WILLIAM FOX-PITT OFFRE SON EXPÉRIENCE AUX FRANCAIS



Pouvoir profiter de l’expérience du numéro un mondial de sa discipline est rare, et nombre de spectateurs se sont pressés, ce jeudi 22 janvier, à l'École nationale d'équitation de Saumur, où William Fox-Pitt est venu expliquer et détailler sa conception du concours complet.


Entre formation théorique - le matin, à l’amphithéâtre - autour de la notion d’équilibre, et démonstrations de William Fox-Pitt en personne, et d’élèves venus profiter des conseils du Maître, la journée a été chargée. Cerise sur le gâteau : le public était convié à questionner le champion, tout du long de la journée et Arnaud Boiteau se chargeait aussi, sur toutes les interventions, de poser d’autres questions pour clarifier la densité des propos, et parfois, rentrer plus avant dans les détails.

Pourtant, en réalité, cette “ journée sport” a permis au Britannique de reprendre plusieurs fois les notions qui lui sont chères. Souvent, il est revenu sur le concept d’équitation naturelle. Pour lui, le cheval doit être amené à être réactif. Pour ce faire, il a dit et redit l’importance de laisser les jeunes chevaux faire leurs erreurs, de ne pas constamment s’imposer à eux si l’on veut qu’ils soient aptes à 'assister' leur cavalier sur les plus grosses échéances. Dans ce contexte, il a expliqué pratiquer beaucoup plus une équitation d’extérieur qu’une équitation de manège. Pour lui, l’envie du cheval de complet est aussi l’un des éléments-clé. Lorsqu’il a monté, en fin de matinée, une jument de Stanislas de Zuchowicz, à plusieurs reprises, il a analysé la volonté de sa monture de réaliser les exercices proposés.

Plusieurs niveaux de couples ont pu profiter de son expérience. Dans le Grand Manège, trois groupes de cinq chevaux se sont succédés sur les exercices proposés par le numéro un mondial, tant sur du mobile que sur des éléments fixes. Des juniors jusqu’au niveau trois étoiles, les cavaliers ont enchaîné des dispositifs à chaque fois différents. Et, si des thèmes comme l’importance de la souplesse du cavalier, la jambe bien placée (pour pouvoir ressentir le ventre du cheval), la volonté, ou le regard sont revenus plusieurs fois, dans chaque session, avec force explications au public, on a pu assister également à une vraie complexification du travail. C’est ainsi que le dernier groupe du jour (où l’on retrouvait, entre autres Matthieu Vanlandeghem avec Saga du Manaou, récents vainqueurs du CIC** du Pouget) a travaillé sur des directionnels dont les abords étaient particulièrement problématiques. Après une détente, où, dès les premiers sauts sur du mobile les chevaux étaient incités à sauter de biais, les enchaînements sur des lignes fixes se sont déroulés. Le point d’orgue de cette séance a été, incontestablement, le travail sur un directionnel en forme de triple haie. Après l’avoir franchi lors d’un premier parcours alors qu’il était encadré par des conifères, le Britannique a proposé de faire un deuxième passage, sur le même tracé, mais sans les conifères au bout de cette ligne, sur cette haie. Et l’on a pu voir des cavaliers tout à fait présents, qui ont tous maîtrisés parfaitement leurs trajectoires.

Le dernier mot revient sûrement à Thomas Bouquet qui a participé à cheval à cette session. Il a noté la pluralité des informations reçues, et mentionne que “revenir ainsi sur les notions de position, d’équilibre est particulièrement intéressant lors d’un travail d’hiver, avant le début de la saison”. Etant donné qu’il est enseignant à l’ENE, il a trouvé ici également “matière à remettre en pratique, à resservir aux élèves”. Et si la qualité reconnue du complet français venait aussi de cette capacité à communiquer et partager ?

Anne-France Billard