'J'AI PRIS GOÛT À L'ÉQUIPE DE FRANCE, J'AI VRAIMENT ENVIE DE CONTINUER ', ASTIER NICOLAS
Plus jeune membre de l'équipe de France l'an passé lors des championnats d'Europe à Malmö, Astier Nicolas n'a qu'un objectif cette année : participer aux Jeux équestres mondiaux FEI Alltech 2014 en Normandie. Malgré un début de saison difficile en raison d'une bonne dose de malchance, le talentueux cavalier ne perd pas de vue ses ambitions. Mettant tout en place pour se maintenir au plus haut niveau, le complétiste de vingt-cinq ans a décidé de s'installer en Grande-Bretagne, lieu qu'il juge le plus propice actuellement pour se développer dans le sport. Contacté par GrandPrix-Replay, le Toulousain a accepté de se prêter au jeu des questions-réponses.
GrandPrix-Replay.com : Votre saison a démarré début avril au CIC 3* de Belton, comment s'est-elle déroulée depuis ?
[Astier Nicolas] : J'ai connu mieux, j'ai eu quelques mauvaises surprises et quelques imprévus. Depuis début mars, [Piaf de B Neville] avait une gêne aux postérieurs qui a été grandissante. Le staff français est venu le voir courir lors du CIC 3* de Belton et, finalement, nous avons pris la décision de ne pas prendre le départ. Il n'était pas parfait et nous ne voulions pas prendre de risque. Les examens ont révélé qu'il avait quelques pathologies. Il a été soigné et reprend le travail cette semaine. Nous avons donc adapté son programme. Nous n'irons pas à Badminton ce week-end. Nous avons choisi de le réorienter vers des formats courts afin de le ménager jusqu'aux JEM. Normalement, il débutera lors du CIC 3* de Bramham en juin.
[Quickly du Buguet], n'a pas eu de chance non plus. Nous sommes tombés sur le plat à Belton. C'était déjà arrivé au CCI 4* de Burghley en septembre. Ces deux chutes nous obligent à la déclasser. Elle doit, avant de pouvoir participer à un CCI 4*, participer à un CIC 3*. Il y en a un deux semaines avant Badminton mais c'est trop proche de l'échéance. Elle a encore beaucoup d'avenir devant elle, il y aura d'autres occasions. Je la prépare pour Burghley ou Pau.
G.P.R. : Disposez-vous actuellement d'une relève ? Vous aviez lancé une action sur un site de financement participatif afin d'acheter un cheval d'avenir, y êtes-vous parvenu ?
A.N. : J'ai d'autres chevaux très intéressants. Je monte [Spes Addit Or] depuis deux ans. Il appartenait à Marie-Christine de Laurière. Elle a décidé de le vendre il y a quelques mois et, heureusement, une de mes propriétaires britanniques m'a permis de conserver ce fils de Yarlands Summersong. Il était sixième dans le championnat du monde des sept ans au Lion-d'Angers l'an dernier et il participera à son premier CIC 3* à Chatsworth dans une semaine. Il se rendra peut être aux championnats britanniques puis à l'épreuve dédiée aux chevaux de huit et neuf ans au CIC 3* de Blenheim. Le programme n'est pas véritablement défini. Il a beaucoup de qualités, peut-être même plus que ceux que j'ai actuellement au haut niveau mais il est très sensible donc il est important de gérer son mental.
J'ai également un sept ans, [Countrie], qui a déjà concouru dans des 2* à six ans. Il devrait à nouveau faire ce niveau-là cette année. S'il court bien, il sera peut-être candidat aux championnats du monde des Jeunes Chevaux au Lion-D'angers.
Il y a aussi dans mes écuries deux cinq ans, très intéressants et qui me plaisent. [Valmy Biats] qui est la demi-frère d'[Oslo Biats], le cheval de [William Fox-Pitt], et [Vinci de la Vigne], issu de la même lignée maternelle qu'[Oregon de la Vigne], cheval de [Denis Mesples].
