'MON OBJECTIF N'ÉTAIT PAS DE GAGNER, MAIS DE GÉRER MON CHEVAL LE MIEUX POSSIBLE', CATHERINE HENRIQUET




À l’issue de la dernière reprise, [Catherine Henriquet] a été sacrée championne de France de dressage Pro Élite à Saumur, dimanche dernier, devançant [Julia Chevanne] et [Luciano 182], ainsi que [Claire Gosselin] et [Karamel du Lauture]. Contactée par GrandPrix-Replay.com, elle revient sur ce week-end et sur son parcours avec son cheval [Paradieszauber].


 
GrandPrix-Replay.com : Le classement était plus que serré après les deux premières épreuves. Comment avez-vous vécu votre dernière reprise ?
Catherine Henriquet : Je n’ai pas vraiment pensé au classement. Mon cheval est très tendu sur le rectangle. Il ne supporte pas le vent, les bruits ou la musique depuis qu’il est tout jeune. Cela le met dans un état de stress total. Même si j’essaye de reproduire ces conditions à la maison, ce n’est jamais pareil. Je lui ai fait faire plusieurs concours pour qu’il s’habitue et que j’arrive à contrôler ce problème, mais je n’arrivais pas à l’avoir bien d’emblée. Je dirais même que cela s’aggravait un petit peu. Je n’ai pas été retenue pour les championnats d’Europe parce qu’ils ne pouvaient pas se permettre d’emmener un cheval instable dès la première épreuve. J’ai alors travaillé sur ce problème, car je savais que le cheval était très à l’aise sur les mouvements du Grand Prix. À Saumur, je me suis uniquement concentrée sur son équilibre. Lors des trois épreuves, le cheval était tout à fait disponible mentalement et léger, ce qui m’a permis de maintenir son équilibre. Mon objectif n’était pas de gagner, mais de gérer mon cheval le mieux possible et qu’il soit bien dès la première reprise. Finalement, ç’a été payant puisque les juges ont vu le changement d’équilibre et m’ont progressivement donné de plus en plus de points. Cela s’est passé au cours du championnat, tant mieux pour moi. Dans un international, mon objectif aurait été le même.

 
GPR. : Votre parcours avec Paradieszauber n’a pas toujours été facile ? Quel bilan tirez-vous de cette saison ?
C.H. : Dresser un cheval est un long parcours. Il y a une ligne blanche avec la victoire au bout. On passe d’un côté ou de l’autre de cette ligne, alors parfois on dérive puis on se remet dans l’axe. C’est ça qui est passionnant. Avec Paradieszauber, je m’étais fixé pour objectif qu’il soit à l’aise dès la première épreuve. Je me suis entraînée en ce sens avec Alain Francqueville et Jan Bemelmans qui m’ont beaucoup coachée cette saison. Malgré tout, la première épreuve restait difficile. Rentrer directement en Grand Prix restait difficile. On verra si j’arrive à réitérer ce que j’ai réussi à Saumur.

 
GPR. : Quels sont vos prochains objectifs avec votre cheval de tête ?
C.H. : Nous arrivons en indoor. Il y a un international à Lyon auquel je vais peut-être pouvoir participer. Les paramètres sont un peu différents qu’en extérieur puisqu’il y beaucoup plus de bruit, mais je vais tenter le coup, c’est sûr. Il faut que j’y arrive !

 
GPR. : Continuez-vous à former d’autres chevaux ?
C.H. : Il faut toujours des chevaux d’avenir. J’ai une jument de huit ans. Il faut la reconstruire. J’ai toujours dressé mes chevaux. Ce chemin est long. À chaque fois, il faut compter six ou sept années de travail, mais en même temps, c’est ce qui me passionne. À un moment, j’ai fait débuter trois chevaux en même temps que Paradieszauber. Tous arrivaient au niveau Grand Prix et je n’ai gardé que lui, parce que je ne peux pas garder trois chevaux pour les mêmes épreuves. Je n’ai pas la structure pour les monter tous les jours en plus des jeunes. Je pourrais en garder davantage si j’avais une équipe qui pouvait monter mes chevaux comme moi. Étant seule, je ne garde qu’un cheval par niveau.

 
GPR. : Au regard du podium du championnat Pro Élite, le dressage français reste dominé par les femmes…

C.H. : Mes deux coéquipières sont extrêmement sympathiques et nous nous entendons toutes très bien. Sur le rectangle, chacune est seule avec son cheval et essaye de faire de son mieux à l’instant donné. Mais je tiens à dire qu’il y a une très bonne ambiance entre les cavaliers. C’est très sportif et très agréable. Nous avons toutes les trois (Catherine, ainsi que Julia Chevanne et Claire Gosselin, ndlr) des chevaux d’expérience. Les cavalières montent très bien et je suis ravie que ce trio se soit détaché.


Morgane Kubicki