RECONSTRUIRE LE COMPLET FRANÇAIS : L?INDISPENSABLE PROFESSIONNALISATION



Le complet français traverse actuellement une grande phase de questionnement existentiel. Au niveau européen, le complet français peut encore à peu près défendre sa place mais son rang mondial ne cesse de reculer. Les différences de niveau, notamment en dressage, sont de plus en plus importantes et les revers de l’équipe de France, lors des derniers Jeux olympiques et Jeux équestres mondiaux ont fait naître de nombreuses interrogations, qui restent en suspens aujourd’hui. La France peut évidemment compter sur de bons cavaliers mais elle manque de chevaux. Plus largement, dans son ensemble, la filière peine à trouver un modèle économique lui permettant de se développer et se construire un avenir et des victoires sportives. Quelles pistes se dégagent ? Qu’en pensent les acteurs majeurs de la filière ? Grand Prix Magazine s’est penché au chevet de cette noble discipline.

 
Si l’état des lieux du complet hexagonal est facile à dresser, la mise en place de solutions pour le faire évoluer l’est beaucoup moins. Il convient donc de prendre du recul, de s’affranchir de l’émotionnel et de réfléchir de manière globale. Un exercice auquel se sont prêtés de nombreux acteurs de la filière. Ils apportent chacun leur pierre à l’édifice à reconstruire.
 
Personne n’a de solution miracle. Cependant, il semblerait qu’un des mots d’ordre général des acteurs de la filière soit « professionnalisation ». Aujourd’hui, face à la crise, les cavaliers expriment souvent leurs plus grandes inquiétudes. Chacun veut vivre de son sport mais aussi vivre à fond le sport. Il faut donc trouver le juste équilibre pour cela.
  
L’exemple de Nicolas Touzaint
 
Nicolas Touzaint fait souvent figure de vitrine, d’exemple. Sa réussite est là et son palmarès éloquent. Pour y parvenir, il s’appuie d’abord sur un modèle économique. « J’ai la chance, aujourd’hui, de bien vivre de ma passion, mais ce n’est pas pour autant facile tous les jours. Je ne sais pas de quoi demain sera fait et quelle sera la situation dans les dix ans. Je ne peux pas passer toute ma journée à m’entraîner. J’ai une famille issue du monde du cheval et un réseau efficace qui m’ont permis de me construire un palmarès et de m’entourer de bons partenaires financiers et de sponsors actifs. Aujourd’hui, je vois bien qu’il est plus difficile d’obtenir leur soutien. Il faut aussi assurer à ces sponsors un retour important en termes de représentation et de relationnel. C’est ainsi que l’on doit travailler. Je dois aussi faire du commerce et animer des stages, parfois avec de longs déplacements. J’ai la chance de bénéficier d’une bonne notoriété et donc d’avoir des demandes pour des stages. J’ai vendu de bons chevaux ces dernières années comme Tatchou et Neptune de Sartène. Sans cela, je ne pourrais pas vivre correctement. J’aurais bien sûr aimé les garder mais il faut parfois faire des choix. Tout cela me permet de mettre en place un schéma économique intéressant. Mais, de ce fait, je ne peux pas m’entraîner en continu. Pourtant, pour pouvoir conserver cette notoriété, il faut que je sois performant à très haut niveau. Il y a donc un équilibre bien précis à trouver, avec une marge de manœuvre réduite. Même si nous souhaiterions avoir de plus belles dotations en concours, il ne faut pas noircir tout le tableau. Nous avons de très beaux concours en France, très bien dotés. Nous avons un beau et bon circuit Jeunes Chevaux avec de belles finales et, pour les plus vieux, un championnat du monde au Lion-d’Angers, bénéficiant d’une très grande notoriété. La FFE a mis en place depuis quatre ans le circuit du Grand National, une excellente initiative.Il s’est enrichi en 2012 d’épreuves pour les chevaux de sept ans. J’ai aussi la chance de compter sur des propriétaires fidèles qui investissent pour moi sans aucune hésitation. Pour cela, je dois construire des projets précis afin qu’ils s’y retrouvent. On peut investir sur un jeune avec le Mondial du Lion en ligne de mire ou bien sur un plus vieux avec une grosse échéance internationale, comme cela s’est passé pour Neptune de Sartène. En concours, on voit très vite que le niveau a vraiment augmenté, tant en termes de chevaux que de cavaliers. Il faut donc que nous soyons plus exigeants dans notre travail. La France, pour l’instant, a du mal à suivre. Aujourd’hui, avec ce système, je m’en sors mais je manque de montures. Et si mon cheval de tête se blesse, je ne peux pas participer aux championnats. »
 
Le modèle économique du meilleur cavalier français suscite de nombreuses questions. Comment peut-on concilier entraînement, formation des chevaux et rentabilité ?

 

Retrouvez la suite de ce dossier dans le numéro de mars de Grand Prix Magazine, actuellement en kiosques, ou dans celui de i-Grand Prix, l'édition digitale.


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Pauline Chevalier