La France prouve sa bonne forme avant le CDIO de Rotterdam

Ce week-end, l’équipe de France de dressage avait rendez-vous à Compiègne pour le premier CDIO 5*. L’occasion de faire un premier point sur la forme des couples, qui se sont tous globalement bien comportés sur le Grand Prix, malgré quelques petites déceptions du côté de Stéphanie Brieussel et Pierre Volla. Pour autant, les quatre couples ont montré de jolies choses pour l’avenir et poursuivent leur préparation en vue des Jeux olympiques de Rio.



"Nous sommes encore dans les réglages, nous apprenons encore à la connaître", explique Pierre Volla à propos de sa belle Badinda.

"Nous sommes encore dans les réglages, nous apprenons encore à la connaître", explique Pierre Volla à propos de sa belle Badinda.

© Scoopdyga (archives)

Samedi, Stéphanie Brieussel et Amorak, Ludovic Henry et After You, Pierre Volla et Badinda Altena ainsi que Karen Tebar et Don Luis avaient rendez-vous à Compiègne pour la première grosse compétition par équipes de la saison. Dans le Grand Prix, c’est Stéphanie Brieussel qui a ouvert la danse. Malgré un Amorak très tendu, la Francilienne sort de piste avec l’encourageante moyenne de 66.060%. De quoi rester positive : ’’Je crois que tout le monde a pu contaster que j’étais sur un cheval un peu chaud et émotif à la détente. En piste, j’ai géré comme j’ai pu mais je crois que je ne me suis pas si mal débrouillée malgré tout. J’ai fait une erreur de détente, je pense ne pas avoir détendu au meilleur endroit pour lui. J’ai quand même réussi à dérouler mon Grand Prix du début à la fin, avec un juge qui ne met pas beaucoup de points.’’ Deuxième cartouche tricolore, Ludovic Henry a quant à lui offert une belle surprise aux juges, aux spectateurs et à l’équipe, dépassant allègrement la barre des 70% pour aller chercher la moyenne de 71.440% L’une des meilleures reprises qu’il ait signées avec son bel After You. ’’ Le cheval n’a pas fait de faute technique, il était très expressif. Tout ce que nous sommes en train d’affiner en matière de détails avec Jan depuis trois ou quatre concours paye. Nous avions déjà eu de bons résultats aux CDI 5* de Dortmund et CDI 4* de Hagen, où nous avions encore fait des ajustements. Là, nous arrivons tout doucement au meilleur timing avant, pendant et surtout durant les dix jours avant.’’

Pierre Volla en revanche, troisième cavalier en piste avec la bouillonnante Badinda Altena, a un peu fait les frais de l’énergie à revendre de sa jolie blonde, sortant de piste avec 67.160%. ’’C’est une petite déception mais je suis dans le stade un petit peu en-dessous de Ludovic. Nous sommes encore dans les réglages, nous apprenons encore à la connaître et nous essayons de trouver un chemin avec Jan. Par contre, une partie du travail de cet hiver a payé, notamment dans les changements de pieds et dans certains mouvements où elle s’est bien comportée. Il faut que nous trouvions comment régler tout cela, c’est peut-être la détente, mais peut-être pas.’’ Véritable locomotive de cette équipe de France, Karen Tebar a quant à elle tenu son rang, offrant une magnifique reprise malgré deux trébuchements de Don Luis, et la belle moyenne de 75.060%. ’’Je suis très contente de mon épreuve. C’est un nouveau record. Ce qui m’a beaucoup plu, c’est le passage-piaffer mais aussi les choses que nous avons travaillées depuis Hagen, comme les pirouettes par exemple. Lorsque j’ai vu ma vidéo, j’ai été assez fière de mes changements de pied au temps, c’était fluide et droit.’’


’’C’est très important que les juges voient que nous en sommes capables’’

’’Avec Ludovic, nous avons trouvé un système qui nous donne une certaine assurance dans l’entraînement et dans la préparation pour l’épreuve", explique Jan Bemelmans.

’’Avec Ludovic, nous avons trouvé un système qui nous donne une certaine assurance dans l’entraînement et dans la préparation pour l’épreuve", explique Jan Bemelmans.

