(Re)découvrir la France à cheval

Si les ranches du Colorado, les canyons rouges de la Sierra Nevada et les panoramas de Mongolie continuent à faire rêver les amateurs de tourisme équestre, la France regorge elle aussi d’endroits sublimes, d’aventures ébouriffantes et d’expériences inédites. Envie de vacances à cheval? Que faire avec ou sans son propre équidé, en famille, entre amis, en couple ou tout simplement seul? Quels endroits valent vraiment le détour? Comment s’organiser? Voici quelques éléments de réponse pour préparer au mieux la période où l’on pourra à nouveau prendre le large! Un article paru dans le numéro de mars du magazine GRANDPRIX. 



Indémodable et sublime joyau normand, le Mont Saint-Michel s’admire aussi en selle.

Indémodable et sublime joyau normand, le Mont Saint-Michel s’admire aussi en selle.

© Simonphoto.fr / CRTE Normandie

Lorsqu’il décide de se lancer dans le projet de passer ses vacances à cheval, de nombreuses possibilités s’offrent au cavalier. Il s’agit dans un premier temps de cibler son envie. Avec qui a-t-il envie de partir? Les niveaux de pratique sont-ils similaires? L’avantage de l’équitation est que l’on peut y trouver du plaisir dès le plus petit niveau. C’est aussi une activité très fédératrice et intergénérationnelle, que l’on peut donc pratiquer en couple, avec ses amis, ses enfants… A-t-il envie de vacances axées sur le sport, la technique, la détente, les grands espaces, la découverte de nouvelles disciplines? En fonction de son projet, et pour le mener à bien de la meilleure des façons, il peut s’adresser à diverses structures spécialisées, dont les comités régionaux de tourisme équestre et les agences de voyages spécialisées.
 
Quand on pense au tourisme équestre, on évoque spontanément la randonnée. Et pour cause, celle-ci offre des possibilités multiples dont il serait dommage de se priver. Cela peut aller d’un balade d’une heure à un séjour de plusieurs semaines avec bivouacs, nuits en gîte ou à l’hôtel, pique-niques en pleine nature et gastronomie locale. On peut choisir sa destination et le déroulé de son périple selon différentes thématiques : plage, forêt, montagne, sites touristiques.
 
Ainsi, les comités régionaux de tourisme équestre proposent des idées de séjours et donnent des pistes de structures dédiées et d’hébergement par thèmes et zones géographiques. En Normandie, par exemple, on se laissera tenter par un périple de cent quarante-huit kilomètres sillonnant la baie du Mont Saint-Michel entre mer, polder, marais, bocage et sous-bois. On pourra aussi découvrir l’univers prestigieux du cheval grâce à la randonnée des Haras nationaux ou se prendre pour le roi d’Angleterre en partant sur les traces de Guillaume le Conquérant, de la baie de Veys au grandiose château de Falaise en passant par les paysages du Bessin. Et, nouveauté 2020, on s’aventurera avec ravissement sur un itinéraire inédit à travers le somptueux pays d’Auge, allant dans un premier temps de Falaise à Bernay, puis Jumièges, à l’automne. En Nouvelle-Aquitaine, on parcourra l’île d’Oléron, l’estuaire de la Gironde avec ses oiseaux et marais, la Corrèze entre lacs, gorges et rivières, ou encore le vertigineux Pays basque, l’un des endroits les plus magiques d’Europe. Citons encore Équitaine et sa randonnée de trois jours à travers le Médoc jusqu’à la foire agricole de Bordeaux Lac.
 
En Auvergne-Rhône-Alpes, on s’étourdira au cœur du parc naturel des Bauges ou en Haute-Savoie. Quant aux Pays-de-la-Loire, y sera inauguré cette année l’itinéraire nommé «De château en château» reliant les châteaux de Montsoreau et Brissac et qui viendra dans un second temps s’inscrire dans la Route européenne de d’Artagnan, longue de six mille kilomètres et traversant six pays !
Les agences spécialisées ne sont pas en reste avec des périples hauts en couleur. Chez Cheval d’Aventure, on peut opter pour une escalada camarguaise, une plongée dans la vallée du Lot, une chevauchée sur l’Atlantique ou une épopée sur les traces des rois de France. Chez Caval&Go, on hésite entre la somptueuse Corse avec ses plages et maquis, et les parcs naturels régionaux (PNR) du Vercors et des Causses du Quercy sur les chemins de Compostelle… Sans oublier l’intéressante randonnée d’une semaine dans le Sud-Ouest exclusivement réservée aux cavaliers débutants.
 
Cavaliers du Monde propose une séduisante plongée dans le Périgord pourpre, entre bastides médiévales et vignobles du Sud-Ouest, ou l’exploration du PNR des volcans d’Auvergne. Citons aussi Kajarha Venture, une structure assez unique en son genre dans l’univers du tourisme équestre. Créée par Stéphane Litas et Hervé Duxin, celle-ci propose des séjours sur mesure. Les clients décident avec qui ils veulent partir, combien de temps, où, dans quelles conditions, peuvent opter pour des animations sportives ou ludiques, des repas au restaurant et des nuits à l’hôtel, et choisir le nombre d’heures qu’ils veulent passer à cheval dans la journée… Le duo est également à la tête du ranch Arbo Valley, dans le nord de la Corse, lequel propose d’inoubliables balades dans le désert des Agriates au petit matin ou au coucher du soleil.
 
