Quel impact la décision de l’Agence mondiale antidopage aura-t-elle sur l’équitation russe?

Hier, l’Agence mondiale antidopage a banni la Russie de toutes les compétitions mondiales pour une durée de quatre ans. Dans l’attente de l’acceptation de cette décision ou plus probablement d’un appel interjeté devant le Tribunal arbitral du sport, GRANDPRIX a interrogé la Fédération équestre internationale quant aux possibles répercussions de cette exclusion sur les élus, cavaliers et équipes russes.



Hier, le comité exécutif de l’Agence mondiale antidopage (AMA) a décidé de bannir la Russie du mouvement sportif international pour une période de quatre ans couvrant les Jeux olympiques et paralympiques d’été de Tokyo 2020 et d’hiver de Pékin 2022. Sans grande surprise, comme le rappellent notamment nos confrères de FrancsJeux.com, celui-ci a suivi les recommandations de son comité de révision de la conformité, lequel avait rendu un rapport au vitriol au terme du processus avorté de réintégration de l’agence antidopage russe RUSADA, le 25 novembre. Après avoir inspecté les laboratoires de celle-ci, des représentants de l’AMA avaient décelé de graves et grossières incohérences dans ses dossiers et archives, démontrant une intention manifeste de la part de certains dirigeants russes de travestir la réalité au sujet d’une grande quantité de contrôles positifs. Pour rappel, cette affaire dure depuis 2015. Et, après la suspension de RUSADA par l’AMA, une partie de la délégation russe avait déjà été exclue des JO de Rio 2016, puis totalement des Jeux d’hiver de Pyeongchang 2018.
 
Pour ce qui concerne l’équitation, en 2016, cela n’avait impacté que les cavaliers russes de para-dressage, le Comité international paralympique ayant voté à l’unanimité l’interdiction pour toute de la délégation russe de participer aux Jeux paralympiques de Rio. Pour sa part, le Comité international olympique (CIO) avait laissé chaque fédération internationale décider individuellement de la participation aux JO de ses athlètes concernés. Dans la mesure où les cavaliers russes, de même que leurs chevaux, n’étaient a priori pas concernés par le système de dopage généralisé mis en place en athlétisme et natation, entre autres, la Fédération équestre internationale ne les avait pas privés de ce grand rendez-vous. On avait d’ailleurs vu à l’œuvre trois couples en complet, qui n’avaient pas été en mesure de venir à bout du cross de Pierre Michelet, et deux paires de dressage, dont Inessa Merkulova et Mister X qui s’étaient qualifiés pour le Grand Prix Spécial.
 
L’an prochain, le drapeau russe ne devrait flotter nulle part à Tokyo, et en tout cas pas autour de la carrière des stades olympiques. Même si les autorités de Moscou disposent de trois semaines pour faire appel de la sanction de l’AMA auprès du Tribunal arbitral du sport (TAS), RUSADA ne se fait pas d’illusion sur l’issue de la procédure. Iouri Ganous, responsable de l’agence, a d’ailleurs déclaré à l’Agence France Presse n’avoir “aucune chance de gagner devant un tribunal”.
 


“Un signal très fort au monde du sport”, dit la FEI


En ce qui concerne l’équitation, la Russie a déjà qualifié son équipe de dressage, tandis que deux de ses couples dominent le classement du groupe C de qualification: Aleksandr Markov avec Leader et Valery Martyshev avec Primero. Des cavaliers devraient toutefois pouvoir prendre part aux Jeux, mais peut-être uniquement à titre individuel et sous le drapeau olympique. Il en serait d’ailleurs de même, sous le drapeau de la FEI cette fois, pour les championnats du monde des disciplines équestres non-olympiques (endurance, attelage, voltige, reining) de 2020, puis pour tous les championnats du monde programmés en 2022, voire tous les championnats d’Europe. “S’il est clair que ceux qui choisissent de tricher doivent être punis, la décision de l’AMA stipule formellement que les athlètes russes peuvent participer aux JO s’ils sont en mesure de démontrer qu’ils ne sont concernés d’aucune façon par les non-conformités. Pour préserver les droits des athlètes propres et les soutenir, nous les testerons comme nous l’avions fait avant Rio 2016 afin de fournir les preuves nécessaires qu’ils sont propres”, explique une porte-parole de la FEI.
 
Autre question, plus politique celle-ci, la présence de Russes dans les instances de la FEI. Ils sont au nombre de trois : Marina Sechina, présidente de la Fédération russe, qui préside également le groupe régional III de 2019 à 2023, Olga Kogan, secrétaire générale adjointe du groupe III de 2019 à 2023, et Irina Maknami, Juge 5* et membre du comité technique de dressage depuis 2018 et jusqu’en 2022. Devront-ils démissionner? Qu’adviendra-t-il également des officiels russes: juges, commissaires au paddock, chefs de piste, vétérinaires, etc.? “La décision du comité exécutif de l’AMA n’entrera en vigueur qu’à la date à laquelle RUSADA l’acceptera ou, si elle est portée en appel devant le Tribunal arbitral du sport (TAS), lorsque le TAS aura statué”, rappelle la FEI. “Les lignes directrices pour la mise en œuvre n’ont pas encore été établies, mais il est déjà clair que les recommandations du comité indépendant d’examen de la conformité (CRC) ne se réfèrent qu’aux officiels et représentants du gouvernement russe, pas à ceux des fédérations internationales (lire ici, ndlr).”
 
Quoi qu’il en soit, la FEI dit approuver sans réserve l’action de l’AMA. “À ce stade, en tant que signataire du Code de l’AMA, la FEI soutient pleinement la décision du comité exécutif de déclarer l’agence RUSADA non conforme audit code pour une période de quatre ans, ainsi que les conséquences et conditions de réintégration qui en découlent. Le fait que le comité exécutif ait approuvé à l’unanimité les recommandations du comité indépendant de révision de la conformité envoie un signal très fort au monde du sport”, conclut la porte-parole de la maison-mère des équestres depuis Lausanne.