“Je ne veux surtout pas laisser les jeunes chevaux de côté”, Edward Levy

Alors que la soirée s'installait sur le Grand Parquet bellifontain, après une nouvelle journée riche en compétition, Edward Levy a accepté de se confier à GRANDPRIX. Rentré d’une superbe semaine à Falsterbo, où il a participé à la Coupe des nations, le jeune compétiteur français consacre du temps à ses jeunes chevaux au GRANDPRIX CLASSIC Summer Tour.  Au cours de l’entretien, il a donné des nouvelles d'Absolute de Mio, parti aux Etats-Unis, mais aussi de Sirius Black, écarté de la compétition depuis un petit moment.



Vous avez concouru à Falsterbo il y a deux semaines, comment avez-vous vécu cette échéance ?
C’était une bonne semaine, j’avais emmené Drag du Buisson Z et Divine de la Roque. Ce sont deux chevaux vraiment en forme. Ils ont été très performants cette semaine. Divine a gagné l’épreuve du samedi après avoir terminé deux fois deuxième. Quant à Drag, je suis très content de lui dans la Coupe des nations (8 points en première manche puis sans-faute en deuxième manche, ndlr). C’est de bon augure !
 

Vous avez eu d'excellents résultats, notamment avec Divine de la Roque avec laquelle vous remportez une épreuve à 1,50m et deux deuxième places dans des épreuves à 1,45m. Pourriez-vous nous parler un peu plus de cette jument ?
Je monte Divine depuis la fin de l’année dernière, et c’est une vraie jument de concours. Elle est très respectueuse. Elle a un peu le même profil que Starlette de la Roque. Ce sont de véritables compétitrices, avec beaucoup de cœur et de courage. Elles donnent envie de bien faire. Divine concourt désormais sur des épreuves à 1,50m, et elle fait partie des chevaux extrêmement importants dans mon piquet. Les chevaux de ce genre concourent souvent le premier jour puis sont réservés pour le Grand Prix. Mais Divine est toujours volontaire. Elle est capable de faire plusieurs épreuves importantes.
 

Comment avez-vous abordé les épreuves ?
Évidemment il y avait des difficultés, les parcours étaient gros et techniques. Mais nous sommes arrivés avec des chevaux prêts et frais, puisqu’ils n’avaient pas couru depuis deux semaines : ils ont eu droit à un peu de « repos » avant d’y aller. Le voyage a été long, d’autant plus que le concours dure cinq jours. J’ai été ravi de participer à cette compétition, je suis certain que les CSIO sont les concours qui font le plus progresser les chevaux et cavaliers.  Nous sommes dans une ambiance de groupe, et on espère tous faire au mieux, parce que nous sommes cinq cavaliers à représenter la France. Cette pression d’équipe nous rend très motivés, et c'est une bonne expérience à chaque fois.
 

Drag du Buisson a fait une ascension assez fulgurante, comment s’est passé votre rencontre ?
Drag est arrivé en fin d'année dernière. Je le connaissais parce que sa cavalière est venue en stage il y a deux ans maintenant, et je m'étais tout de suite renseigné sur lui. Elle me l'a confié avec beaucoup de gentillesse et d'amitié, avant de partir pour ses études. J'ai pris mon temps avec ce cheval, mais je n'ai jamais eu aucun doute sur ses capacités à faire des gros parcours. Je l'ai donc gardé en troisième cheval derrière Sirius Black et Rebecca LS pendant un petit moment. Dès que je l'ai senti prêt, je l'ai engagé dans le Grand Prix de La Baule et il a accepté de jouer le jeu. Aujourd'hui, Drag est indéniablement l'un de mes chevaux de tête.
 
 
Comment avez-vous su qu'il était prêt ?  
Je le sentais bien physiquement. Pour les petits chevaux, on attend de sentir qu'ils s'endurcissent, mais pour les grands chevaux on a envie qu'ils soient plus légers au sol, plus sportifs. C'est exactement ce qu'il s'est passé avec lui. Depuis le début de saison, il s'est affiné, a pris en rapidité, en condition. Après le concours du Touquet, où il avait été doublement sans faute dans une épreuve à 1,50m, j'ai dit aux entraîneurs et au staff que le cheval était réellement prêt à faire des Grands Prix.


