Georges Brohier s'est éteint, une figure de l'élevage disparaît

Avec le décès de Georges Brohier, c'est un membre d'une des plus grandes familles françaises de l'élevage de chevaux de sport qui s'est éteint. Il avait fait naître de nombreux gagnants à très haut niveau portant l'affixe Pierreville. 



© Groupement des éleveurs de chevaux de Sainte-Mère-Église

Georges Brohier s’est éteint ce jeudi 12 décembre, à l’âge de quatre-vingt-quatre ans. Issu d’une dynastie d’agriculteurs et hommes de cheval, Georges Brohier avait pris la suite de son père Alfred, à la ferme familiale d’Audouville-la-Hubert, dans la Manche, située au lieu-dit Pierreville, affixe que Georges reprit pour son élevage. Pour l’anecdote, cette ferme, située à proximité d’Utah Beach, fut copieusement bombardée le 6 juin 1944 durant le Débarquement. La plupart des animaux furent tués et les bâtiments détruits, sauf la maison d’habitation où demeurait toute la famille, qui n’eut pas le temps de sortir et d’aller se mettre dans les abris, ce qui les sauva.

Georges était le frère de Jean Brohier, qui s’était installé au lieu-dit Tamerville à Saint-Côme-du-Mont, également dans la Manche, pour y développer son propre élevage, faisant notamment naître l’étalon Narcos II (SF, Fair-Play III) et son frère utérin Quat’Sous (SF, Kayack). C’est Denis qui poursuit actuellement l’œuvre de son père Jean, faisant naître des chevaux à l’affixe Tame, tels Old Chap Tame (SF, Carthago) et Panama Tame (SF, Carthago), grands gagnants internationaux.

Champion de France Juniors en 1953 avec Emissaire, Georges Brohier monta en concours complet et saut d'obstacles, participant aux débuts des Sociétés Hippiques Rurales, qui ont contribué au développement du cheval de sport dans la Manche. Alfred Brohier et ses fils Jean et Georges font partie des pionniers du Selle Français, ayant fait évoluer leurs souches de chevaux de travail et de carriole en chevaux de sport, grâce notamment à l’apport de Pur-sang.
 


Une pléiade gagnants et de mères de gagnants

Georges Brohier fit naître de nombreux internationaux, tels l’étalon national Arpège Pierreville (SF, Uriel), qui contribua à l’ascension d’un jeune cavalier nommé Julien Épaillard, Hello Pierville (Olisco), qui s’illustrera en internationaux avec Susana Épaillard, l'épouse de Julien, ou encore Gala Pierreville (SF, Papillon Rouge) au Canada, Hymen Pierreville (SF, Arpège Pierreville) avec le Belge Ludo Philippaerts et l'Australienne Julia Heargraves, Léopold Pierreville (Adelfos) qui participa aux Jeux équestres mondiaux de Normandiue 2014 avec la Sud-africaine Cara Bianca Frew, ou encore Rouge Pierreville (SF, Ultimo van ter Moude) sélectionné aux JEM de Tryon avec l’Argentin Ramiro Quintana.

Georges Brohier fit également naître plusieurs juments qui ont fait le bonheur d’autres élevages, à l’instar de Galaxie Piereville (SF, Jalisco B), mère de Yandoo Oaks Constellation (AWHA, ASB Conquistador), qui participa aux JEM de Tryon avec Jamie Kermond pour l’Australie, Jalna Pierreville (SF, Verdi), bonne gagnante avec Éric Navet et mère d’Artois d’Avillon (SF, Kashmir van Schuttershof), gagnant en CSIO avec le Brésilien Stephan de Freitas Barcha, Mélodie Pierreville (SF, Papillon Rouge), mère de Rose Rouge du Lozon (SF, Baloubet du Rouet), internationale en Suisse, ou encore Away Pierreville (SF, Almé), mère de l'étalon Luccianno (SF, Burggraaf), très bon gagnant international avec Nicolas Delmotte et grand-mère de Tzigano Massuère (SF, Cassini II), champion de France avec Romain Potin.

«C’était un homme de cheval qui savait bien déceler la qualité intrinsèque des chevaux et savait très bien les juger en liberté. À pied, il avait une très bonne vision des chevaux. Georges nous donnait un coup de main pour l’organisation du concours de Sainte-Mère-Église et, à la fin, il vendait les programmes. De temps en temps, il forçait la main aux spectateurs, mais il nous vendait beaucoup de programmes et était connu pour ça», se souvient Denis, son neveu.

En 2005, Georges Brohier avait pris sa retraite et cédé la majorité de son élevage à Jean-Luc Dufour, qui perpétue ses souches avec l’affixe d’Argouges. Atteint par la maladie d’Adlzheimer, Georges Brohier était depuis deux ans dans une maison spécialisée.

Avec Georges Brohier, c’est une partie de la grande histoire du Selle Français qui s’est éteinte. GRANDPRIX présente ses condoléances à ses filles Isabelle et Béatrice, ainsi qu’à toute sa famille et ses proches. Georges Brohier sera inhumé à Audouville-la-Hubert, mais la date (mardi ou plus probablement mercredi, selon Denis Brohier) et l’heure n’étaient pas encore connues ce matin.