Steve Guerdat et Nino des Buissonnets, le scénario parfait

Steve Guerdat et Nino des Buissonnets ont remporté le Grand Prix du CHI de Genève, cet après-midi à Palexpo, devançant au terme d’un superbe barrage Scott Brash sur Hello Sanctos et Simon Delestre sur Qlassic Bois Margot. Du très grand sport et un scénario en tout point idéal!



Si les organisateurs, le public, et l’horloger sponsor titre du CHI de Genève et du nouveau Grand Chelem de saut d’obstacles s’étaient réunis pour désigner leur vainqueur idéal, nul doute qu’ils auraient choisi [Steve Guerdat], et [Nino des Buissonnets]. Parce que ce couple est champion olympique, parce qu’il restait sur un terrible refus aux championnats d’Europe d’Herning, puis sur trois deuxièmes places dans des Grands Prix Coupe du monde, parce que Steve n’a guère été verni avec [Nasa] et [Carpalo] dans les autres épreuves majeures du concours, et plus encore que tout parce que Palexpo est son deuxième manège, sa deuxième maison. Après l’émouvant dernier tour de piste, hier soir, de [Jalisca Solier], avec laquelle il avait brillamment remporté ce Grand Prix en 2006, le Jurassien a bouclé la boucle et s’est offert une ovation inimaginable pour qui ne s’est jamais assis dans les tribunes du plus beau concours indoor du monde. Sublime.

Deux heures trente plus tôt, le coup d’envoi de ce Grand Prix, dont la dotation a été triplée par rapport à 2012 (600.000 francs suisses soit quelque 490.000 euros), a été donné devant des tribunes archi combles. Plus que par une hauteur démentielle, le parcours tout en finesse de Gérard Lachat et Luc Musette, dignes et inspirés successeurs de Rolf Lüdi, a surtout sélectionné les chevaux sur la largeur, avec quelque gros oxers, dont un suivant un triple vertical oxer vertical. Le concours genevois, qui s’est battu pour conserver son format en une manche avec barrage au sein du Grand Chelem (Aix-la-Chapelle et Calgary se courent en deux manches avec barrage), a demandé dix-sept efforts, contre seize habituellement. Une petite coquetterie qui n’a heureusement pas cassé le moindre le cheval.

[Aymeric de Ponnat] est le premier Français à entrer en piste avec [Armitages Boy]. L’étalon signe une performance du même niveau que dimanche dernier. Répondant aux demandes de son cavalier, il franchit tous les obstacles jusqu’à la dernière ligne où une ruade perturbe l’abord du dernier vertical, surmonté d’une palanque, qui tombe hélas. Le cavalier haut-normand peut toutefois être fier de sa saison indoor, et de l’ensemble de ses prestations avec Armitages, [Onestar du Mesnil] et [Quadesch Courcelle]. Pour son premier Palexpo, il termine meilleur cavalier du concours et repart avec un lingot d’or! Chic.



Qlassic Bois Margot encore magnifique !

Pas de sans-faute non plus pour [Roger-Yves Bost] et Castle Forbes [Myrtille Paulois]. Le couple champion d’Europe prend un vrai bon départ, mais Bosty est obligé de reprendre un peu sa jument entre le vertical de sortie du triple et l’oxer suivant. Les postérieurs de Myrtille retombent sur le second plan, avant que ses antérieurs ne poussent la barre du vertical du portail de la Tour du Molard, qu’elle avait déjà fait tomber l’an passé au barrage. Sage, le Français en reste là.

Pas de problème en revanche pour [Simon Delestre] et [Qlassic Bois Margot], très faciles, ni pour [Kevin Staut] et [For Joy van t Zorgvliet]*HDC, aussi impressionnants qu’hier. Après quatorze sauts limpides, [Nayana], elle, se laisse hélas piéger sur le premier plan de l’oxer numéro douze. Dommage pour [Penelope Leprevost], qui a fait du bon boulot. [Patrice Delaveau] est le dixième à boucler ce premier tour sans faute sur un [Lacrimoso] 3*HDC splendide. Avec sept concurrents sur dix ayant déjà emporté au moins un Grand Prix CSI 5* cette saison, le barrage promettait du grand spectacle. On n’a pas été déçu!

Le couple ouvreur, le Belge [Pieter Devos] sur [Candy], qui n’est autre que le vainqueur du Grand Prix CSIO 5* de Calgary, et donc en course pour le fameux Grand Chelem, s’en tire avec deux fautes (neuvième), sur un oxer, puis sur le portail, qui reste chaque année un juge de paix de cette épreuve mythique. Le Brésilien [Alvaro de Miranda] en fait les frais à son tour avec AD Rahmannshof’s [Bogeno], qui signe le meilleur chrono, pour la cinquième place. [Hans-Dieter Dreher] et [Embassy II] partent tout aussi fort, mais l’étalon faute hélas sur l’oxer de sortie du double. Son bon chrono offre la sixième place à l’Allemand.

Steve Guerdat connaît les lieux et le parc d’obstacles aussi bien que sa maison et son mobilier. Il montre le satané portail à Nino, ainsi que l’entrée du double. Il a beau rajouter une foulée à l’abord de cette combinaison, le Suisse fait jouer la vitesse de son crack, qui franchit sans trembler toutes les barres, signant le premier double sans-faute, dans un vacarme de tous les diables. Très jolie performance, mais le temps, trois dixièmes moins rapide que celui de Doda, reste battable. L’attente au paddock sera interminable.



La Portugaise [Luciana Diniz] monte un [Lennox] en très grande forme, mais faute sur l’oxer seize, troisième difficulté du menu, pour la huitième place finale. [Gerco Schroder] dispose avec [London] d’un diamant brut. Dommage qu’il n’ose pas toujours jouer la gagne. Comme dimanche dernier à Villepinte, il boucle un nouveau double sans-faute, en dépit d’un franchissement de portail pas très catholique, pour la quatrième place. Simon Delestre fait preuve de davantage de panache avec le généreux Qlassic, aussi aisé qu’au premier tour. Leur troisième place est amplement méritée!

Le public frissonne sérieusement quand l’ogre [Scott Brash] entre dans la danse. Avec Hello [Sanctos], son arme fatale, l’Écossais, comme dimanche dernier, ne perturbe toutefois pas le scénario rêvé par la foule. Doubles sans-faute, rapides tout de même, ils rendent trois dixièmes à Steve et Nino, et prennent une nouvelle deuxième place, assurant encore davantage l'emprise du pilote sur le classement mondial. Marseillaise? Pourquoi pas. Kevin Staut et For Joy, huit ans, le plus jeune cheval de ce barrage, tentent vraiment leur chance, mais trois barres tombent. La dixième place est belle et méritoire. Son coéquipier Patrice Delaveau, dernier barragiste, comme à Aix-la-Chapelle, joue le jeu, mais Lacrimoso ne peut empêcher une bonne touchette sur la sortie du double pour la septième place. Pas trop de regrets, cependant, puisque son temps ne lui aurait pas permis de grimper sur le podium. Le Normand et son écurie peuvent partir sereinement en congés! Steve Guerdat aussi.

Le classement du Grand Prix

Le parcours du Grand Prix



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