“Je suis un compétiteur, mais je ne veux pas que ce soit au détriment de mes chevaux“

La richesse de son piquet de chevaux lui permet d'offrir des vacances à Sirius Black

La richesse de son piquet de chevaux lui permet d'offrir des vacances à Sirius Black

© Loïc Baur

Vous avez encore une fois répondu présent à Falsterbo, en montrant que vous et vos chevaux étiez performants. Cela pourrait-il vous faciliter le chemin vers les championnats d'Europe ?
Honnêtement je n'ai pas de prétention pour les championnats d'Europe cette année. Si je suis appelé pour une cinquième place, je rejoindrais l’équipe avec beaucoup de plaisir et de motivation ! Je suis très attaché aux épreuves par équipes, c'est une vraie expérience. Aujourd'hui nos piliers reviennent en pleine forme, notamment le cheval de Pénélope (Vancouver Lanlore, ndlr) qui saute magnifiquement bien... Pour un championnat, il ne faut pas se demander :  « Est ce que je pourrai y aller ? », mais plutôt : « qui peut faire le mieux pour la France ? », et qui peut se qualifier pour les Jeux olympiques. Je pense que le plan du staff est juste. Ils essaient de mettre en avant les couples les plus sûrs. Si je suis appelé c'est avec grand plaisir mais je n'ai pas vraiment cela en tête.
 
 
Après la Suède, vous êtes cette semaine à Fontainebleau. Que pensez-vous de GRANDPRIX CLASSIC Summer Tour ?
Déjà, j'adore l'endroit. Ensuite j'apprécie beaucoup l'équipe d'organisation, qui fait toujours un travail formidable, il y a une belle ambiance. Le terrain est parfait, vraiment. On peut tout à fait le comparer à celui de Falsterbo, qui était idéal également. Le Terrain d'Honneur est souple, ne glisse pas, les chevaux se sentent bien dessus.  En plus la météo est superbe !
 
 
Quels chevaux avez-vous emmené ?
J'ai emmené beaucoup de chevaux ! (rires). Je profite de pouvoir emmener des jeunes. J'ai emmené deux chevaux de huit ans. Ils sont encore un peu tendres, ils concourrent sur des épreuves à 1,35m et 1,40m. Une jument de neuf ans, qui a également besoin d’être entrainée régulièrement, mais aussi deux de six et sept ans Ils ont tous assez verts. Ils n'ont pas encore l'habitude de sauter sur herbe, et c'est exactement ce que je voudrai optimiser. Je ne veux surtout pas les laisser de côté. C'est la relève ! J'ai aussi pris emmené Starlette, en prévision pour Dinard.
 

Absent des concours depuis mi-juin, comment va Sirius Black ?
Sirius va bien ! Je l'ai écarté de la compétition cet été. Il est étalon donc il fait un peu de monte.  Il a été ma locomotive pendant un long moment. Il reste bien sûr un de mes chevaux de tête, mais j'ai senti qu'il avait besoin de souffler. Au lieu de tirer dessus physiquement et d'avoir une baisse de résultats, je préfère le laisser tranquille pour juillet-août, avec l'accord de mes propriétaires et du vétérinaire évidemment. Il reviendra pour les derniers concours extérieurs et la saison indoor, où le cheval se plaît beaucoup. Il n'a aucune blessure, il va très bien. Si je n'avais pas tous ces autres chevaux, il serait en piste mais je profite d'avoir un piquet de chevaux fourni, pour l'économiser. Il reprendra fin août sur des petites épreuves, pour ensuite continuer comme avant.
 
 
Fin juin, vous avez annoncé le départ d’Absolute du Mio. Comment avez-vous appréhendé cet évènement ?
Absolute a neuf ans. Il commençait déjà les belles épreuves. Il était presque prêt pour le haut niveau. Mais je ne suis pas sous mécénat, les gens n'investissent pas dans les chevaux pour que je fasse juste du sport. Mon système allie le sport et le commerce et le but de notre métier est aussi de vendre des chevaux. Absolute est arrivé dans mes écuries à sept ans et il en est reparti à neuf ans, aux portes du 5*. Je ressens une petite frustration sportive, mais je suis très heureux pour mes propriétaires et pour le cheval, qui est tombé dans une très bonne écurie (Absolute est parti pour les Etats-Unis, ndlr). Je sais que j'aurais encore à me séparer de certains chevaux, dans le but de pouvoir un jour tous les garder !
 
 
Quels sont vos objectifs pour la saison prochaine ?
J'aimerai continuer à faire partie des belles Coupe des nations, des beaux Grands Prix. J'espère aussi progresser dans mon équitation, dans mon système avec les chevaux. Ma vraie finalité c'est un jour avoir assez de chevaux pour gérer mon piquet avec plus ou moins d'intelligence, c'est-à-dire garder des chevaux frais, qui ont toujours envie de se donner en concours, et ne jamais tirer sur leur forme physique. Je suis un compétiteur, mais je ne veux pas que ça aille au détriment de mes chevaux.