Robinson de Lafont*de Massa, itinéraire d'une fulgurante ascension

Dans la nuit de jeudi à vendredi, Robinson de Lafont*de Massa, le compagnon d'Arnaud Serre, a succombé a une violente crise de colique. Une disparition inattendue qui a laissé un vide le monde du dressage et sport tricolore, qui a vu disparaître l'un des piliers de l'équipe de France. Retour sur la fulgurante ascension du couple, arrivé au meilleur niveau en seulement trois ans.



Propriété de Sylvain Massa, c'est en 2010 que Robinson a débuté la compétition sur les épreuves Jeunes Chevaux et Amateur 2 sous la selle de Renaud Ramadier, cavalier de l'élevage Massa. Mais il ne le montera que quelques semaines, passant vite le relais à Arnaud Serre, qui le démarre sur des épreuves Pro 2. En fin d’année, le sudiste décide d’engager le Lusitanien sur ses premiers concours internationaux et le couple fait ses débuts sur le Petit Tour. Il ne faut que quelques concours au couple pour accéder aux épreuves Grand Tour. Le 3 mars 2013, le couple sort ainsi de son premier Grand Prix avec la moyenne de 61.106% à l’occasion du CDI 3* de Vidauban. ’’Robinson est jeune et généreux, mais il peut se met en colère’’, expliquait Arnaud Serre en avril 2015, interrogé dans Grand Prix Magazine.
La progression du couple est fulgurante. Fin 2013, Arnaud Serre et Robinson sortent ainsi de piste avec la moyenne de 65.851% dans le Grand Prix Pro Élite de Saumur. Un temps pressenti pour représenter la France aux championnats d’Europe de Herning, au Danemark, il leur faudra finalement attendre encore un peu. Début 2014, c’est avec la note finale de 68.880% que le couple sort de piste dans le CDIO 3* de Vidauban. Quelques mois plus tard, il décroche 69,860% dans le Grand Prix du CDIO 5* de Rotterdam avant de finalement passer la barre des 70% (70,540%) à Deauville, fin juillet.
Voilà de quoi assurer leur place en équipe de France pour les Jeux équestres mondiaux de Caen. Après une première grosse crise de colique, qui manque des les priver de leur place à Caen, ils y signent finalement leur meilleure performance, une vingtième place en individuel, grâce un Grand Prix à 72.840%, ovationnés par le public. ’’Depuis Deauville nous avons beaucoup travaillé Robinson. Nous avons eu un petit ennui de colique juste avant le stage de préparation qui avait lieu au Mans mais cela n’a pas été grave. Il n’a pas perdu d’état ni de forme. Au contraire, il était disponible et frais. Je suis satisfait de la préparation et avec la reprise d’aujourd’hui je ne peux qu’être content’’, avouait Arnaud Serre en sortie de piste. ’’C’est finalement le cheval le plus jeune et le plus sûr de l’équipe. Nous sommes en train de le construire, cet hiver il ne fera pas de concours car nous voulons vraiment le préparer pour 2015 et améliorer son trot.’’


Une saison plus légère

© Scoopdyga

En 2015, la saison est donc plus légère pour le couple, qui fait une première rentrée à Vidauban, où Robinson se blesse légèrement, avant de vraiment revenir en piste mi-avril, à Marnes-la-Coquette. ’’Je suis très content. Après le petit incident de Vidauban où Robinson s’était fait une légère atteinte sans conséquence à un postérieur, nous sommes très heureux de ce résultat. Il n’avait pas concouru depuis les Jeux équestres mondiaux, en août dernier. Il est en excellente forme. Il s’est montré un peu regardant en bord de piste, mais très attentif durant la reprise. Relaxé et stable, il a fait preuve d’une grande régularité´. Il y a encore quelques petits détails à régler – l’arrêt du reculer n’était pas carré, le zigzag a été´ un peu rapide et les changements de pieds au temps ont commencé un peu tôt dans la diagonale – mais je suis globalement satisfait de notre prestation. Nous avons encore de la marge, car je n’ai pas du tout cherché le brillant.’’
Finalement, la saison 2015 se termine sur une deuxième place lors du Master Pro de Vierzon, derrière Karen Tebar et Don Luis. Avec cette performance, le couple s’assure de participer aux championnats d’Europe d’Aix-la-Chapelle, en août. Mais, bien que la France obtienne sa qualification par équipes pour les Jeux olympiques de Rio, le couple y signe une performance en demi-teinte, Robinson de Lafont*de Massa manifestement ému par le grand stade allemand. ’’Je suis très déçu. Je voulais faire une bonne performance pour l'équipe’’, a-t-il expliqué en sortie de piste. ’’Et c'est surtout pour ce résultat que je suis triste. Depuis que nous sommes arrivés, Robinson est plutôt tendu sur cette piste. Ça allait mieux mardi et hier, mais c'est le sport.’’
Blessé, Robinson de prendra pas part au CDI 3* de Saumur en septembre 2015. Il effectue cependant sa rentrée à l’occasion du CDI 3* de Madrid, fin novembre. ’’Nous avons choisi de venir courir à Madrid car c’est un lieu très particulier. L’ambiance de ce concours indoor ressemble à celle d’une étape Coupe du Monde. Il y a beaucoup de monde, du bruit, des lumières, les gens se déplacent dans les tribunes… Nous voulions remettre Robinson dans ces conditions de compétition qui sont assez difficiles pour lui. Il s’est montré assez tendu, provoquant quelques fautes lors des deux reprises. Il était impressionné par tout ce mouvement autour de lui, mais est tout de même resté à l’écoute, et j’en suis très satisfait. Nous avons mis au point une nouvelle reprise libre en musique sur le thème du dessin animé les Croods. Il y a encore quelques réglages à effectuer, mais ce thème correspond bien à la personnalité du cheval. Nous sommes contents du résultat. Ce dernier test de fin de saison est rassurant. Maintenant nous allons travailler à la maison. Les prochaines sorties sont prévues pour le printemps en extérieur, avec l’objectif de préparer au mieux l’échéance olympique.’’


’’C’est totalement inattendu’’

Malheureusement, Robinson ne verra jamais le printemps. Touché par une nouvelle crise de coliques pour laquelle il est opéré en janvier dernier, il devait retrouver les écuries de son cavalier en mars, afin de préparer au mieux l’échéance olympique. ’’Un Grand Prix à 75%, c’est possible. Pour arriver à 80%, il faut avoir 8 de moyenne partout. Or Robinson n’a pas un galop et un trot assez amples, il faut rester lucide. Si j’atteins 75% en Grand Prix dans un grand événement, je pense que j’aurai rempli ma mission avec Robinson, car ce n’était pas gagné.’’
Mais, à quelques jours de son retour, il est foudroyé par une nouvelle crise et s’éteint dans la nuit de jeudi à vendredi. ’’C’est d’autant plus difficile à vivre que c’est totalement inattendu. Robinson terminait sa convalescence et tous les signes étaient positifs. Nous devions le récupérer dans six jours chez le vétérinaire, à notre retour de vacances. Nous devions reprendre gentiment le travail avec en ligne de mire la préparation des Jeux olympiques de Rio. C’est très dur, mais cela fait hélas partie de notre vie d’hommes de chevaux’’, a expliqué Arnaud Serre hier soir.
Si le cavalier a perdu son compagnon hier, c’est également l’équipe de France qui perd avec le départ de Robinson une belle cartouche en vue des Jeux olympiques et des échéances futures.