Michel Robert, en couverture du magazine GRANDPRIX et en vedette au Longines Deauville Classic

Michel Robert l’a confié en ce début de semaine à GRANDPRIX, Emerette est fin prête pour aborder le Longines Deauville Classic, dès jeudi. En couverture du dernier numéro du magazine, l’inépuisable passionné sera en Normandie ce week-end pour tenter d’en découdre dans le label CSI 3*. À cette occasion, retrouvez ci-dessous quelques morceaux choisis du long entretien qu’il a accordé à GRANDPRIX en juin dans le n°109, disponible en kiosques. 



Depuis votre retour à la compétition, vous montez des effectifs très réduits de chevaux. Cette année, on ne vous a d’ailleurs vu qu’avec Emerette, Une Étoile Landaise et Careca LS Elite (SLS, Carusso LS et Rebeca LS, l’excellente jument d’Edward Levy, par Rebozo LS). Pourquoi ?
C’est un choix, un luxe qui me permet de faire correctement travailler chaque cheval, sans être fatigué ni énervé comme peuvent l’être certains cavaliers face à une trop grande charge de boulot. Le bon travail, c’est important et ça paye. Par exemple, Une Étoile Landaise représentait un challenge car Julien Gonin ne voulait plus la monter, ne s’entendant plus avec elle. Il me l’a confiée il y a un an afin de voir ce que je pouvais en faire. J’ai alors repris les bases afin qu’elle se forme une musculature, et j’ai travaillé sur son mental. Elle concourt jusqu’à 1,55 m pour l’instant sans obtenir beaucoup de résultats, mais cela devrait venir. Careca, lui, est un mâle de huit ans incroyablement intelligent mais encore vert (après quelques parcours en CSI 1* avec Thomas Rousseau, il a rejoint Moras l’été dernier, ndlr). Je l’ai récupéré chez Pénélope Leprevost et je l’aime beaucoup.
 
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Là où d’autres ont échoué, vous êtes toujours parvenu à vous adapter aux évolutions du sport. Comment faites-vous pour demeurer ainsi dans l’air du temps ?  Je poursuis depuis bien longtemps l’objectif d’avoir en permanence dix ou vingt ans d’avance sur les autres. Je me demande constamment comment devra monter un cavalier dans les dix prochaines années, quel régime il devra adopter, quelle activité physique complémentaire il devra pratiquer et quelle préparation mentale il devra effectuer. J’essaie d’avoir un train d’avance sur les autres, de façon à ne jamais me retrouver à la traîne. Cela me permet aussi d’être suffisamment pointu pour conseiller des cavaliers comme Pénélope (Leprevost, ndlr)
 
Avec les récentes retraites de Hugo Simon et Ian Millar, vous êtes désormais le doyen des doyens. N’auriez-vous pas en tête de battre quelques records ?
Pour être le dernier des trappeurs ?! (rires)Je pense que nous allons vivre de plus en plus vieux, certainement jusqu’à cent vingt ans pour les plus jeunes cavaliers d’aujourd’hui. Dans dix ans, voir des cavaliers de mon âge en compétition paraîtra normal. Il s’agit simplement d’un décalage d’éducation. Pour moi, monter en concours et réussir à mon âge n’a rien d’exceptionnel, parce que je suis en bonne santé et que j’ai un bon moral. Cela me semble même logique et normal. Ce qui me paraît anormal, en revanche, c’est que des gens se laissent aller et croient qu’ils sont vieux à trente ans. Ils ne prennent pas soin de leur santé physique et mentale. Considérant qu’ils vont peut-être vivre encore quatre-vingts ans dans cet état, c’est dramatique.
 
La transmission a toujours tenu une place prépondérante dans votre activité. Quelle part de votre quotidien représente-t-elle aujourd’hui ? Qui entraînez-vous et à quelle fréquence ?
Vivre, c’est bien, mais il faut se fixer un but et se demander à quoi l’on peut servir. Pour ma part, j’ai choisi de transmettre mon expérience et tout ce que je peux amener de positif au cheval et au cavalier. C’est d’ailleurs pour cela que nous avons lancé le site Horse-academy.fr (sur lequel Michel Robert dispense ses conseils à travers des vidéos thématiques, ndlr) et que j’ai écrit plein de bouquins qui se vendent toujours bien et qui sont traduits dans de nombreuses langues. Il faut d’ailleurs que je m’y remette car j’ai encore des choses à dire. Si je suis encore là aujourd’hui, c’est aussi pour transmettre mon message et permettre à de jeunes cavaliers, comme ceux que j’ai la chance de faire travailler, de ne pas se tromper de route.
Pas mal de cavaliers viennent passer quelques jours dans mes écuries de temps en temps : Harold Boisset, Pierre-Alain Mortier, Paul Delforge ou Olivier Robert, par exemple, et évidemment Pénélope (Leprevost, ndlr)que je suis depuis longtemps. Avec elle, c’est un peu à part car notre relation est différente.
 
Pénélope Leprevost vous attribue toujours une part de sa réussite. Comment l’avez-vous soutenue après la fin de sa collaboration avec le haras de Clarbec, début 2018 ?
Ma relation avec Pénélope a toujours été la même, qu’elle soit en haut de l’affiche ou non. Après la perte des chevaux du haras de Clarbec, je savais très bien qu’il lui faudrait quelques mois pour revenir à haut niveau. Compte tenu de ses qualités et de sa capacité à hisser des chevaux au sommet, je me doutais aussi que cela ne prendrait pas trop de temps. Au cours d’une carrière, on est parfois dans le creux de la vague, mais pour elle, ce n’était pas vraiment une perte… Parfois, changer la donne fait du bien. Cela l’a rendue encore plus forte et encore plus heureuse aujourd’hui. En tout cas, elle sait que je suis là, surtout quand ça ne va pas.
 
Y a-t-il aujourd’hui des chevaux qui vous tapent particulièrement dans l’œil sur le circuit ?
Bien sûr, il y a toujours des chevaux extraordinaires. Toutefois, à part peut-être Clooney (51, Westph, Cornet Obolensky x Ferragamo, médaillé d’argent individuel des JEM de Tryon et deuxième de la finale de la Coupe du monde avec le Suisse Martin Fuchs, ndlr), j’ai malheureusement l’impression qu’il n’y a plus de cracks comme Jappeloup (SF, Tyrol II, TF, x Oural, Ps), Flambeau C (SF, Un Prince x Valet Maître), Galoubet A (SF, Almé Z x Nystag)ou même plus récemment Shutterfly (Han, Silvio I x Forrest, Ps)et Itot du Château (SF, Le Tot de Semilly x Galoubet A). Peut-être que les chevaux sont de plus en plus exceptionnels et que les meilleurs sont noyés dans la masse. En tout cas, il m’est difficile d’en citer trois qui répondent toujours présent.