LE PRINTEMPS ARABE DE 'KEBIR' DANS LE GRAND PRIX MAGAZINE



Installé depuis un an et demi chez Marcel Rozier, à Bois-le-Roi, Abdelkebir Ouaddar vit un rêve éveillé. Encouragé par la générosité et la confiance de Mohammed VI, le Marocain s’est invité parmi les grands, entrant sans frapper dans le club fermé du haut niveau. À cinquante ans passés, « Kebir », flamboyant à cheval et timide à pied, débute une seconde carrière. Une deuxième vie. Extrait du portrait dans le Grand Prix Magazine de septembre.

 
Samedi 12 mai 2012, milieu d’après-midi, La Baule. Des regards amusés et des commentaires circonspects bruissent dans les tribunes du stade François-André, assistant à l’élimination d’Abdelkebir Ouaddar et du trop respectueux Cordano Sitte Z dans le Derby. Le lendemain dans le Grand Prix, le Marocain s’en sort avec deux fautes, cette fois en selle sur Porche du Fruiter. La France du cheval découvre un cavalier, dont elle félicite chaleureusement la performance. « Quand je suis arrivé sur le circuit, tout le monde a dit : “D’où il sort, celui-là ?” Encore aujourd’hui, d’ailleurs. J’aime ça, je laisse parler les gens. »
Un mois et demi plus tard, le couple prend la troisième place du Grand Prix Global Champions Tour de Monte-Carlo, derrière Kevin Staut et Hans-Dieter Dreher.

 
Vendredi 30 novembre 2012, milieu de soirée, Villepinte. Après avoir déjà laissé quelques bons souvenirs au CSI 5*-W de Lyon, « Kebir », cette fois aux rênes de Quickly de Kreisker, acheté quelques semaines plus tôt par Sa Majesté le Roi Mohammed VI chez Bruno Souloumiac, fait chavirer les Paris Masters lors du très spectaculaire Speed Challenge, remporté par Bosty et Castle Forbes Cosma. Les aficionados du jumping découvrent cette fois un show-man, doté d’un talent indéniable et d’un sacré cran, dans ce qui s’apparente à un rodéo. Avant même de figurer au palmarès des Grands Prix, le cavalier entre dans le coeur des spectateurs. « J’ai reçu des tonnes de félicitations, c’était formidable ! J’adore ça, le spectacle. »

 
« C’était un moment inoubliable », en sourit encore Marcel Rozier, son entraîneur. Dimanche 14 juillet 2013, fin d’après-midi, Vichy. Après avoir frôlé la victoire au Touquet (deuxième), puis à Franconville (cinquième) quelques semaines plus tôt, « Kebir », accompagné d’un Quickly plus docile et désormais équipé d’un Pelham, tient sa première victoire marquante en Grand Prix, qu’il arrache à Patrice Delaveau et Carinjo 9*HDC au prix d’un barrage superbe sur la pelouse du Sichon, haut lieu historique des sports équestres français. « Personne n’y croyait. Moi, je savais que je pouvais le faire. Et je ne vais pas m’arrêter là ! » Inconnu en Europe il y a encore un an et demi, voici ce Marocain à la peau sombre et vêtu de vert et rouge, les couleurs de son si beau pays, intégrer le cercle des cavaliers de haut niveau. À cinquante- et-un ans passés !
 

 
La suite de cet article est dans le numéro de septembre de Grand Prix Magazine déjà en kiosques.