'UNE ÉQUIPE COMMENCE À SE DESSINER, MAIS RIEN N?EST ENCORE JOUÉ ', PHILIPPE GUERDAT



Jamais au repos, Philippe Guerdat, rentré cette nuit du CHIO de Rotterdam avec plus de motifs de satisfaction que d’inquiétudes, est allé voir sauter des jeunes chevaux à Auvers, aujourd’hui! En chemin, il a pris quelques minutes pour dresser un bilan des dernières prestations de l’équipe de France et partager ses impressions sur les couples pressentis pour participer aux Jeux équestres mondiaux FEI Alltech 2014 en Normandie. Il évoque également le programme de cette avant-dernière ligne droite avant Caen. En route!

GrandPrix-replay.com : Quel bilan tirez-vous du CSIO 5* de Rotterdam, qui s’est achevé hier soir?

Philippe Guerdat : C’était bien. Je crois que l’équipe de France ne pouvait pas faire beaucoup plus que remporter la Coupe des nations et placer un de ses couples (Patrice Delaveau et Orient Express*HDC, ndlr) en tête du Grand Prix. Après, il y a bien sûr des choses à améliorer. Ce n’est pas parce que nous avons gagné que tout était parfait, loin de là.

GPR. : Avez-vous des nouvelles de Dame Blanche van Arenberg, la monture de Pénélope Leprevost, qui s’est récemment blessée lors d’une sortie au paddock? Comment se porte-t-elle?

P.G. : Dame Blanche va bien. Toutefois, elle ne pourra pas participer aux JEM. Elle sera de nouveau prête à concourir à ce moment-là, mais elle n’aura pas eu le temps de reprendre suffisamment la compétition avant cette échéance.

GPR. : Flora de Mariposa n’a cessé d’enchaîner les belles performances avec Pénélope Leprevost, notamment à Rome et à Rotterdam. À neuf ans, elle devient donc une option pour les Jeux mondiaux?

P.G. : Depuis le début de la saison, elle a montré de belles choses. Lorsqu’elle boucle un parcours à quatre points, ce n’est que par manque d’expérience. C’est une jeune jument que nous devons protéger. Nous lui proposerons un programme adapté à son âge tout en lui permettant de rester dans la compétition. Mon travail consiste à l’aider à conserver sa fraîcheur et sa capacité à répéter les sans-faute avant les JEM. Pénélope a confiance en Flora. Maintenant, il ne faudrait pas qu’elle monte avec un excès de confiance.

GPR. : Comment jugez-vous la performance globale de Kevin Staut et Rêveur de Hurtebise*HDC?

P.G. : Je suis content. Rêveur a su confirmer sa montée en puissance malgré sa malchance du week-end. Il a fauté à deux reprises : dans la deuxième manche de la Coupe des nations et dans le Grand Prix, sur le même obstacle, un vertical en sortie de combinaison, mais ce n’est pas alarmant. Il a vraiment très bien sauté dans le Grand Prix. Aujourd’hui, c’est sans doute le cheval le plus au point en vue des JEM, même si le but est d’être prêt fin août, pas maintenant. J’ai eu des doutes sur lui au début, en grande partie parce qu’il revenait après un an d’arrêt. Je tiens à saluer l’attitude de Kevin qui a accepté de relever tous les défis. Il a fait deux fois plus que les autres (après sa première manche à huit points à La Baule, Kevin avait demandé à Philippe Guerdat de sauter la Coupe des nations de Saint-Gall, lors de laquelle il avait produit un sans-faute après un premier tour à huit, ndlr). Je sais que je peux compter sur lui si j’en ai besoin.

GPR. : Êtes-vous rassurés au sujet de l’état de Castle Forbes Myrtille Paulois après l’avoir vue sauter à Rotterdam? Quel va être son programme pour juillet?

P.G. : En partie seulement. Elle s’est montrée inégale voire désordonnée dans la première manche de la Coupe des nations. La deuxième manche s’est mieux déroulée. Aujourd’hui, elle a pris du retard dans sa préparation par rapport à certains chevaux. Elle a certes rencontré quelques pépins, mais cela ne peut pas durer. Bosty a préféré ne pas l’engager dans le Grand Prix. C’est un choix de cavalier, que je me dois de respecter. Hélas, le mois de juillet ne sera pas très riche en beaux concours. Myrtille sautera au Paris Eiffel Jumping et puis nous verrons. L’envoyer sur un CSI 4*, c’est compliqué. Je ne peux en aucun cas pousser un cavalier à mettre son cheval dans le rouge. Certains pensent que leurs chevaux ont quelque chose à prouver, d’autres pas. Les chevaux ont des propriétaires avec lesquels les cavaliers passent des accords sur lesquels je n’ai rien à dire. Mon but est clairement la santé de l’équipe de France. Le sort individuel de chacun ne me concerne pas. Je n’ai pas peur de prendre mes responsabilités. Je ferai mon choix le moment venu et j’enverrai les quatre meilleurs couples et le meilleur cinquième aux JEM.

