Pour Elena Hope, tous les espoirs sont permis

En janvier à Oliva, en Espagne, Elena Hope a remporté deux Grands Prix dédiés aux chevaux de six ans avec Guillaume Foutrier. Fille du regretté Kannan, cette jument élevée dans les Hauts-de-France présente un grand potentiel et n’a fait tomber que deux barres depuis ses débuts en concours il y a un an. Un article paru dans le numéro de mars du magazine GRANDPRIX.



Née le 26 juin 2014 à Bazinghen, entre Calais et Boulogne-sur-Mer dans le Pas-de-Calais, Elena Hope est une fille du KWPN Kannan, récemment disparu, et d’Ovation d’Opal (SF, Quick Star). Elle est issue d’une souche maternelle qui a donné de bons gagnants à chaque génération, le fleuron étant Joyau d’Opal (ISO 181, SF, Diamant de Semilly x Kouglof II), auteur d’une très belle carrière internationale avec l’Italien Gianni Govoni. Joyau d’Opal est un frère utérin de Divine d’Opal (SF, Ténor de la Cour), la grand-mère d’Elena.
 
Jusqu’à présent, cette pouliche baie a plutôt évolué en dehors des sentiers battus. En effet, elle n’a pas participé au Cycle classique et n’a sauté en tout et pour tout que seize parcours de saut d’obstacles à la date du 10 février 2020. Une stratégie dessinée par Mélanie Lanoy-Bourel, sa co-naisseuse et copropriétaire, qui a voulu la préserver, mais également concilier la formation et l’élevage. «Quand elle avait quatre ans, je l’ai juste engagée dans une épreuve de formation pour lui montrer un terrain à l’extérieur. Puis, nous l’avons fait saillir et effectué un transfert d’embryon, ce qui a donné Judith Hope, une magnifique pouliche par Conte Bellini. À cinq ans, j’ai confié Elena à Guillaume Foutrier, un cavalier que j’apprécie beaucoup et avec lequel je travaille depuis une quinzaine d’années. Nous étions d’ailleurs copropriétaires de Valdocco des Caps (ISO 168, Number One d’Iso x Quidam de Revel). Guillaume l’a emmenée directement à Vilamoura l’an passé, sans avoir concouru avec elle auparavant et elle a concédé quatre points sur le deuxième obstacle de leur premier parcours, un petit vertical un peu en descente, puis elle n’a plus jamais fauté jusqu’à son dernier parcours, le troisième Grand Prix des six ans à Oliva, où elle a légèrement tutoyer le dernier obstacle. Jusqu’à présent, elle n’a donc poussé que deux barres à terre. Elle est vraiment hyper respectueuse», se félicite l’éleveuse.
 
Après trois semaines de concours à Vilamoura en février et mars 2019, Elena Hope est revenue chez Mélanie Lanoy-Bourel pour se consacrer à nouveau à la reproduction. Un premier croisement avec Emerald van’t Ruytershof (BWP, Diamant de Semilly x Carthago) n’a pas fonctionné, puis la jument a été fécondée par Scuderia 1918 Tobago (Z, Tangelo van de Zuuthoeve x Mr Blue). Un deuxième poulain, issu d’un transfert d’embryon, devait naître fin février dans les Hauts-de-France.
 
