Gwendolen Fer n’a pas vingt-cinq ans, et pourtant elle a déjà de quoi en impressionner plus d’un. Trois fois championne de France (catégories Poney, Junior et Jeune Cavalier), l’ambitieuse Toulousaine s’attaque désormais aux épreuves de (très) haut niveau et entend bien se faire une place parmi les meilleurs cavaliers internationaux de concours complet. A l’aube de l’ouverture de la saison de 2011, Grand Prix Replay a fait connaissance avec cette cavalière de talent.
Alors que Gwendolen n’avait que cinq ans, ses parents l’ont inscrite à ses premiers cours d’équitation... Ce qui devait être un simple loisir pour occuper les mercredis après-midi de cette petite fille débordante d’énergie, est rapidement devenu une passion la menant, dès huit ans, sur les terrains de concours. Premiers championnats à dix ans, premiers Grands Prix Poney à douze, première Coupe de France à quinze… Ses progrès sont rapides et réguliers, ses résultats nombreux et prometteurs.
En 2003, sa famille fait l’acquisition de Leria du Ter, pour assurer la relève de Day Nice (l’étalon bai qui lui a offert ses premiers titres). Il s’agit d’une jument Selle Français de quatre ans au potentiel considérable mais qui se révèle être très difficile à travailler.
« A jeune cheval, jeune cavalière »
C’est en tout cas ce qui va permettre à ces deux valeurs montantes de la discipline, d’évoluer ensemble, et de tisser cette complicité qui fait leur fiabilité sur les terrains de concours. «Une jument fantastique, ma meilleure alliée».
Dès 2006, elles se classent treizièmes aux championnats du monde jeune chevaux. Ensuite, les titres s’enchaînent. En 2009, pour son premier CCI 4* et alors qu’elle est la benjamine de l’épreuve, Gwendolen obtient une très belle septième place à Pau. L’année suivante, dans la même épreuve, elle se classe sixième après avoir remporté l’épreuve de saut d’obstacles, et signe ainsi la meilleure performance française de la compétition.
A grands coups de sauts et de passages de gués, Gwendolen Fer se fait une place et un nom dans le monde du complet. Et alors qu’être une femme pourrait l’handicaper, elle avoue que de son côté, elle aurait plutôt tendance à en jouer : «Il faut avouer que je me sens parfois un peu seule. Mais je ne considère pas le fait d’être une femme comme un handicap, que ce soit humainement ou à cheval. Les difficultés, le travail en amont et les épreuves sont les mêmes. Personnellement j’y vois même quelques avantages ! Et même si je me fais souvent taquiner à ce sujet, c’est toujours gentiment».
De multiples occupations, projets, ambitions…
Cavalière internationale, étudiante en master 1 à l’ESC de Grenoble, cogérante d’une écurie qu’elle a ouverte avec sa mère… Ses journées sont bien chargées, et comme sur les cross, leur déroulement est parfaitement calibré : «C’est plutôt compliqué en ce moment, d’autant que l’équipe est très réduite. Mais j’espère que très bientôt, je pourrai me consacrer uniquement au travail de mes chevaux, sans avoir à courir partout et à longueur de journées…».
Après quelques semaines de repos, l’entraînement a repris début janvier. Des trottings et de l’extérieur principalement, mais aussi beaucoup de plat et de lignes d’obstacles. «On a beaucoup travaillé le dressage, qui reste mon principal point faible. Mais de nombreuses séances hivernales nous ont permis, à Leria et moi, d’évoluer positivement. J’espère que les juges apprécieront !»
Dès février, la talentueuse complétiste retournera sur les terrains de concours. D’abord à Vedène(84) pour se remettre en route, puis au Portugal, mi-mars, pour préparer les grosses échéances de l’année. En ligne de mire pour 2011 ? Badminton fin avril, «pour concrétiser le travail fait sur la jument durant l’hiver et simplement, aussi, parce que le terrain est mythique» ; et pourquoi pas, dans un rêve avoué à demi-mots : les championnats d’Europe de Luhmühlen (Allemagne) du 25 au 28 août.
En effet, seule femme présente dans la liste des cavaliers français sélectionnables pour les grandes échéances internationales, Gwendolen n’en reste pas moins très pragmatique. Bien consciente d’avoir encore beaucoup de chemin à parcourir, elle préfère ne pas se faire de faux espoirs et suivre un planning scrupuleusement étudié. Alors que Leria du Ter se consacrera aux belles épreuves, «afin de la valoriser, mais surtout, de se faire plaisir» ; Opéra Fleuri, étalon Selle Français de neuf ans, concourra en épreuve une et deux étoiles avant de prendre part au circuit du Grand National.
L’objectif : «avoir un cheval partout, être présente sur tous les circuits», pour faire parler d’elle et gagner encore en crédibilité. Mais avec quatre cracks en formation en plus de sa jument de tête, il y a fort à parier qu’on entendra, longtemps encore, le nom de Gwendolen Fer retentir sur fond de marseillaise et de remise des prix...
MC Carfantan