GPR. : Patrice Delaveau a vécu un drôle de week-end avec une chute dans la seconde manche de la Coupe des nations sur Carinjo*HDC, puis une belle victoire dans le Grand Prix avec Orient Express*HDC!

P.G. : Oui, on peut le dire! Carinjo avait parfaitement sauté la première manche de la Coupe. Ce qui est arrivé ensuite est inexplicable. Nous avons visionné plusieurs fois la vidéo du parcours sans trouver les origines de cette chute. Peut-être que le cheval est parti d’un peu trop loin. Orient Express, quant à lui, n’a pas touché une barre en quatre tours. Il est monté en puissance tout au long du week-end et a terminé avec un barrage extraordinaire. Maintenant, il s’agit de voir comment il va récupérer physiquement. Quoiqu’il en soit, il a su répondre présent. À Rome, il était gêné et nous ne l’avions pas décelé. En piste, c’est un véritable guerrier mais c’est aussi un cheval très sensible et délicat, un peu chochotte. Si quelque chose ne lui convient pas, ça ne passe pas.

GPR. : Simon Delestre et Qlassic Bois Margot entrent-ils toujours dans vos plans en vue des JEM?

P.G. : Tout le monde entre dans mes plans, sans exception. Certains ont de l’avance, d’autres moins.  Même si nous ne sommes plus qu’à deux mois des championnats, la route est encore longue. Beaucoup de choses peuvent encore se passer. J’ai des certitudes que je n’avais pas le mois dernier, néanmoins je les garde pour moi. Je ne peux encore pas me prononcer. Je dois me concentrer sur tous les cavaliers et tous les chevaux pour les garder motivés et capables de répondre à mon appel. Une équipe commence à se dessiner, mais rien n’est encore joué.

GPR. : Avez vu les parcours d’Aymeric de Ponnat et Armitages Boy, et de Jérôme Hurel et Quartz Rouge au CSI 4* Fontainebleau?

P.G. : Oui, c’était pas mal. J’ai senti qu’Armitages reprenait. Je n’ai pas de souci vis-à-vis de lui pour l’instant. Comme il n’est pas dans le top trente mondial, je ne peux pas l’envoyer dans tous les concours. Je ne peux pas non plus lui faire sauter toutes les Coupes des nations, à la place d’autres couples, d’autant que ce n’est pas là qu’Aymeric et Armitages doivent faire leurs preuves. Jérôme et Quartz aussi sont toujours dans ma liste.

GPR. : Vous convoquerez les couples concernés par les JEM au CSIO 5* de Gijón, du 30 juillet au 4 août. Sera-ce bien leur dernier concours avant les championnats?

P.G. : Nous irons à Gijón si possible avec l’équipe des JEM, oui. Ensuite, un ou deux chevaux iront peut-être sauter dans un autre concours. Je ne peux pas décider de ça maintenant.

GPR. : La France n’est pas invitée au CSIO 5* de Falsterbo, du 10 au 13 juillet. La France sera bien présente aux CSIO 5* à Hickstead et à Dublin? Allez-vous y emmener de nouveaux couples?

P.G. : Oui, nous aurons une équipe tricolore à Hickstead et à Dublin. J’espère y présenter de nouveaux couples. Roger-Yves Bost sautera naturellement à Dublin (l’Irlandaise Georgina Forbes, propriétaire de nombreux chevaux de Bosty, apprécie toujours de voir son cavalier à l’œuvre dans l’un des seuls concours où elle se rend chaque année, ndlr). J’ai d’autres cavaliers aguerris à présenter. Je pense notamment à Timothée Anciaume. Je vais aussi profiter de ces deux concours pour faire quelques essais mais pas trop non plus. J’en ai fait un vrai jusqu’ici, et le résultat a été désastreux (Anne-Sophie Godart et Carlitto van’t Zorgvliet avaient hélas concédé seize puis vingt-quatre points à Saint-Gall, ndlr). Ce couple n’était pas suffisamment prêt. Je vais donc essayer de construire deux bonnes équipes, de même qu’à Aix-la-Chapelle (sa sélection devrait être officialisée en fin de semaine, ndlr). C’est mon travail.

Propos recueillis par Sébastien Roullier