“Le Brésil est aux portes du cercle des grandes équipes”, Philippe Guerdat

Le 8 août, le Brésil a non seulement décroché l’or aux Jeux panaméricains de Lima, mais a aussi décroché son ticket pour les Jeux olympiques de Tokyo 2020. Chef d’équipe des Auriverdes depuis février, l’ancien sélectionneur des Bleus a rempli son contrat, et compte bien accompagner les vestes vertes jusqu’au Japon l’an prochain. Présent au LONGINES DEAUVILLE CLASSIC, l’honnête et passionné homme de cheval a répondu aux questions de GRANDPRIX.



Vous êtes revenu des Jeux panaméricains de Lima où l’équipe brésilienne s’est parée d’or et a décroché son ticket pour les Jeux olympiques de Tokyo. Contrat rempli !
En effet, j’en retire beaucoup de satisfaction et particulièrement car les Brésiliens attendaient cela depuis longtemps. Cela fait longtemps qu’ils n’avaient pas obtenu de médailles, et il s’agit toujours de quelque chose d’attendu par les fédérations. Cela me paraissait compliqué au départ, mais avec les cavaliers et les chevaux que j’avais à disposition, la tâche a été plus simple. Après la première manche de la compétition par équipes, nous étions assez loin d’être en danger, et il aurait fallu qu’il nous arrive deux accidents pour que nous ne nous en sortions pas. Nous avons gagné avec deux fautes d’avance, et notre dernier cavalier n’aurait pas même eu besoin de s’élancer s’il n’y avait pas eu la qualification individuelle en jeu. 
 
Cette semaine s’est conclue sur le sacre individuel de Marlon Módolo Zanotelli. La cerise sur le gâteau ? 
Oui, et il faut savoir que l’épreuve par équipes se courre comme les championnats d’Europe, avec une Chasse puis deux manches. En revanche, l’épreuve individuelle se joue comme aux Jeux olympiques, en repartant à zéro. Si tous les résultats de la semaine avaient été pris en compte, le Brésil aurait d’ailleurs décroché l’or avec Marlon, mais aussi l’argent avec Pedro Veniss et Quabri de l’Isle. 
 
Après ce succès, allez-vous donc poursuivre votre collaboration avec le Brésil ? 
Au départ, j’avais dit que je voulais les accompagner jusqu’aux Jeux olympiques de Tokyo en cas de qualification. Je compte donc honorer mes engagements, d’autant plus que je le fais avec du plaisir car il s’agit d’une équipe compétitive et que certains propriétaires vont acheter des chevaux d’ici la fin de l’année. Il y a d’ailleurs un bon cheval qui va bientôt entrer dans l’équipe donc c’est intéressant. 


“Les sélections seront plus difficiles à faire l'an prochain”

L'année prochaine, pensez-vous pouvoir à nouveau porter votre équipe au sommet de l'Olympe ?
Je dis toujours qu’il existe un groupe de grandes équipes, et que le Brésil est aux portes de ce cercle. Il y a selon moi dix équipes capables de décrocher une médaille d’or à Tokyo, mais il faudra aussi voir comment la compétition se déroule avec le nouveau système de trois cavaliers (l’an prochain, les équipes ne seront en effet plus composées que de trois cavaliers contre quatre aujourd’hui, et aucun score ne sera supprimé, ndlr). Les sélections seront plus difficiles à faire, car d’autres facteurs entreront en ligne de compte. On préfèrera par exemple un cheval qui va au feu mais un peu moins bon qu’un autre extraordinaire mais susceptible. Cela rentrera en ligne de compte. 
 
Rodrigo Pessoa semble bien déterminé à prendre part à de derniers Jeux olympiques, et compte notamment sur Quality FZ pour y parvenir. Comment jugez-vous la progression de ce cheval ? 
Il a fait une très bonne progression ! Il n’est pas encore tout à fait prêt mais c’est encourageant. Nous en avons déjà discuté avec Rodrigo, mais nous allons attendre de voir ce qui va se passer avec son équipe aux championnats d’Europe(le Brésilien est chef d’équipe de l’Irlande, qui tentera de décrocher sa qualification olympique demain dans la finale par équipes de l’échéance continentale, ndlr). Il faut également voir s’il souhaite continuer avec l’Irlande ou non. Rodrigo est un excellent cavalier et une personne que j’apprécie beaucoup, mais il devra passer par le même processus que les autres couples. Il n’aura pas de passe-droit, d’autant qu’avec seulement trois cavaliers à sélectionner je n’aurais pas le droit à l’erreur. Il est bien conscient de cela, et encore davantage maintenant qu’il est lui aussi sélectionneur. Il y a tant de facteurs qui entre en ligne de compte, on ne s’en rend pas forcément compte quand on est cavalier. 
 
Il y a trois ans, les Bleus dont vous étiez alors le chef d’équipe décrochaient le graal olympique. Trois ans après, quels souvenirs gardez-vous de cette journée historique ? 
C’était un moment formidable et cela reste évidemment un bon souvenir. Ce ne sont pas des choses que l’on oublie, mais je ne suis pas quelqu’un qui regarde en arrière. Nous avions eu tellement de difficultés sur place et avions tellement plus souffert que les autres (Simon Delestre avait dû déclarer forfait au dernier moment et Pénélope Leprevost avait chuté lors de la première manche de la finale par équipes, ndlr) que la victoire en était encore plus belle.