Avec le report des Jeux de Tokyo, l’année 2020 est amputée de son principal événement sportif…
C’est désormais officiel, il n’y aura pas de Jeux olympiques et paralympiques en 2020. Pour la première fois de l’histoire du sport, ils sont remis d’un an, à l’été 2021. Le Comité olympique international et le Premier ministre japonais, Shinzo Abe, l’ont confirmé cet après-midi. Avec ce report et face à l’avalanche d’annulations de concours, les amateurs de sports équestres seront plus sevrés que jamais en grands événements. Pourvu que le CHIO d’Aix-la-Chapelle, programmé de fin mai à début juin, puisse trouver une nouvelle date… Quant aux championnats d’Europe de 2021, dont ceux de concours complet programmés au Pin, ils pourraient bien être remis à leur tour.
Le président du Comité olympique international (CIO), Thomas Bach, et le Premier ministre japonais, Shinzo Abe, ont tenu un appel-conférence ce matin pour discuter de l’environnement en constante évolution en ce qui concerne Covid-19 et les Jeux olympiques de Tokyo 2020. Ils ont été rejoints par Mori Yoshiro, président du comité d'organisation de Tokyo 2020, Hashimoto Seiko, ministre olympique, Koike Yuriko, gouverneur de Tokyo, John Coates, président de la commission de coordination du CIO, Christophe de Kepper, directeur général du CIO, et Christophe Dubi, directeur exécutif des Jeux olympiques au sein du CIO.
Selon les termes employés par le communiqué de presse du CIO, “le président Bach et le Premier ministre Abe ont exprimé leur préoccupation commune au sujet de la pandémie mondiale de Covid-19, et de ses effets sur la vie des gens et de son impact significatif sur la préparation des athlètes mondiaux aux Jeux. Lors d’une réunion très amicale et constructive, les deux dirigeants ont salué le travail du comité d’organisation de Tokyo 2020 et ont noté les grands progrès réalisés au Japon pour lutter contre le Covid-19. La propagation sans précédent et imprévisible de l’épidémie a entraîné une détérioration de la situation dans le reste du monde.” Hier, le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, a déclaré que la pandémie de Covid-19 “s’accélérait”, avec plus de 375 000 cas enregistrés dans le monde et dans presque tous les pays, et des chiffres qui augmentent d’heure en heure.
“Dans les circonstances actuelles et sur la base des informations fournies par l’OMS, le président du CIO et le Premier ministre du Japon ont conclu que les Jeux de la XXXIIe Olympiade à Tokyo doivent être reprogrammés au-delà de 2020 et au plus tard à l’été 2021, pour protéger la santé des athlètes, de toutes les personnes impliquées dans les Jeux olympiques et de la communauté internationale. Les dirigeants ont convenu que les Jeux olympiques de Tokyo pourraient être une lueur d’espoir pour le monde en ces temps troublés et que la flamme olympique pourrait devenir la lumière au bout du tunnel dans lequel le monde se trouve actuellement. Par conséquent, il a été convenu que la flamme olympique resterait au Japon. Il a également été convenu que les Jeux conserveraient le nom de Jeux olympiques et paralympiques de Tokyo 2020”, conclut le communiqué.
Dans l’histoire, les Jeux n’avaient été déprogrammés qu’à trois reprises, en 1916, 40 et 44, en raison des deux guerres mondiales, mais n’avaient jamais été remis d’une ou plusieurs années. Depuis début mars, le CIO planchait avec les autorités japonaises sur plusieurs scenarii. Dans une lettre adressée aux sportifs dimanche, le président Thomas Bach s’était engagé à prendre une décision sous quatre semaines plutôt que fin mai comme annoncé précédemment. Mais le couperet est finalement tombé dès aujourd’hui, sous la pression d’un nombre grandissant de comités nationaux olympiques et de fédérations internationales, notamment dans les nombreuses disciplines n’ayant pas encore achevé leurs processus de qualification. Même dans le monde équestre, où les qualifications étaient déjà acquises – vaudront-elles encore en 2021 ? – la dresseuse Isabell Werth, cavalière la plus titrée avec dix médailles olympiques, n’avait pas hésité à dénoncer “une tactique dilatoire incompréhensible et injustifiable du CIO et des Japonais”, dans un entretien accordé ce week-end à l’agence SID. “Ils devraient prendre exemple sur le football et la Formule 1 et dire dès maintenant : il n’y aura pas de Jeux en juillet”, avait jugé la quinquagénaire allemande, qui a donc été entendue.
Quid des championnats d’Europe de 2021?
Dans un contexte actuel où les annulations des uns succèdent aux volontés de report des autres, on peut se demander ce que les amateurs de sports équestres auront à se mettre sous la dent d’ici le milieu de l’été… Depuis que la pandémie a frappé le monde occidental, on a déjà dû tirer un trait sur le Saut Hermès au Grand Palais, les finales des Coupes du monde Longines de saut d’obstacles et FEI de dressage de Las Vegas, le Jumping de La Baule, le CHIO de Rotterdam, les étapes du Longines Global Champions Tour de Miami, Mexico et Shanghai, le Longines Masters de Lausanne, l’ensemble de la tournée estivale de Spruce Meadows, le CSI 5* de Treffen, les CHI de Windsor, Hagen et Wiesbaden, le Derby d’Hickstead, le CSI 4* de Bourg-en-Bresse, le CSI 3* de Maubeuge et le Bonneau International Poney de Fontainebleau, ainsi que les CCI 5*-L de Lexington et Badminton, l’intégralité de l’Event Rider Masters ou encore le CDIO 5* de Compiègne et le CDI 3* de Saumur! À l’issue d’une réunion de crise prévue demain, la Fédération équestre internationale devrait communiquer les modalités de report proposées aux organisateurs de concours. Pour ce qui concerne le plus haut niveau, croisons les doigts pour que le CHIO d’Aix-la-Chapelle, programmé de fin mai à début juin, puisse trouver une nouvelle date estivale…
Plus loin, on peut déjà s’interroger sur les championnats d’Europe de 2021. Ceux de concours complet ont été attribués au Pin-au-Haras, du 11 au 15 août, tandis que ceux de dressage, para-dressage et saut d’obstacles, mais aussi attelage et voltige, doivent se dérouler à Budapest du 23 août au 5 septembre. Ils pourraient bien être repoussés à 2023 par la FEI, qui avait prévu d’allouer ceux de 2023 en juin. Bref, le calendrier n’a pas fini d’être bouleversé par cette crise sanitaire globale. Mais le plus grave est évidemment ailleurs…