concernant la réglementation. Celle-ci a donc mis en place une enquête en ligne, ouverte à tous les amateurs de dressage, espérant que cela puisse appuyer les mesures conseillées par le groupe de travail et prouver l'utilité de telles mesures afin de “faire passer le dressage au vingt-unième siècle”, comme l'explique Kyra Kyrklund.
 
Ce groupe de travail a justement été ouvert à la suite d'une action de l'IDRC qui avait déjà proposé une enquête. Celle-ci avait rassemblé plus de trois mille passionnés afin de participer à l'amélioration du système d'évaluation en dressage. À la suite de la publication de l'enquête, la FEI avait pris la décision de mettre en place un groupe de travail (DJWG) afin de prendre des mesures concrètes pour permettre au système de notation d'évoluer. Le DJWG était composé de Frank Kemperman, président du comité de dressage FEI, de Bettina de Rham, directrice du dressage, du para-dressage, de la voltige et du reining à la FEI, de Kyra Kyrklund, et d'autres personnalités éminentes du dressage. De ce travail est d'abord ressorti cinq principes essentiels pour faire évoluer le dressage et sa notation : la transparence, l’intelligibilité du jugement, un souci de justesse, une volonté de simplification, et une facilité d'ajustement des règlements. Sans nier l'évidence de la subjectivité du travail des juges, le DJWG a souhaité proposer des dispositions afin d'optimiser les jugements en les rendant plus compréhensibles, plus objectifs et de ce fait plus justes, en s'appuyant notamment sur d'autres sports où la notation est omniprésente.
 
Mais la Présidente de l'IDRC s'inquiète toutefois que certaines mesures puissent embarrasser la FEI et qu'elle ne choisisse pas d'en prendre compte en avril lors du Forum des sports, où ces mesures seront discutées : “Un certain nombre de membres du jury et de fédérations nationales semblent être plus soucieux de maintenir le statu quo que de prendre les mesures nécessaires pour mettre en place un système d'évaluation aussi juste, objectif et transparent que possible. C'est pourquoi nous souhaitons donner au Forum sportif FEI un aperçu de la façon dont vous, les dresseurs, les juges, les entraîneurs, et spectateurs, pensez à certaines des recommandations les plus influentes et les plus controversées”,a-t-elle ajouté. 
 
Ces mesures qui font débat mettent l'accent sur plusieurs choses. Dans un premier temps, sur l'aspect cognitif du jugement. Autrement dit, le DJWG recommande de réduire au maximum les éléments extérieurs qui pourraient influencer illégitimement la décision d'un juge, comme par exemple de revoir à la baisse l'importance du classement mondial lors des compétitions. Dans un deuxième temps, ce qui est attendu des dresseurs doit selon eux être plus clair et distinct. Et de fait, la notation doit également être rendue moins opaque et le niveau des compétitions doit être revu. En troisième lieu, le groupe de travail appelle à créer des lignes directrices au sein de la FEI, notamment afin de mettre en place un code pointage propre au dressage (ceci existe déjà en voltige). Ce dernier a pour but d'expliquer ce qui est autorisé ou non en termes d'équipement et d'entraînement, mais aussi de clarifier ce qui est précisemment attendu des figures demandées, et ce, adapté à chaque position de juge. Le code de pointage encadre ainsi non seulement les cavaliers et leur entourage mais également les juges, permettant ainsi de clarifier le jugement final. En quatrième point, le DJWG propose un système de notation différent, avec la possibilité de ne pas utiliser de modèle de correction du score fondé sur un pourcentage, car cela peut susciter des inégalités. Le dernier élément consiste en une surveillance plus accrue des juges avec par exemple la proposition de fonder un groupe consultatif de juges qui serait une évolution du groupe de surveillance des juges actuel.