Puisqu’il faut se résoudre à dire au revoir à Thaïs…

Samedi, Thaïs Meheust participait au cross du championnat de France des chevaux de sept ans avec Chaman Dumontceau, son “Bébéchaman”. Victime d’une lourde chute sur le deuxième obstacle, la talentueuse amazone a perdu la vie à seulement vingt-deux ans, laissant ses proches et toute la famille du cheval dans une tristesse infinie. Retour sur le parcours d’une jeune femme pétillante au talent incontestable. 



Tous ceux qui ont eu la chance de croiser sa route s’en sont rendu compte: Thaïs Meheust était une fille hors du commun. Pilier des équipes de France Poneys, Juniors puis Jeune Cavaliers, la jeune femme emportée samedi à vingt-deux ans restera l’une des cavalières françaises les plus titrées. Amazone très respectée, la Normande était appréciée de tous. Ses yeux rieurs et son extrême sympathie ne laissaient personne indifférent. 
 
Dès ses débuts à Poneys, Thaïs côtoie les sommets, notamment avec sa fidèle Java Bleue la Brée grâce à laquelle elle est très vite sélectionnée en équipe de France. Quamihla arrive très vite dans sa vie sur les conseils de la famille Touzaint, après quelques années de formation sous la selle de Nicolas, son idole de toujours. Surnommé “Crackmilha”, le bai brun sera l’un de ses piliers, sa star. Leur relation fusionnelle et leur complicité les mèneront d’ailleurs sur tous les podiums des championnats d’Europe Juniors et Jeunes Cavaliers et leur ont même permis de décrocher un titre de champions de France en 2017. Thaïs a pris part à huit championnats d’Europe avec à la clé cinq médailles, dont trois en or, une en argent et une en bronze. En juillet 2018, à domicile et le jour de la finale de la Coupe du monde de football, elle était montée sur la plus haute marche du podium par équipes aux championnats d’Europe Jeunes Longines de Fontainebleau.
Outre ses évidentes qualités sportives, Thaïs était également choisie par le sélectionneur national Pascal Forabosco pour ses valeurs humaines : toujours positive, sereine, portant tous les membres de l’équipe comme le ferait une grande sœur, elle n’hésitait jamais à sacrifier un résultat individuel pour une performance de l’équipe de France. 


Une jeune femme ambitieuse et de son temps

Dans la vie aussi, Thaïs était une fille remarquable. Toujours souriante, organisée, précise, elle avait une tête bien remplie et solidement vissée sur ses épaules. Après avoir obtenu fin mai sa licence de droit, Thaïs avait été admise dans une école de commerce, à Grenoble, où elle devait entamer un Master en management d’entreprise, en vue de se lancer elle-même dans l’entreprenariat dans les domaines du sport-études et de la mode. Ambitieuse, elle avait tout planifié pour y parvenir. 
Le quotidien de Thaïs, c’était aussi une hygiène de vie pointue, poussée jusque dans les moindres détails. Elle courait beaucoup et avait participé en mars dernier au semi-marathon de Paris, qu’elle avait conclu en moins de deux heures. Exigeante envers elle-même, elle faisait attention à son alimentation afin d'être toujours en pleine possession de ses moyens. Elle aimait la vie, et ne voulait en laisser aucune miette.
 
Jeune fille moderne, Thaïs était aussi très active sur les réseaux sociaux pour la promotion de son sport, de sa passion. Elle gérait tout, montait elle-même ses vidéos, préparait ses tutoriels, choisissait ses photos, répondait à ses fans. Tout cela, sans jamais se départir de sa volonté de partager, de sa joie de vivre et de son sourire inoubliable. Elle pensait à tout et à tout le monde: à sa famille, à ses propriétaires, sponsors, partenaires, amis, entraîneurs…


Jeune Senior depuis le début d’année, Thaïs s’était fixé des objectifs en partie réalisés en ce mois de septembre. Choisie par le staff fédéral pour les Coupes des nations des CCIO 4*-S d’Hougthon Hall et du Pin, elle voulait qualifier Chaman Dumontceau pour le Mondial du Lion-d'Angers, afin de le préparer aux côtés de Cemma de Florianne pour les Jeux olympiques de Paris 2024. Elle espérait aussi amener Quamilha aux championnats d’Europe du Pin, en 2021, afin de conclure au mieux la carrière de “son meilleur pote”
Pour atteindre ses rêves, elle avait choisi une équipe dédiée au bien-être des chevaux au sein des écuries du Cerisier Bleu. Ses parents Corinne et Marc ont toujours été ses premiers fans et l’ont accompagnée depuis le début. Ils étaient propriétaires de la majorité de ses chevaux, même si elle commençait depuis le début d’année à développer son piquet de chevaux avec l’arrivée de nouveaux propriétaires. Ses frères et sœur la suivaient passionnément. Marine, sa fidèle groom, l’accompagnait avec beaucoup de complicité depuis quelques années. Son équipe était par ailleurs composée de ses deux coachs adorés : Jean-Pierre Blanco en dressage et Gilbert Doerr en jumping, mais aussi de toutes les personnes veillant à la bonne santé de ses complices. Thaïs a d’ailleurs eu des chevaux avec une belle longévité et une complicité de tous les instants. Aujourd’hui, Crackmilha, Magictoto, Bebechaman et Cemmapote ont perdu leur amie, et le monde du complet une perle.  

Puisqu’il faut se résoudre à dire au revoir à Thaïs, une cérémonie sera organisée le mercredi 11 septembre à 14h30 au haras de La Coudraie, 8 rue Sainte-Colombe, 27930 Irreville. 
La famille a indiqué qu’il ne fallait pas amener de fleurs, mais propose de soutenir une cause chère à Thaïs, celle de Gauthier, quinze ans, qui se bat contre un cancer rare : le sarcome d’Ewing. Elle demande également aux personnes souhaitant venir de porter autre chose que du noir. Chacun pourra prendre la parole pour exprimer un bon souvenir, une anecdote, et afficher des photos.

GRANDPRIX renouvelle tout son soutien aux proches de Thaïs Meheust, ainsi qu’à toutes les personnes qui ont eu la chance de croiser cette jeune femme formidable.