'JE SUIS UNE GAGNANTE DANS L'ÂME', MARIE DEMONTE



Après avoir passé la saison hivernale en Espagne avec ses chevaux et avoir ramené de nombreux classements, [Marie Demonte] est revenue en France la tête pleine d'objectifs pour cette nouvelle année. Désormais installée à Barbaste entre Toulouse et Bordeaux, la cavalière dispose de propriétaires fidèles qui la soutiennent dans son ascension vers le haut niveau. Présente au CSI 3* d'Hardelot, la jeune femme a accepté de répondre aux questions de Grandprix-replay.com.


Grandprix-replay.com : Quel est votre piquet de chevaux actuellement ?


Marie Demonte : J'ai décidé cette année d'arrêter les jeunes chevaux. Je peux donc désormais compter sur quinze chevaux d'âge ayant entre sept et onze ans. [Rhune d Euskadi] est assez jeune à ce niveau mais elle est très régulière puisqu'elle ne fait jamais plus de quatre points. Elle est épaulée par [Popof du Luc] qui est performant jusqu'à 1,50m. Il n'a pas encore commencé les concours cette année car il a eu un souci dans un transport et nous avons dû le castrer. Il reviendra en concours au mois de mai. [Ringo de Paban]*Formen débute, il est actuellement prêt pour les épreuves à 1,40m et commence à évoluer sur des 1,45m. Il s'est classé deux fois dans des épreuves comptant pour le classement mondial, une fois à Oliva où il est neuvième et une fois à Vidauban où il est deuxième. Les autres sont essentiellement des chevaux en formation qui concourent sur 1,35m.


G.P.R. : Quels sont vos objectifs ? Sophie Dubourg, directrice technique nationale, a émis l'hypothèse de réduire les aides aux cavaliers de seconde ligue cette année, est-ce un frein pour vous ?


M.D. : J'aimerais avant tout que Rhune évolue bien. Le but est de continuer les Coupes des nations de seconde ligue après nous verrons jusqu'où elle peut aller. Je ne veux pas brûler les étapes. Rien n'a encore été dit officiellement mais c'est dommage de réduire les aides car cela nous aidait vraiment pour les transports. Les compétitions sont généralement loin. L'année dernière tous les chevaux étaient pris en charge avec trente centimes remboursés par kilomètre et par cheval. Néanmoins, il ne faut pas que ce soit un frein. Je gère mon écurie afin qu'elle s'autofinance hors concours. Nous sommes là pour faire du sport. Si nous montons en pensant à ce qu'il faudra payer alors c?est fini !


G.P.R. : Selon vous, jusqu'où pourra aller Rhune ? Qu'est ce que les entraîneurs de l?équipe de France pensent de votre couple ?


M.D. : Je ne sais pas, ce n'est pas facile à dire. Je sais juste que tout ce qu'elle a réalisé jusqu'ici, elle l'a exécuté facilement. Elle est douée naturellement. Elle a quand même pris le départ du championnat de France Pro Élite à huit ans et a terminé sixième avec seulement deux barres au compteur. Sur 1,55m voire 1,60m je n'ai pas senti qu'elle forçait. L'année passée, elle n'a pas couru un Grand Prix sans être classée. Elle a gagné énormément d'épreuves à 1,45m, à Bratislava notamment où elle a remporté le petit Grand Prix devant de nombreux bons couples. Les entraîneurs sont supers. Je connais davantage Thierry Pomel. Il est très à l?écoute, je l'appelle tous les mois pour le tenir au courant des progrès de la jument et prendre conseils. Philippe Guerdat, quant à lui, est venu me voir au début du week-end. Il m'a dit qu'il ne fallait pas que je me mette de pression, les résultats sont présents et un échec ne remettrait pas tout en question. J'ai trouvé ça vraiment sympa.


G.P.R. : Est-ce que vous pensez que vous pourriez, cette année, participer à la plus petite Coupe des nations de première ligue comme Falsterbo par exemple ? Et La Baule ?


M.D. : Mon programme s'organise en fonction de mes objectifs. Notre but est de voir jusqu'où peut aller la jument tout en la préservant. Tout est cadré, le naisseur et propriétaire Marc Hiriart Durruty s'agace lorsque je lui rapporte les offres d'achat ! Il veut la garder comme poulinière et réalise déjà des transferts d'embryon tous les ans. Mon équipe est très bien rodée. Le programme est établi autour des chevaux de tête. J'irai soit à la Baule soit au CSIO d'Odense qui a lieu le même week-end. Pour le moment nous nous concentrons pour être le plus performant possible. Je suis une gagnante dans l'âme et je déteste aller au concours pour faire trois barres.


G.P.R. : Vous aviez l'habitude de travailler avec le champion néerlandais [Albert Voorn], est-ce toujours d'actualité ?


M.D. : Oui, mais cette année c'est plus compliqué car il a décidé de reprendre sérieusement le haut niveau. En revanche il sera plus souvent chez lui donc je vais essayer d'organiser un stage avec lui avant une grosse échéance.


G.P.R. : Comment percevez-vous le fait que les écuries Eurocommerce se soient vendues complètement à la découpe ?


M.D. : Le plus dur est la vente des chevaux. Il y avait deux chevaux qui étaient montés par Albert. Il a essayé de trouver des investisseurs pour l'aider à racheter Tobalio qu'il a entièrement formé. Le point d'orgue du couple était les Coupes des nations de Hickstead ou de La Baule en 2013 où il a fait des démonstrations alors que le cheval semble compliqué. C'est dommage que personne n'ait réussi à faire quelque chose plus intelligemment qu'en passant par des enchères. Malheureusement c'est la loi.


G.P.R. : Lorsque vous voyez une telle affaire, est-ce que cela renforce votre envie de fonctionner par vous-même ?


M.D. : Je n'ai jamais eu l'occasion de me trouver dans ce type de structures. Ma mère est médecin et élève des chevaux. Grâce à elle, j'ai pu garder une jument qui m'a permis d'aller participer à des Grands Prix. Je suis toujours restée un peu dans mon cocon. Ma vie a ensuite fait que je me suis installée avec Olivier, nous avons monté notre écurie et nous avons réussi à trouver des chevaux petit à petit. Je dispose désormais d'une base de bons propriétaires qui me suit. Ils veulent investir et s'intéressent vraiment au sport.


G.P.R. : Comment se passe votre vie personnelle ? Êtes-vous heureuse ? Comment gérez-vous votre vie de maman ? Êtes-vous aidée ?


M.D. : Je fais des journées de 23h/24 mêlant ma vie de femme, de cavalière et de maman ! Je suis hyperactive, c'est mon équilibre, j'adore ça ! En plus de tout, trois fois par semaine je vais courir quarante-cinq minutes. Un week-end sans concours ça va, mais pas plus ! Pour mon fils, son papa s'en occupe très bien à mi-temps. En septembre, notre petit garçon ira à l'école donc comme nous nous entendons bien avec son père, nous organiserons sa garde comme cela nous arrange. Il a une nounou à chaque endroit, mes parents, un papa, une maman et les grooms d'une écurie ou de l'autre qu'il connait depuis qu'il est né. Il est bien entouré !

Propos recueillis par Sébastien Roullier