Grâce à mon action sur My Major Company, j'ai pu acheter un quatre ans à Marie-Christine de Laurières, [Alerte à Malib Or], un fils de Yarlands Summersong également. J'avais repéré le cheval depuis ses deux ans. Il a de belles allures, il saute bien, il a un ?il intelligent et semble avoir une trempe de champion. Il a des points communs avec Spes tout en ayant une conformation beaucoup plus solide. Il est bien plus classique dans son physique et est conçu comme un vrai cheval de sport avec une belle encolure et un dos fort. Pour l'instant, il finit de grandir au pré. Je devrais le rentrer d'ici six mois.
G.P.R. : Que représente pour vous une sélection aux JEM ?
A.N. : C'est l'objectif principal de la saison. J'ai pris goût à l'équipe de France l'an passé aux championnats d'Europe de Malmö, même si je l'avais déjà fait à poney, en Junior et en Jeunes Cavaliers, j'ai vraiment envie de continuer. J'ai adoré l'expérience et le sentiment de représenter son pays. Être en France, et en Normandie me motive d'autant plus que c'est la région d'origine de ma mère. Piaf a été acheté dans cet objectif. Son programme est orienté vers cet événement depuis un moment.
G.P.R. : Vous êtes actuellement installé en Angleterre, pourquoi ce choix ?
A.N. : Je suis là-bas depuis un an. J'y avais été pour travailler chez [Andrew Nicholson] et pour mes études. J'apprécie vraiment le circuit. L'année dernière, je devais m'installer en Île-de-France, chez un propriétaire, mais les travaux ont eu neuf mois de retard. Je participais alors à mon premier Badminton, il fallait vraiment que je trouve un endroit où m'entraîner. Assez naturellement je suis allée vers l'Angleterre car je m'y plais et que la préparation des rendez-vous importants y est idéale. Les opportunités m'ont poussé à rester. J'ai rencontré une femme qui m'a confié un cheval puis qui m'a finalement sauvé la mise en achetant Spes avant qu'il ne me file entre les doigts. Actuellement, je loue des boxes au Britannique, [Nick Gauntlett].
G.P.R. : Travaillez-vous toujours avec Andrew Nicholson ?
A.N. : Non, il n'est pas professeur à proprement parlé. Lorsque je travaillais chez lui, il me donnait quelques conseils, c'est tout. Il n'est pas du genre à donner un cours. De toute manière il n'a pas le temps avec les vingt-cinq chevaux qu'il monte ! En revanche, nous avons gardé un bon contact. En concours, si j'ai une question ou un problème, il est le premier présent. Quand j'ai eu besoin de trouver un bon vétérinaire pour Piaf, c'est à lui que je me suis adressé.
Je m'entraîne souvent seul. Néanmoins, récemment, j'ai travaillé le dressage avec Lizzie Murray et le saut d'obstacles avec Corinne Bracken, entraîneur national des Juniors et des Jeunes Cavaliers Britanniques en CSO, que j'avais rencontré lors de mon année d'études à Hartpury College.
G.P.R. : Revenir s'installer en France fait-il partie de vos projets ou comptez-vous rester en Grande-Bretagne ?
A.N. : Je suis les opportunités sportives et financières qui se présentent à moi. Je veux juste ce qu'il y a de mieux pour mes chevaux et pour le sport. Je mets tout en place pour essayer de gagner. J'ai fait beaucoup de concessions en quittant ma famille et mes amis. J'étais très bien entouré par des professionnels à Toulouse mais certaines choses m'ont poussé à penser qu'il était mieux que je sois ici. Néanmoins, j'ai la chance d'avoir trouvé une bonne bande de Français du Sud-ouest ici. On nous envoie des colis de cassoulet et c'est comme si nous étions à Toulouse !
Propos recueillis par Marie de Pellegars-Malhortie