Rotterdam : le bilan d?Alain Francqueville
Pour les Français, le championnat d’Europe de Rotterdam s’est terminé hier à l’issue de la deuxième journée de Grand Prix, et une quinzième place par équipe. Alain Francqueville, sélectionneur de l’équipe de France, dresse le bilan de ce championnat.
« Nos cavaliers français ont montré qu’ils pouvaient tenir la pression face à une telle échéance. Trois d’entres eux participaient pour la première fois à un tel championnat et n’avaient donc pas beaucoup d’expérience à ce niveau. Catherine Henriquet quant à elle, avait l’expérience d’un championnat mais qui remonte à pas mal de temps », explique le sélectionneur.
Malheureusement, [Catherine Henriquet] n’aura pas pu dérouler son Grand Prix, Paradieszauber s’étant blessé vingt-cinq minutes avant son entrée en piste. « Je regrette que le couple n’est pas pu prendre le départ car c’est un cheval à potentiel avec une classe de locomotion supérieure. Pendant la détente, il s’est tapé et s’est blessé au glome et n’était donc plus présentable. Le matin même il avait montré de très bonnes choses mais ce n’est rien de grave et c’est ça le principal », ajoute Alain Francqueville.
Concernant les trois cavaliers tricolores qui ont donc déroulé leur reprise, le résultat final est certes mitigé mais le bilan doit permettre à la France de continuer sa remontée vers le haut niveau. « Anne-Sophie Serre a bien monté et a prouvé qu’en situation de compétition, elle pouvait rester dans les mêmes points qu’elle a obtenu sur la saison. Le Guerrier s’est bien présenté mais n’a pas de réserve suffisante qui permettrait d’effacer les fautes commises ».
« Pour Sébastien Duperdu, son cheval Passe Partout, qu’il a dressé depuis le début, a beaucoup progressé dans son attitude mais comme pour Le Guerrier, ce n’est pas un cheval avec une grosse locomotion donc qui n’a pas le droit à l’erreur pour pouvoir sortir une note supérieure à celle obtenu. Le cavalier est jeune et a bien supporté la pression, c’est un pilote qui aurait besoin d’un cheval de meilleur niveau pour la suite ».
Enfin, le dernier couple tricolore à s’élancer pour l’équipe, [Arnaud Serre] avec Helio II, a présenté une reprise un peu en deçà de ce que l’on aurait pu attendre. « Hélio était bien à voir mais il y a eu trop de petites fautes de vitesse, d’incurvation et surtout dans les lignes de changement de pieds. Pour atteindre les 67/68% comme il l’a déjà fait, le couple ne doit commettre aucune faute, mais Arnaud a bien présenté son cheval qui n’est pas si facile que ça techniquement », conclu-t-il.
Deux facteurs à améliorer ressortent tout particulièrement pour la France : avoir une cavalerie moins modeste et tourner davantage en compétition afin de prendre plus d’expérience et de s’ouvrir d’un point de vue technique. Alain Francqueville regrette d’ailleurs l’absence des entraîneurs français ici à Rotterdam pour voir ce qu’il se passe de plus près. « Il faut encore renforcer les stages et l’entraînement personnalisé des cavaliers ». Et surtout, trouver des chevaux de têtes qui permettraient de tourner entre 68 et 70%. « Nos cavaliers savent présenter les chevaux mais nous n’avons pas de mécènes comme dans les autres pays qui investissent dans des chevaux de meilleurs qualité et nous n’avons pas de véritable élevage du cheval de dressage en France ».
Ces championnats ont été l’occasion de voir une évolution omniprésente de la qualité d’équitation avec un haut de tableau de très haut niveau. De plus, force est de constater que de plus en plus de pays s’impliquent dans la discipline avec vingt-et-une nations présentes à Rotterdam et l’évolution de pays tels que la Pologne, le Portugal, la Suisse ou encore l’Italie augmente le niveau du milieu de tableau rendant toujours plus difficile les classements pour la France. Enfin, la victoire de la Grande-Bretagne aura été une bonne chose pour le sport, car cela montre que l’on peut aussi évoluer sans pour autant être Allemands ou Hollandais, que la roue tourne.
A Rotterdam, Elodie Muller