Croyant beaucoup en Elena Hope tout comme en sa propre sœur Divine Hope, Guillaume Foutrier veut prendre son temps avec ces deux juments pour les préparer sereinement à concourir à haut niveau. «Cette année, nous allons procéder comme l’an passé. Je vais l’emmener au Sunshine Tour, à Vejer de la Frontera, pour qu’elle concoure un peu sur herbe (elle y a sauté deux épreuves avant l’interruption causée par l’état d’urgence sanitaire en Espagne, ndlr), puis elle repartira à la reproduction. L’an passé, j’avais prévu de l’emmener disputer deux concours à Kronenberg en novembre et décembre pour la préparer à la tournée d’Oliva, mais elle a tellement bien sauté en novembre que je l’ai laissée tranquille et l’ai emmenée directement en Espagne. Quand les chevaux montrent un tel talent, il ne faut pas trop leur en demander, pas aller trop vite et les préserver pour l’avenir. Pour Elena, c’est d’autant plus judicieux qu’elle saute de façon très généreuse. Elle est vraiment prometteuse. Elle est assez classique, respectueuse avec beaucoup d’envergure et elle a une très bonne tête. Elle est assez grande, donc il faut lui laisser le temps de se construire, de s’assouplir et de prendre de l’expérience, mais tout est assez facile avec elle, compte tenu de ses qualités naturelles. Divine Hope a besoin d’un peu plus de travail pour construire son galop. Elle est un peu plus typée Galoubet A (père de Quick Star, ndlr) et tardive, mais elle est déjà compétitive. Les deux juments sont très respectueuses, ont beaucoup de moyens et toujours envie de bien faire.»


Sur les traces de Valdocco?

Pour Mélanie Lanoy-Bourel, qui s’est lancée dans l’élevage il y a peu, tout cela constitue déjà une belle réussite. «La première jument que j’ai fait naître est Divine Hope, qui n’a que sept ans. J’avais acheté Ovation d’Opal, la mère de Divine et Elena, à mon oncle Christian Masson. C’est une jument avec beaucoup de sang et qui n’a peur de rien. Elle a un dos très tendu qu’elle a transmis à ses filles. Elle a un peu concouru avec Guillaume et avec moi, puis je l’ai consacrée à l’élevage. En 2019, nous n’avons pas réussi à la féconder. Et en 2018, nous avons eu des embryons mais les transferts n’ont pas abouti. Son dernier poulain, Hip Hope, est un fils de Sandro Boy né en 2017. Cette année, nous allons essayer en injection intracytoplasmique de spermatozoïde (ICSI) avec Comme Il Faut et Chacco-Blue, ainsi que Kannan, pour avoir des frères et sœurs de Divine et Elena.»
 
Cette année, deux poulains doivent naître à l’élevage Hope. Même si elle ne veut pas d’une exploitation démesurée, Mélanie prévoit quelques naissances supplémentaires pour les années à venir. «Pour l’instant, j’avance un peu à tâtons. J’aimerais pouvoir faire naître quatre ou cinq poulains par an et en attendre jusqu’à six ou sept ans. L’idéal serait de produire quatre à cinq embryons par an, d’en vendre deux ou trois et d’en garder deux pour moi. Nous allons sûrement croiser Elena à Tangelo van de Zuuthoeve et peut-être Emerald et Tobago Z, si le poulain que j’attends est bien. Ensuite, elle retournera en concours dans la deuxième partie de saison. De même, Divine va concourir une partie de la saison puis revenir à la reproduction. Cette année, j’attends un autre poulain de Kannan et Vitalia d’Ash (ISO 145, SF, Cicero Z x Où Vas Tu III), en copropriété avec Audrey et Anthony Vauquelin du haras de la Bouloye. Cette jument m’a permis de concourir jusqu’à 1,40 m et poursuit actuellement sa carrière avec Guillaume.»
 
Avec Elena Hope et Divine, Mélanie rêve de retrouver les beaux concours, qu’elle a connus avec Valdocco des Caps. «J’ai choisi l’affixe Hope, qui signifie espoir en anglais ! C’est également un rappel à la consonance d’Opal, l’affixe de mon oncle Christian Masson. L’élevage est une activité passionnante mais qui peut amener son lot de déboires. Évidemment, quand on fait saillir sa jument, on a la tête emplie de rêves et bercée par l’espoir que cela devienne une belle aventure. Mon petit espoir à moi est que mes juments suivent les traces de Valdocco et sautent de belles épreuves.» Hope et wait and see comme on dit outre-Manche !

On retrouve ici Elena à trois ans dans les prés de l’élevage Hope. © Collection privée?