Toutes ces randonnées s’adressent à divers publics, et sont encadrées par des guides professionnels. Attention, si certaines sont, comme on l’a vu, accessibles à un public néophyte, la plupart des autres exigent un certain niveau équestre, selon les chemins parcourus et les allures adoptées. Mieux vaut s’en informer sérieusement avant de boucler son sac à dos ! Autre précision de taille : bon nombre de ces circuits sont accessibles aux attelages. Cheval d’Aventure propose même un tour de France en attelage.


Partir en autonomie

De la même manière qu’elles proposent des séjours accompagnés, les agences spécialisées offrent la possibilité de partir en autonomie. On est alors accueilli au lieu de départ où l’on rencontre les chevaux et découvre le déroulé du voyage. On est équipé pour plusieurs jours avec sacoches et mule(s) de bât contenant tout ce qu’il faut pour se restaurer, bivouaquer et nourrir les chevaux. Il y a, par exemple, la piste des lacs dans les Pyrénées, à plus de deux mille mètres d’altitude, au royaume des mouflons, isards et autres marmottes, proposée par Cheval d’Aventure.
 
Autre possibilité, partir seul ou avec un groupe que l’on a soi-même constitué, sans guide. Cela nécessite un véritable esprit d’aventure, une excellente condition physique et une vraie préparation en amont. Caval&Go a eu l’ingénieuse idée de concevoir un voyage technique et pratique à cet effet. Ainsi, le stage d’initiation technique de randonnée équestre, qui se déroule en Bretagne durant cinq jours, apprend au cavalier à randonner en toute sécurité : mise en selle progressive, appréhension des plantes toxiques, repérage des points d’eau, fabrication d’une ligne d’attache, matelotage, parcours d’orientation, topographie, lecture d’une carte et initiation à l’utilisation d’un GPS de randonnée. Le tout en profitant du bocage de Saint-Hernin, de Spézet et des crêtes des Montagnes noires. Intense, ce séjour nécessite un bon niveau équestre, mais aussi une excellente condition physique.
 
D’autres outils peuvent aider l’équitant, dont Géo Cheval, une carte interactive et exhaustive des itinéraires équestres existant à travers la France, mise en place par la Fédération française d’équitation. En tout cas, mieux vaut sérieusement se préparer, ainsi que son cheval, si l’on décide de partir avec lui. A priori, tous les chevaux sont aptes à la randonnée, eux qui marchent pas loin de vingt heures par jour à l’état naturel pour se nourrir et s’abreuver ! Toutefois, si le candidat évolue habituellement en manège et en carrière, il faut privilégier les sorties à l’extérieur en le confrontant à un maximum de situations insolites et en effectuant de longs trottings, afin qu’il exerce sa proprioception, son endurance et son mental. Le cas échéant, sur Horse Escape, on peut louer ou acheter un cheval spécialement préparé pour la randonnée.
 
En randonnée, on passe six à huit heures par jour à cheval. Sans condition physique, le cavalier sera vite perclus de courbatures ! Autres conseils, choisir une selle spécialement conçue pour la randonnée, confortable et munie de sacoches, préférer un tapis bien épais pour protéger au maximum le dos et le garrot du cheval, et veiller à disposer en permanence du strict nécessaire, qui va de la crème solaire à la lampe de poche en passant par les lunettes de soleil, la bouteille d’eau et de petites sources d’énergie à grignoter. En outre, il est impératif de savoir lire une carte, utiliser un GPS, bivouaquer… Il existe quelques lectures en ce sens, regorgeant de conseils pratiques qui aideront le cavalier à vivre une randonnée aussi magique qu’elle mérite de l’être, à l’instar du «Manuel de randonnée équestre», écrit par Jean-François Ballereau, amoureux des chevaux et des grands espaces et randonneur invétéré aux quatre coins de la planète, mais aussi de «Technique du voyage à cheval», d’Émile Brager, expert en la matière qui se trouve d’ailleurs en ce moment accompagné de trois mules au cœur d’un périple de deux ans aux États-Unis et au Canada, qui prendra normalement fin à l’été 2021.

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La Corse offre au randonneur équestre une variété inégalable de paysages et de plaisirs. © Stéphane Litas


La randonnée, mais pas que !

Tourisme équestre ne rime pas uniquement avec randonnée, même si celle-ci demeure le meilleur moyen de découvrir de façon originale et sportive les merveilles de l’Hexagone. Ainsi, partout, on peut s’inscrire à un stage de perfectionnement dans sa discipline, avec son propre compagnon ou un cheval d’école, ou s’initier à une nouvelle discipline : reining, Haute école… Citons, par exemple, le stage de perfectionnement dans les Landes spécialement dédié aux jeunes et adolescents ou l’initiation au TREC, proposés par Caval&Go, ou le stage en Corrèze intitulé «Secrets de chuchoteurs» et imaginé par Cheval d’Aventure. Kajarha Venture dispose aussi d’un pôle dédié, avec notamment des stages d’éthologie animés par Thierry Lhermitte. Si l’on aime le sport, mais plutôt en tant que spectateur, mi-août, on ne manquera pas non plus la Normandie Equestrian Week. En effet, si le cœur de cette région bat au rythme du cheval tout au long de l’année, son intensité s’accroît encore à cette période, avec quatre rendez-vous uniques : le Meeting Barrière de Deauville à l’hippodrome de Deauville La Touques, la Barrière Deauville Polo Cup, également à l’hippodrome, le Longines Deauville Classic (CSI 3*) au Pôle international du cheval Longines Deauville, et les ventes de yearlings Arqana. Il ne reste plus qu’à faire son choix…