"Upsilon était clairement au-dessus du lot", Thomas Carlile
Vice-champion du monde des sept ans le week-end dernier, Thomas Carlile espérait pourtant l’or pour son extraordinaire Upsilon. Le cavalier peut néanmoins se réjouir d’être très bien équipé en cette année préolympique, puisqu’il dispose de quatre montures extrêmement qualiteuses. Le cavalier médaillé de bronze par équipes aux championnats d’Europe de Blair Castle, revient sur ces championnats du monde et confie à Grand-Prix Replay ses projets pour la suite.
Thomas Carlile : Je suis bien sûr très content d’Upsilon, même si la compétition n’a pas tout à fait commencé comme nous l’espérions. Je suis rentré sur le dressage un peu tôt, les applaudissements du public pour le couple précédent ont un peu tendu Upsilon. Il était un peu ému, mais il a tout de même réalisé une très bonne reprise. Le lendemain, j’ai vraiment eu des sensations exceptionnelles sur le cross. Upsilon a réalisé le parcours avec une grande facilité. À l’arrivée, il a récupéré tellement vite que nous avons été obligés de le remonter en van jusqu’aux boxes pour ne pas qu’il s’agite trop. Dimanche pour l’hippique, il a eu une détente idéale. Et sur le parcours, il a été déconcertant de facilité. Il est tellement bon sauteur que c’était une promenade de santé !
GPR : Vous avez confié dimanche que les notes que vous aviez obtenues au dressage ne vous semblaient pas justifiées. Vous devez avoir reçu votre protocole désormais. Êtes-vous toujours en désaccord avec vos notes ?
T. C. : J’estime qu’il avait plus sa place dans les sept premiers qu’à la treizième place. Le premier juge me positionnait quatrième, et le deuxième septième. Le président du jury, par contre, m’a placé à la quarante-septième position ! C’était très décevant et je ne pense pas que c’était mérité. Habituellement, il est possible de consulter le protocole du dressage après l’épreuve. Quand je suis allé le demander le soir, on m’a dit qu’il avait été mis de côté. Je ne l’ai reçu qu’à la fin de la compétition et malheureusement les juges étaient partis. Cela m’a beaucoup contrarié car j’aurais aimé en parler avec le président du jury et comprendre pourquoi il m’avait attribué ces notes afin de progresser et résoudre ce qu’il me reprochait pour les prochaines compétitions. J’ai vraiment du mal à comprendre son jugement, il a mis un six aux allures et à la locomotion, or ce n’est vraiment pas ce qu’on peut reprocher à Upsilon, bien au contraire !
GPR : Pensez-vous qu'Upsilon aurait mérité ce titre de champion du monde des sept ans ?
T. C. : Laura a très bien monté et mérite sa victoire, mais parmi les chevaux excellents présents au mondial, Upsilon était clairement au-dessus du lot. La preuve, nous avons réussi à remonter de la treizième à la deuxième place ! C’est assez contrariant de passer à côté de l’or à cause d’une note de dressage que l’on ne comprend pas. Sans cette note, il était champion et je pense qu’il le méritait vraiment.
’’Les JO avec Upsilon, pourquoi pas !’’
GPR : Upsilon est absolument brillant et fait forte impression où qu'il aille. Quelles sont ses qualités ?
T. C. : Il est qualiteux dans tous les domaines. Il a un superbe modèle, des aplombs irréprochables et de très bons points de force. Il est très intelligent et dispose d’un mental fort et calme. Je pense qu’il fait partie des chevaux d’exceptions. Sur tous les chevaux que j’ai monté dans ma vie, je n’ai jamais eu de sensations comme j’en ai avec lui. Je suis convaincu qu’il va devenir un très grand champion.
GPR : Quels sont vos objectifs avec lui maintenant ?
T. C. : Dans un premier temps, nous allons voir comment il récupère de ces championnats. Étant donné qu’il était en prélèvement jusqu’au mois de février, il a commencé sa saison assez tard, j’aimerais bien refaire un concours avec lui d’ici la fin de l’année. Ensuite, j’aimerais qu’il fasse le circuit du Grand National et puis, selon sa progression, il débutera certainement les CCI 3* au printemps.
GPR : Vous vous êtes également classé sixième des six ans avec Vassily de Lassos qui a été sacré champion de France, il y a quelques semaines. Quels sont vos espoirs avec ce cheval ?
T. C. : Vassily est un très bon cheval, je l’emmènerai sur les sept ans l’année prochaine. Mais j’ai également un autre très bon six ans, Vinka’s. Il s’était blessé à Jardy en tombant dans le gué au mois de juillet, du coup il est un peu passé à côté de son année. Mais il est archi-qualiteux ! C’est un cheval assez atypique aussi bien au niveau de son fonctionnement que de son mental. Je pense qu’il est encore meilleur que Vassily, je fonde énormément d’espoir en lui.
GPR : Nous n’avons pas vu Sirocco du Gers depuis les championnats d’Europe de Blair Castle avec lequel vous avez contribué à offrir la médaille de bronze à l’équipe. Comment va-t-il ?
T. C. : Sirocco a eu le droit à un peu de repos. Il a fait un peu de gras et du poil ! Il se porte très bien. Il n’a fait qu’un seul concours international cette saison, et comme il me manque encore une participation dans un CCI 3* pour obtenir ma qualification pour les JO, je pense que je vais l’emmener au Pouget au mois de novembre. Il fera également quelques concours indoor en saut d’obstacles cet hiver.
GPR : Entre Sirocco, Upsilon et Opium de Boisy que vous montiez à Lamotte-Beuvron, lors de la dernière étape du Grand National, vous disposez de trois belles cartouches pour le haut niveau, comment comptez-vous organiser les mois à venir, à peine un an avant le JO de Rio ?
T. C. : En réalité j’en ai quatre ! Quiro Hoy est remis de sa blessure. À Chateaubriand, il était un peu trop content de reprendre la compétition. Du coup, il était un peu énervé sur le dressage. J’ai fait le cross tranquillement pour qu’il fasse une bonne rentrée et il est sans-faute sur l’hippique. Je suis très content, il est en forme. Je compte surtout sur lui et Sirocco pour les JO car ce sont les plus compétitifs. Opium sera mon cheval de secours si jamais il y a un problème avec eux. Je pense qu’Upsilon, malgré que ce soit le plus qualiteux de tous, manquera un peu d’expérience pour cette échéance. Je vais l’emmener en concours au printemps sans pression et si jamais il se montre suffisamment mûr, pourquoi pas ! On aura peut-être une très belle surprise. Mais s’il n’est pas prêt, il n’ira pas. Il a un potentiel tellement exceptionnel que je ne veux pas tout gâcher par gourmandise. La saison prochaine, je vais surtout faire attention de bien gérer les compétitions avec mes chevaux pour qu’ils soient très performants très vite pour les sélections et qu’ils puissent souffler un peu avant Rio.