’’Cette médaille est un aboutissement’’, Simon Delestre
Après un début de compétition en demi-teinte, avec quatre points dans la Chasse puis dans la deuxième manche de la finale par équipes vendredi, Simon Delestre a magnifiquement terminé ses championnats d’Europe en décrochant la médaille de bronze. En signant un double sans-faute dans la finale individuelle avec Ryan des Hayettes, le Lorrain a réalisé une belle remontée et terminé meilleur Français. Pour GrandPrix-Replay, il revient sur sa finale de dimanche.
Simon Delestre : Ryan a été fantastique. Il a très bien sauté toute la semaine, même lors de la finale par équipes. Avec la pression, les parcours sont toujours plus difficiles que les Grands Prix normaux. Le dernier parcours, c’était juste un rêve, il n’a pas effleuré une barre.
GPR : Comment avez-vous vécu cette finale ?
S.D. : Peu importe la position que l’on a dans le classement avant la finale, il faut être double sans-faute. La preuve, sur le podium, il y a trois doubles sans-faute dimanche. Une finale reste évidemment beaucoup de stress et il faut arriver à s’isoler pour rester loin de la pression.
GPR : La déception de vendredi n’a-t-elle pas été difficile à gérer dimanche ?
S.D. : Dimanche, la finale par équipes était terminée, il fallait rebondir. J’ai réussi à mettre ce mauvais souvenir de côté. Quoi qu’il arrive, on ne pouvait pas revenir sur vendredi et il y avait encore deux parcours à sauter. Il fallait absolument se remobiliser. J’avoue que, samedi matin, le réveil n’a pas franchement été agréable avec cette Coupe des nations ratée en tête. Et puis lorsque l’on voit que nous avons trois Français dans le top dix, c’est incroyable de n’avoir pas réussi à ramener de médaille par équipes.
GPR : Comment vous êtes-vous senti en sortie de piste après le dernier parcours ?
S.D. : Sur le moment, c’est surtout beaucoup de stress. Le plaisir vient après. Après la première manche, rien n’est jouée, tout est à refaire. Mais quand on passe la ligne d’arrivée avec un double sans-faute au compteur (il a écopé d'un point de temps dépassé dans la seconde manche, ndlr), ça fait du bien. Surtout vu la façon dont Ryan a sauté.
’’Quand je monte Ryan, je fais des choses vraiment différentes’’
GPR : Le sans-faute de Kevin Staut avant vous vous a-t-il rassuré ?S.D. : Dimanche, je suis vraiment resté dans ma bulle. Avec Ryan, j’adopte des contrats de foulées qui lui sont vraiment propres. Je ne voulais pas me polluer en regardant les parcours de chevaux différents de lui dans le gabarit. Sinon, on finit par douter en regardant les autres chevaux. Quand je monte Ryan, je fais des choses vraiment différentes de quand je monte Qlassic. Je prends des contrats de foulées assez uniques, mais je connais assez bien Ryan pour le faire. Dans les parcours de dimanche, tout était difficile, il fallait arriver à rentrer au mieux pour chaque cheval. Dans la Coupe des nations vendredi, j’ai décidé de rentrer dans le triple en huit foulées. J’ai beau avoir fait quatre points sur la sortie, si c’était à refaire, je referais pareil car Ryan a très bien sauté.
GPR : Quel regard portez-vous sur Jeroen Dubbeldam, qui n’est pas dans les Grands Prix 5* le week-end mais qui est toujours bien présent lors des grandes échéances ?
S.D. : Jeroen est formidable. Mais il ne faut pas oublier que Zenith, comme Zirocco Blue et Ryan, était déjà double sans-faute dans le Grand Prix d’Aix-la-Chapelle, en mai dernier, et déjà très à l’aise sur cette piste. Mais je crois que Jeroen a un autre fonctionnement. Je l’ai vu avec Zenith au CSI 3* d’Ommen, il y a trois semaines, et le cheval ne m’avait pas semblé prêt. Je pense que Jeroen ne fait des tours que pour préparer son cheval et il y arrive à la perfection. Et puis il ne peut peut-être pas lui mettre la pression tous les week-ends.
GPR : Les choses vont-elles changer pour vous, maintenant que vous êtes médaillé de bronze ?
S.D. : Cette médaille est surtout un aboutissement, une grande fierté pour mon équipe et moi. Après, elle pourrait bien m’apporter plus de sérénité et de facilité pour mon programme. Mais elle ne vaut qu’avec Ryan et, avec un autre cheval, il faut tout recommencer.
GPR : Ryan pourrait-il être vendu ?
S.D. : Pour rester au meilleur niveau, il faut absolument deux chevaux et les choses se passent bien pour moi parce que Ryan épaule Qlassic, et inversement. Et puis, Ryan se donne à 100% pour moi, et c’est donc ma responsabilité de l’accueillir sans en faire une question d’argent.
L’interview de Simon Delestre est à retrouver ce soir dans GP News et son portrait est à lire dans le numéro de juillet-août de Grand PrixMagazine, toujours disponible en kiosques (ou à acheter ici).