© Scoopdyga (archives)

Des prestations qui ont fait de Jan Bemelmans un sélectionneur satisfait de ses troupes et de leur troisième place dans la Coupe des nations, à deux points de la redoutable Suède de Patrik Kittel. ’’Je suis très content ! Au début de l’année, nous n’avons pas fait trop de concours car nous avions les concours sélectifs à préparer. Nous avons donc démarré un peu tard. C’est le premier CDIO de l’année pour tout le monde. Comme disait Pierre, avec Ludovic, nous avons trouvé un système qui nous donne une certaine assurance dans l’entraînement et la préparation de l’épreuve. Je ne sais pas si cela marchera toujours à 100%, mais c’est quelque chose que nous sommes en train de trouver avec mes cavaliers. Il y a toujours des choses à travailler, mais si nous n’osons pas, comment espérer arriver à un bon contrôle ? Nous cherchons donc un système qui nous rassure avant d'entrer en piste. Avec Karen et Ludovic, je crois que nous sommes sur la bonne route.’’

Même satisfaction du côté d’Emmanuelle Schramm, directrice technique nationale adjointe en charge du dressage. ’’Le résultat c’est un podium, une troisième place par équipes dans une épreuve où il y avait huit nations et où personne n’avait envie de laisser sa place. En termes de résultat pur, nous sommes bien sûr très contents.’’ Car ce premier CDIO de l’année a permis de montrer que la France pouvait enfin être prise au sérieux, présentant une bonne délégation. ’’Ce week-end, les Américains avaient quand même une forte équipe’’, analyse Sophie Dubourg, directrice technique nationale. ’’Je ne sais pas si ce sera leur équipe olympique, mais a priori oui. Par rapport à notre classement aux championnats d’Europe, nous avons sûrement trois équipes à ajouter devant nous sur le classement mondial. Aussi, nous n’étions pas très loin de quelques équipes européennes.’’

Désormais, Jan Bemelmans et ses cavaliers ont le regard tourné vers Rotterdam, dernière compétition par équipes avant Rio. ’’Nous allons continuer à trouver le bon chemin. C’est très important que les juges voient que nous en sommes capables, même quand il y a des fautes. Les quatre chevaux peuvent facilement passer les 70%, nous sommes quand même un sérieux concurrent’’, explique Jan Bemelmans, qui misera sur les quatre mêmes couples aux Pays-Bas. ’’En tant qu’entraîneur, je crois que c’est bien de remettre cette équipe. Cela va rassurer les cavaliers. Si je change toujours la sélection des cavaliers cela va donner une certaine nervosité et ils vont exagérer l’entraînement. D’ici le Master Pro de Vierzon (dernier concours sélectif fixé par le staff fédéral, ndlr), la porte est néanmoins toujours ouverte aux autres.’’ ’’Sur le plan du planning de préparation, nous sommes, comme dit Jan, sur le chemin. Certains sont plus avancés dans l’affinage de cette préparation, tandis que nous continuons avec d’autres’’, détaille Emmanuelle Schramm. ’’La performance nous intéresse, mais c’est surtout la préparation qui compte puisqu’il s’agira d’être au top cet été.’’

Seul bémol de ce week-end pour le clan tricolore, l’annulation du Grand Prix Spécial, dans lequel devait courir Pierre Volla et Stéphanie Brieussel, et le changement de dernière minute dans l’organisation de la Reprise Libre en Musique -devenue optionnelle- dans laquelle Karen Tebar et Ludovic Henry ont préféré ne pas se lancer. ’’Nous avons rectifié les problèmes rencontrés dimanche matin, c’était très bien, mais malheureusement, nous n’avons pas pu aller jusqu’au bout à cause des conditions météorologiques. Je suis un peu frustrée pour aujourd’hui mais bon !’’, relativise Stéphanie Brieussel. ’’Je suis satisfait, mais un peu déçu pour les organisateurs de ne pas avoir couru la Reprise Libre en Musique parce que c’est un très beau concours. Il y avait beaucoup de monde samedi’’, regrette Ludovic Henry. ’’Il n’y avait pas vraiment d’objectif pour la RLM, nous sommes encore très concentrés sur le Grand Prix. Elle était là pour confirmer le travail de détente et de préparation du cheval.’’

Sophie Dubourg aussi a déploré la fin prématurée de la compétition. ’’Nous avons très peu d’échéances où nous pouvons nous confronter à un plateau mondial. Nous avons la chance que la Coupe des nations soit organisée ici, à Compiègne, en France, et qu’elle attire de belles nations. Nous sommes également très frustrés par le scénario de dimanche parce qu’il nous manque quelques éléments de comparaison et réponse.’’